Auteur : Stephen King
Editeur : Albin Michel
Genre : Thriller
Résumé :
Dans la chambre 217 du Service des Traumatismes Crâniens de la région des Grands Lacs, quelque chose vient de se réveiller. Quelque chose de Maléfique.
Brady Hartsfield, auteur du massacre à la Mercedes où huit personnes ont été tuées et bien plus gravement blessées, a passé cinq années dans un état végétatif à la Clinique des Lésions Cérébrales Traumatiques. Selon ses docteurs, il est très peu probable qu’il récupère complètement. Mais, derrière la bave et le regard vide, Brady est réveillé, et en possession de nouveaux pouvoirs mortels lui permettant de faire d’immenses dégâts sans avoir à quitter sa chambre.
Policier à la retraite, le détective Bill Hodges, héros improbable de Mr. Mercedes et Finders Keepers, gère maintenant une agence de détective privé avec sa partenaire Holly Gibney, auteure du coup à la tête d’Hartsfield qui le mena directement au quartier des lésions cérébrales. Brady s’en souvient également. Quand Bill et Holly sont appelés pour enquêter sur un meurtre-suicide lié au « Massacre à la Mercedes », ils se retrouvent plongés dans leur enquête la plus dangereuse. Une qui ne mettra pas seulement leurs vies en danger, mais aussi celles des amis de Hodges: Jerome Robinson et sa sœur adolescente, Barbara. Parce que Brady Hartsfield est de retour. Et il ne prépare pas de se venger uniquement de Bill Hodges et ses amis, mais aussi de la ville entière.
Avis :
Stephen King a beau être le maître de l’horreur, son talent d’écrivain ne s’arrête pas qu’à ce genre et il l’a déjà prouvé plusieurs fois par le passé. On peut citer la science-fiction avec Les Tommyknockers, le roman feuilleton avec La Ligne Verte ou encore le policier avec Blaze. Si la frayeur commence à nous manquer, Stephen King a voulu se faire plaisir en amorçant une trilogie policière qui prend avec Fin de Ronde, son dernier roman. Après Mr. Mercedes et son tueur implacable et complètement fou, après Carnets Noirs et son ode aux fans de littérature, Fin de Ronde boucle la boucle, arpentant le chemin sinueux du policier fantastique, avec une dernière enquête pour Bill Hodges et Holly Gibney, qui fait irrémédiablement penser au film Le Témoin du Mal de Gregory Hoblit. Cependant, on sait que le maître a pu décevoir par le passé, et terminer une trilogie n’est jamais une chose facile. Qu’en est-il ici ?
Si Carnets Noirs avait laissé un goût particulier en bouche à cause d’une intrigue cousue de fil blanc, Fin de Ronde s’avère bien plus exaltant et étrangement, le plaisir de retrouver les personnages de Bill Hodges et de son cabinet de détectives Finders Keepers est bien présent. Stephen King fait simple et présente ses protagonistes dans une évolution logique et touchante, avec l’annonce d’une maladie pour l’un et d’un combat contre la timidité pour l’autre. On ressent une énorme empathie pour ses personnages, car on les suit depuis deux histoires et il y a un lien ténu qui envoûte immédiatement et qui fait mouche. Stephen King dresse des portraits intéressants et des relations logiques entre une équipe qui fonctionne à merveille et qui est le moteur de l’intrigue.
Une intrigue qui remet sur le devant de la scène Brady Hartsfield, le tueur à la Mercedes, qui revient d’entre les morts avec la faculté de posséder le corps de personnes à travers un jeu vidéo hypnotique. Mélangeant allégrement le fantastique et le policier, Stephen King dresse une histoire simple, qui s’appuie sur la fascination pour le suicide, mais aussi sur la dangerosité des écrans et sur la fragilité de certaines personnes, et notamment les adolescents. Sous ses allures de thriller sous tension avec des personnages touchants au destin irrémédiable, Stephen King livre un pamphlet contre le suicide et ses préventions. En effet, Brady est fasciné par cette façon de mourir et il va abuser de jeunes adolescents mal dans leur peau afin de les pousser à l’acte. Obésité, homosexualité, l’auteur joue avec tous les maux de l’adolescence pour montrer qu’un simple esprit vicié peut pousser à la mort des centaines de personnes. Le pire, c’est qu’il arrive à faire passer ce message sans pour autant tirer à boulets rouges sur le jeu vidéo, n’étant là qu’une façon pour le tueur de prendre possession des corps et jamais comme objet en lui-même. En fait, ce n’est pas jouer qui tue, mais c’est simplement un logiciel qui hypnotise le joueur. Encore une fois, Stephen King se pose en sage et ne choisit pas la facilité.
L’ambiance de cet ouvrage est très particulière car elle a tous les atours d’une fin de monde. Non seulement il se passe en hiver, avec la neige, le froid et des moments rigoureux, mais surtout, on sent que tous les personnages sont en danger et risque d’y passer à n’importe quel moment. Peaufinant son intrigue dans une ambiance glaciale en pleine tempête de neige, l’auteur met tout le monde en danger, que ce soit les héros et leurs problèmes de tout bord, ou encore le méchant et son plan machiavélique mais qui contient quelques couacs. Subtil jeu de mots entre le titre et l’ambiance voulue dans l’ouvrage, Stephen King prouve une fois encore qu’il est un maître du suspense, accrochant le lecteur à chaque page et jonglant entre les points de vue.
Au final, Fin de Ronde est un bon roman et certainement meilleur que le précédent, malgré son intrigue assez simple et son déroulement sans anicroche. Stephen King signe un policier lorgnant vers le thriller fantastique assez convenu mais qui se révèle efficace et qui renoue avec des personnages pour lesquels on ressent vraiment quelque chose, et comme dans le septième art, à partir du moment où l’on ressent des sentiments pour les protagonistes principaux, c’est que ça fonctionne. Bref, l’auteur ne signe pas son meilleur roman, mais Fin de Ronde s’avère plaisant et efficace et c’est tout ce qu’on lui demande.
Note : 16/20
Par AqME