avril 25, 2024

Les Yeux des Ténèbres – Dean Koontz

Auteur : Dean Koontz

Editeur : L’Archipel

Genre : Thriller

Résumé :

Danny, 10 ans, est mort dans un effroyable accident. Et Tina, sa mère, n’a jamais pu identifier son corps.

Un an plus tard, des signes prouvent pourtant à Tina que son fils est toujours en vie. Dès lors, elle n’a qu’une obsession : le retrouver et découvrir la vérité.

Mais elle dérange et les services secrets tentent de l’assassiner. Qu’ont-ils à cacher ? Et si Danny était celui par qui la fin de l’humanité pouvait arriver ?

Avis :

Quel que soit le genre exploité, la littérature a pour but de divertir et de questionner sur une période ou un sujet ; contemporain ou non. Bien qu’il ne s’agisse pas de l’unique incursion possible, la science-fiction est particulièrement indiquée pour extrapoler un contexte dans un avenir plus ou moins proche. Il arrive également que la fiction rejoigne la réalité de bien curieuses manières. On parle parfois de prédictions qui prennent d’abord vie sur le papier avant de se concrétiser réellement. La plus célèbre occurrence demeure Le Naufrage du Titan, roman de Morgan Robertson, qui présente de troublantes et nombreuses similarités avec le Titanic, et ce, 14 ans avant son ultime voyage.

S’il existe d’autres exemples, on peut s’étonner de voir « dépoussiérer » d’anciennes histoires qui, à l’époque, ne sont guère passées à la postérité. C’est le cas du présent ouvrage où Dean Koontz poursuivait une carrière prolifique sous divers noms de plume. En d’autres circonstances, Les Yeux des ténèbres aurait pu rester un récit insignifiant dans son œuvre. C’était sans compter sur une anecdote qui a interpellé les lecteurs, puis les éditeurs. L’histoire évoquerait un virus qui ravagerait la planète en 2020. Baptisé Wuhan-400 pour sa seconde publication, il n’en fallait pas plus pour faire un parallèle évident avec le contexte actuel.

Contrairement à ses précédentes sorties, l’enrobage marketing et la présentation du livre s’axent entièrement sur cet aspect. Dès lors, on peut s’attendre à un technothriller dans la même veine que La Menace Andromède, par exemple. De la quatrième de couverture à la réputation du roman, tout converge vers une course contre la montre pour endiguer la menace. Seulement… L’engouement qui gravite autour de ce récit est trompeur à plus d’un titre. On peut aussi s’interroger sur l’objectivité des « journalistes » qui se sont penchés sur la question. À croire qu’ils ne l’ont même pas lu devant l’encensement, mais surtout les propos mensongers qu’ils véhiculent.

À aucun moment dans l’histoire, l’auteur n’évoque l’année 2020 pour la potentielle pandémie. Par ailleurs, il n’y a aucune indication temporelle. À moins de jouer la carte d’un rétrofuturisme de mauvais goût, il est difficile de penser que les agences de renseignement utilisent des disquettes pour stocker des données ou effectuer leurs recherches à notre époque. Quant au virus, on le découvre très tardivement dans les ultimes pages. Le piètre rapprochement avec la situation mondiale actuelle tient en deux ou trois paragraphes. Certains propos peuvent être troublants, mais cela relève davantage de la coïncidence. Il suffit de les transposer à d’autres périodes pour obtenir un résultat similaire.

On a donc droit à un roman dépourvu de sa substance qui ne respecte aucune de ses promesses. Qu’avons-nous entre les mains ? Une mère de famille qui tente d’élucider le mystère qui entoure la mort de son fils. D’emblée, on le présume en vie alors que la majeure partie du récit essaye d’entretenir le doute entre fantasme et réalité. Sur ce point, l’intrigue aurait pu s’insinuer dans de subtils jeux d’espionnage aux allusions complotistes. Or, l’intérêt même de l’histoire est éventé en quatrième de couverture, sans compter des éléments évidents qui ne laissent place à aucune spéculation possible. L’auteur veut jouer la carte de suspense, mais se contente de ressasser des poncifs éculés.

Pour ce qui a trait à la caractérisation, les personnages sont inconsistants au possible. Les lignes de dialogue semblent écrites avec la candeur d’un enfant de 5 ans, tandis que les évènements multiplient les errances, voire les invraisemblances. À cet imbroglio narratif s’ajoutent des allusions fantastiques hors de propos. Certes, on connaît Dean Koontz pour son attrait et son talent à dépeindre des récits qui franchissent les frontières du paranormal. Ici, il s’agit de subterfuges pour tenter de trouver des pistes d’exploitation faciles. Preuve en est avec ces épisodes de télépathie, d’écritures automatiques, d’hypnose et d’autres pouvoirs psychiques qui viennent prétexter une progression à la fois pénible et poussive.

Au final, Les Yeux des ténèbres est un livre indigent et mensonger dans son contenu, comme dans ses pseudo-qualités narratives. L’emballage commercial sans fondement dissimule une intrigue maladroite et prévisible. La question de la survie de l’enfant taraude sa mère entre deux passages au casino et, bien entendu, de repas à foison qui prennent le pas sur toute autre considération. La marque des romans en manque d’inspiration. Les détails inutiles s’enchaînent. La déconvenue n’en est que plus conséquente. Il en ressort une incursion d’une rare médiocrité où Dean Koontz s’essaye à un récit d’espionnage suranné aux vagues relents fantastiques. Un auteur qui souffle le chaud et le glacial en matière d’écriture.

N.B. La note sanctionne autant l’aspect mensonger de l’ouvrage que l’intrigue elle-même, mal construite, redondante et sans intérêt.

Note : 05/20

Par Dante

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