avril 20, 2024

Le Jour du Diable – Andrew Michael Hurley

Auteur : Andrew Michael Hurley

Editeur : J’ai Lu

Genre : Thriller

Résumé :

Il y a plus d’un siècle, dans les Endlands, le Diable s’est réveillé. Il a causé des ravages dans la vallée, décimant hommes et troupeaux. Alors, de génération en génération, les fermiers de ce coin perdu du nord de l’Angleterre lui tendent tous les ans un piège, le jour de la transhumance, en l’attirant avec des vins et des chansons. Ce rituel est devenu une fête adorée des enfants, célébrée par superstition.
Mais cette année, alors que le Jour du Diable approche, les incidents s’enchaînent et les vieilles rancœurs et légendes du passé s’exacerbent.
Et si le Diable était de retour dans la vallée ?

Avis :

En littérature, le thriller peut être de plusieurs natures. On peut y trouver des enquêtes alambiquées, des meurtres sanglants, quelques séquences gores, des ambiances anxiogènes et qui mettent mal à l’aise. Bref, le thriller peut être une sorte de fourre-tout à partir du moment où il y a des morts et des policiers qui mènent une enquête. Mais là aussi, ce n’est pas toujours vrai, la preuve avec Le Jour du Diable d’Andrew Michael Hurley. Estampillé thriller à la vente, le roman ne raconte pas l’histoire de meurtres en série ou de policiers qui piétinent pour retrouver un coupable. Ici, on va s’enfoncer dans les terres nordiques anglaises pour déterrer un vieux secret de famille et en profiter pour poser un cadre bien lourd autour d’un village qui semble isolé du monde extérieur. On pourrait dès lors croire à un roman bien noir et lugubre, mais malheureusement, il n’en sera rien.

Si Andrew Michael Hurley a été adoubé dès son premier roman par Stephen King. S’il a été comparé à Daphné du Mourier ou Shirley Jackson pour son côté gothique, il semblerait qu’il ne transforme pas l’essai avec Le Jour du Diable. Il faut dire que l’histoire reste complexe. Le narrateur se nomme John et il retourne voir son père dans les Endlands pour la transhumance. Il en profite pour présenter sa femme Kat, enceinte, à toute la famille, qui se déplace pour les funérailles du grand-père. Cependant, au fur et à mesure du temps qui passe, les relations s’exacerbent, des évènements pénibles surviennent et la légende du diable refait surface. Pour autant, John est motivé pour rester sur ces terres afin de perpétuer la tradition familiale, qui semble couver quelque chose de pesant et de terrible. Sur le pitch, on s’attend à avoir un roman qui va monter crescendo dans l’ambiance et dans le glauque, mais ce ne sera pas du tout le cas.

En effet, l’écrivain va s’obstiner à décrire tout du long les paysages des Endlands et les traditions familiales plutôt étranges. Si le diable vit dans la vallée, il semble plutôt être au fil des pages qui mettent un temps fou à s’égrainer. On s’ennuie ferme durant la lecture qui peine à devenir passionnante, la faute à un rythme lénifiant et à des actions qui se font attendre. Où est la peur ? Où est la tension ? On l’attend au fil des pages et elle ne vient jamais, ce qui déçoit fortement. Il faut dire qu’entre les relations conflictuelles, les personnages pénibles ou encore un folklore peu intéressant, on navigue constamment en eaux troubles et l’écrivain ne prend pas le temps de mieux nous expliquer ce qu’il a en tête. Certes, on pourra toujours dire que cela nous donne du grain à moudre, mais la tension étant absente (et les personnages insupportables) que l’on se fiche bien de la suite.

Outre l’aspect longuet de l’œuvre, on peut aussi parler des protagonistes qui ne sont pas du tout intéressants. Premièrement, il y en a trop. Les prénoms s’enchainent (Grace, Liz, Angela, Bill, Tom, Kat et j’en passe) sans qu’une description précise soit faite. On doit tout assimiler très vite et comme tout ce petit monde vit en vase clos, ils vont revenir sans cesse et il faudra à chaque fois les remettre dans le contexte pour mieux comprendre ce qu’il en est. Et cela, c’est sans rajouter des personnages secondaires qui viennent se greffer à l’histoire, comme les Sturzaker, les Dyer et les autres familles du village. Il y a un manque de ce côté-là pour rendre l’ensemble plus clair et plus agréable à lire. Et si en plus il faut rajouter des comportements souvent limites qui n’apportent même rien sur le fin, on reste sur notre faim. Sur un instant, on pourrait croire à un cauchemar à la Midsommar, mais cela n’arrivera jamais…

Enfin, dernier point négatif sur le roman, sa narration. Andrew Michael Hurley fait le choix d’utiliser la première personne, s’identifiant au personnage principal. Pourquoi pas. Mais le problème, c’est qu’il mélange les chronologies des paragraphes au sein d’un même chapitre. Par exemple, il va commencer par raconter le présent, puis d’un coup, sur un petit truc, il va partir sur le passé, avec l’histoire du Vieux. Si cela peut être vu comme un gage de qualité, voulant travailler son background, c’est aussi un défaut majeur du livre. La démarcation n’étant pas faite, on pense souvent du coq à l’âne en une ligne et c’est à nous, lecteurs, de faire l’effort de compréhension pour savoir dans quelle époque on se situe. C’est un peu bordélique et surtout, ça casse le rythme de lecture.

Au final, Le Jour du Diable est un roman relativement décevant. Ce n’est pas mauvais en soi, car l’écrivain a une patte et un style, mais il se fourvoie dans une langueur qui ne permet pas d’installer une ambiance vraiment anxiogène. Au pire, c’est désespéré, un poil nihiliste sur les bords quand ça veut aborder la destinée et l’héritage, mais cela reste finalement superflu et à peine abordé. C’est dommage, avec un titre pareil et les croyances locales, il y avait peut-être matière à faire quelque chose de plus ésotérique et de plus effrayant.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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