Avis :
Comment définir la musique de John Butler Trio ? Sujet assez délicat tant le groupe et hétéroclite dans sa démarche artistique et propose vraiment quelque chose de varié et d’intéressant. Fondé en 1998 autour du génial guitariste John Butler, le groupe se fait connaître dès son deuxième album, Three, dans son Australie natale. C’est avec son troisième album, Sunrise Over Sea, que le groupe va avoir une renommée mondiale, arrivant rapidement au disque d’or en Australie (en une semaine). Zebra fait partie de cet album et il faut dire que ce morceau est une vraie tuerie. Après April Uprising, le groupe propose un sixième album qui semble tenir toutes ses promesses. Flesh + Blood est sorti en janvier 2014, et malgré un titre synonyme de film d’horreur, l’album est très complet et bien loin de l’univers violent et sanglant de l’hémoglobine. La chose est très surprenante quand on sait que le groupe s’autoproduit avec la boîte qu’ils ont eux-mêmes monté, Jarrah Records. Mais qu’est-ce qui se cachent derrière ce titre énigmatique et cette jaquette qui sent bon la nature, les souvenirs et la sincérité ? John Butler Trio est-il toujours en forme et propose-t-il toujours un son authentique ? Retour sur leur dernier album.
Le skeud démarre tout calmement avec Spring to Come. Le titre est assez ilien et fait penser aux longues plages du littoral australien. Néanmoins, malgré la légèreté du titre, on peut sentir toute la puissance de John Butler à la guitare, dans un rythme chaud, rapide et surtout sans aucune fausse note. Les chœurs durant le refrain ajoute une dose de douceur pour sortir un titre très agréable qui entame parfaitement l’album. Mais la réelle surprise viendra du deuxième titre, Livin’ in the City, qui est une pure tuerie rock n’roll. Toute guitare dehors, le titre s’offre le luxe de mélanger des sonorités rock avec un chant presque reggae. C’est puissant, maîtrisé et surtout hyper entrainant. La présence des claviers renforcent ce sentiment de rock, tout comme le solo qui fait un bien fou et la batterie qui est aux petits oignons. Pas de doutes, on est face à l’un des meilleurs titres de l’album. Cold Wind est un autre très bon morceau avec une guitare qui pleure toute sa beauté, pour parfaire un titre purement mélancolique de quasiment cinq minutes. On ne voit pas le temps passer, le rythme lancinant offre toute sa puissance lors des refrains et surtout lors du solo ahurissant qui se marie de façon magistrale avec la batterie et la basse. Si le titre est plus complexe que les précédents, il est surement l’un des plus recherchés du skeud. Bullet Girl fait office de ballade dans l’album et il reste assez touchant et sympathique, même s’il s’agit là d’un des titres les moins marquants de part un rythme très lent et une technique un peu trop pop. Mais c’est vraiment rechigner, parce que le titre s’intègre vraiment bien dans l’intégralité de l’album, surtout que les paroles sont très belles. Par contre, le titre d’après, le plus court de l’album est résolument le meilleur. Devil Woman est un titre rock qui rentre dans la catégorie de ces titres taillés pour la scène, nerveux, bourré d’énergie et qui fait un bien fou. D’ailleurs, le titre rappelle les musiques rock afro-américaines complètement électrisantes ! Un hit en puissance.
Blame It On Me est encore une fois un fameux mélange des genres et il s’agit là aussi d’un excellent titre. Oscillant entre le reggae et le rock, le titre est entrainant, planant et révèle toute sa puissance dans la guitare magique de John Butler. Le titre dure plus de six minutes, mais on ne voit pas le temps passer tant la pièce est réussie. Only One est le tube de l’album. Il en fallait un pour garantir le succès et ce titre est le plus accessible pour tout le monde. Calme, sympathique, avec une pointe de pop et un refrain aux accents exotiques, la pièce a de quoi charmer le grand public. Young and Wild est un titre aérien, très éthéré et qui détient sa puissance dans le calme qu’il instaure chez l’auditeur. On sent la maîtrise derrière ce titre malgré son côté un peu chiant. Wings are Wide est aussi un morceau très posé, mais il se révèle sur la fin avec une guitare saturée qui donne un effet encore plus psychédélique. On se retrouve face à un morceau folk très intéressant. How You Sleep At Night renoue avec le genre rock en arborant un rythme rapide, une batterie omniprésente, tout en gardant un passage très calme qui permet de décupler la partie rapide. Encore, le titre est complet et très intéressant. Enfin, le skeud se termine sur You’re Free, un titre hallucinant et halluciné qui démontre que John Butler Trio c’est aussi de la beauté, de la finesse, de l’élégance. On est presque dans un titre d’ambiance qui fait frémir par sa puissance suggérée. Un grand moment qui se termine par un solo de guitare tout simplement magique qui s’intègre encore une fois parfaitement au titre avec de nombreuses distorsions.
Au final, Flesh + Blood, le sixième album du John Butler Trio est une franche réussite. Entre des titres rock, reggae, folk ou encore d’ambiance, le groupe montre tout ce qu’il sait faire et avec une grande maîtrise artistique. Et puis ça fait du bien d’entendre un groupe sincère qui ne s’embête pas à aller vers d‘autres genres pour se diversifier et qui continue à faire ce qu’il aime. Surement le meilleur album rock de ce début d’année !
- Spring to Come
- Livin’ in the City
- Cold Wind
- Bullet Girl
- Devil Woman
- Blame It On Me
- Only One
- Young and Wild
- Wings are Wide
- How You Sleep at Night
- You’re Free
Note : 17/20
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par AqME