Avis :
Fondé au milieu des années 90 à Toulouse, Psykup va rapidement se faire remarquer par son style polymorphe. En effet, bien loin d’un métal classique qui rentrerait dans une case, le groupe s’amuse en faisant de l’Autruche Core, un mélange euphorisant de Metalcore, de pop, d’arrangements parfois jazzy, voire bluesy, sans jamais se défaire d’une certaine violence. Bref, grâce à cette forte marque de fabrique, le groupe se fait un petit nom sur la scène métal française. Mais après le départ d’un membre et les projets du chanteur avec d’autres groupes, Psykup va prendre une longue pause d’environ neuf ans. Avant de revenir avec un album très nerveux et surpuissant, Ctrl+Alt+Fuck. Un retour remarqué avec un album très violent t qui pouvait en laisser plus d’un sur le carreau. Qu’en est-il aujourd’hui avec Hello Karma !, nouvelle galette venue de Toulouse ?
Le skeud débute avec Nothing to Sell. Un titre qui débute très fort, avec des riffs qui grincent bien et une forme de puissance bien maîtrisée. Du moins, mieux maîtrisée que dans l’album précédent. Julien, le chanteur, se fait plaisir en alternant un chant clair et un chant crié qui nous met rapidement au tapis. On aura aussi une belle alternance dans les rythmiques, allant chercher parfois des références dans d’autres styles, comme le groupe en a l’habitude. Cependant, c’est moins déconcertant que sur l’album précédent, et on sent une meilleure maîtrise de l’objet. Cela se confirmera d’ailleurs avec Masturbation Failed (meilleur titre ever !). Bien bourrin, allant même chercher des élans dans le Black, le titre propose néanmoins un délire loufoque, à la fois violent et délirant, qui montre que le groupe ne se prend pas vraiment au sérieux, mais ne fait pas n’importe quoi pour autant.
Get Laid, quant à lui, ira chercher des références dans un Hard Rock saturé, avec une mélodie plus syncopée, mais qui marche relativement bien. Le titre est peut-être moins marquant que les deux premiers car sa structure est plus simple, et de ce fait, on sera moins surpris par la direction prise. Avec Chaos Why Not, le groupe affiche son ouverture d’esprit et sa volonté de s’ouvrir à d’autres styles. Sans jamais tomber dans du Folk, on aura pourtant droit à un joli final à l’accordéon, offrant une mélancolie inattendue pour clôturer un titre bourrin à souhait. Accordéon que l’on retrouve bien plus joyeux dans Sun is the Limit. Une introduction qui fait suite au final du titre précédent et qui va permettre au groupe de taper très fort par la suite.
Morceau festif par excellence qui nous rendrait presque joyeux de se faire dégommer dans la fosse, le groupe démontre tout son talent pour cette violence maîtrisée et cette alternance entre moment doux et passages volcaniques. On notera aussi un violon parfaitement utilisé. Nice to the Bone revient à des choses plus simples, plus « métal » et tabasse bien comme il faut, ne laissant que peu de répit durant toute sa durée. Alors que Letter to Greta, malgré un début tonitruant qui tabasse très fort, le chant avec les back-ups va fournir une certaine forme de souplesse à l’ensemble, permettant de vraiment profiter de ce moment rapide et rythmé. Bien évidemment, les chœurs rajoutent une touche un peu épique à l’ensemble, protéiforme en diable. Et le diable, c’est de lui dont il est question sur le titre suivant.
Lucifer is Sleeping est un morceau qui démarre de façon presque dépressive avant d’ouvrir les vannes et de lâcher un gros monstre qui sort les griffes. Le titre est addictif, les riffs sont surpuissants et le clip est une parfaite réussite. Bref, c’est peut-être l’un des meilleurs morceaux de l’album, tout simplement. Catch me if you Can sera un titre un peu plus transparent, plus classique, qui reprend les gimmicks du groupe dans sa structure. Ça reste du bel ouvrage, mais il fait presque office de bouche-trou au sein de l’album. Tout cela est rattrapé par Family Burlesque, un excellent morceau où il n’y a pas de chant crié, uniquement du chant clair, avec en prime un refrain pop qui carbure à plein régime.
Enfin, les deux derniers morceaux sont très intéressants dans leur dynamique. And Now we Stand est très nerveux, très Heavy, alors que For the Ones est tout calme et clôture tout ça de manière posée. Chose presque inhabituelle pour le groupe.
Au final, Hello Karma !, le dernier album en date de Psykup, est une belle réussite. Il s’agit d’un album mieux maîtrisé que le précédent, gardant toujours cette violence inhérente au genre, mais ponctuée par des moments grisants inattendus. Les toulousains ne fonce pas tête baissée dans un registre connu et explore encore et toujours des terrains d’expérimentation qui font mouche. Jamais complexe mais toujours recherché, l’Autruche Core a encore de beaux jours devant lui. Du moins, on l’espère très fortement.
- Nothing to Sell
- Masturbation Failed
- Get Laid
- Chaos Why Not
- Sun is the Limit
- Nice to the Bone
- Letter to Greta
- Lucifer is Sleeping
- Catch me if you Can
- Family Burlesque
- And Now we Stand
- For the Ones
Note : 17/20
Par AqME