De : Michael Barrett
Avec Logan Huffman, Brandon Sklenar, Natalia Warner, Naoto Takenaka
Année : 2017
Pays : Etats-Unis, Japon
Genre : Horreur
Résumé :
Des touristes américains entrent dans un temple sacré situé sur une montagne au nord du Japon. Une terrible malédiction s’en échappe alors.
Avis :
Directeur de la photographie depuis la fin des années 90, Michael Barrett n’est pas un inconnu dans le milieu du septième art. Sa filmographie parle pour lui-même, puisqu’il a travaillé avec Seth McFarlane sur des films comme Albert à l’Ouest ou les deux Ted, ou encore avec Shane Black sur son culte Kiss Kiss Bang Bang. Cadreur aussi à ses heures perdues, c’est en 2017 qu’il va s’associer avec Simon Barrett, les deux hommes portant le même nom, mais n’ayant aucun lien familial. Ce dernier est connu pour avoir signé les scénarios de deux excellents films réalisés par Adam Wingard, You’re Next et The Guest. Le succès lui ouvre grand les portes de l’horreur hollywoodienne, et il est en charge d’écrire la nouvelle mouture de Blair Witch, toujours sous la houlette d’Adam Wingard, et le film sera un énorme naufrage. Il décide alors de revenir à quelque chose de plus simple, tout en restant dans la balade forestière. Netflix recherchant alors un petit film d’horreur pour alimenter sa banque, va commander Temple, une co-production américano-japonaise où de jeunes gens vont rentrer dans un temple (la bonne blague) maudit.
L’histoire est très basique. On va suivre trois personnes, deux hommes et une femme, en voyage au Japon. La femme est en couple avec l’un des deux hommes et l’autre, plus timide, plus réservé, est son meilleur ami. En visitant un petit magasin, le trio tombe sur un carnet étrange qui va le mener vers un temple isolé au nord du Japon. Malgré les avertissements et les histoires que l’on raconte sur ce temple, les trois jeunes gens vont y faire un tour, et ça va mal se passer. D’un point de vue de l’écriture, on peut dire que Simon Barrett ne s’est pas trop foulé. Trois jeunes, un voyage difficile, un temple maudit et tout part en eau de boudin. On a déjà vu ça mille fois et la narration étant très classique, on ne sera guère surpris par les évènements. Sauf que Temple, c’est un peu plus que ça pour qui a bien envie de le décortiquer.
Tout d’abord, le film ne dure qu’une heure et quart, mais il va prendre le temps de poser ses personnages, de leur donner de l’épaisseur et de les faire avancer dans leurs relations. Le meilleur ami est taciturne, taiseux et il laisse planer beaucoup de mystère autour de lui. Logan Huffman interprète à la perfection cet homme mystérieux, beau gosse, mais qui semble bien trop rêveur. Face à lui, il y a le petit ami, un beau gosse aisé, avec qui le feeling ne passe pas du tout. Prétentieux, voulant faire plaisir à sa nana mais insinuant souvent l’ennui, on va rapidement détester ce personnage qui semble trompeur et menteur. De cette tension va naître une rivalité invisible, un faux combat de coqs qui ne mènera à rien, si ce n’est à une perte pour tout le monde. Enfin, la jeune femme est le chaînon manquant, l’élément déclencheur des jalousies et, à quelque part des convoitises. Il s’agit pourtant d’un personnage fragile, qui essaye de concilier son amour et son ami, et qui va être, bien malgré elle, la cause de toutes les pertes. Ainsi donc, malgré la longueur tacite du démarrage, cela est fait pour que l’on ressente de l’empathie envers deux des protagonistes et ça fonctionne plutôt bien.
L’autre chose qui, à mon sens, fonctionne dans le bon sens, c’est l’ambiance globale du film. Le début, dans un Japon surconnecté, très densément peuplé, on a ces lumières bleutées qui viennent nous caresser la rétine, on a quelque chose d’assez onirique qui se met en place, notamment lorsque l’on sui la virée nocturne du meilleur ami. Le ton change radicalement quand l’on se retrouve dans la province, avec le froid, les teintes grisâtres et un éclairage naturel. Cela nous met en condition pour voir le danger arriver, un danger bien présent, que l’on va retrouver dans un carnet, dans l’omniprésence d’un petit garçon et dans une statue de Kitsune, une femme métamorphe assez inquiétante. Oui, ce n’est pas grand-chose, mais il y a une volonté de rendre le film attractif et de composer des codes couleurs qui vont permettre de ressentir différentes émotions, différentes ambiances. On a aussi un peu de folklore qui vient s’inviter dans le métrage, avec les légendes, bien évidemment, mais aussi des apparitions de moines plutôt réussies.
Le problème avec Temple, c’est qu’il ne fait pas peur. Les éléments vraiment horrifiques se mettent en place trop tardivement dans le métrage et ne durent pas assez longtemps. Le roller coaster que l’on attend autour du temple s’essouffle rapidement, on voit bien le manque de budget du métrage pour proposer des choses plus frontales et on va vite se retrouver à suivre cette pauvre nana dans les dédales d’une mine désaffectée ou encore de voir son petit ami se faire poursuivre par la kitsune, amas dégueulasse de CGI mal maîtrisés. Et de ce fait, le film se termine sur une note plutôt décevante. Le départ nous promet une enquête criminelle avec un survivant et des éléments qui se dévoilent à nos yeux, puis finalement, on n’aura pas ou peu de réponses. Le scénario s’embourbe dans une vérité que l’on peut interpréter comme l’on veut, mais qui manque de logique et de punch. Les amateurs de gore seront aussi déçus, puisqu’il n’y a pas une pointe de sang dans le métrage et le tout se termine bien trop vite pour avoir le temps d’infuser dans nos cerveaux. C’est dommage, il y avait pourtant de quoi faire quelque chose de bien plus flippant.
Au final, Temple est un film d’horreur qui doit fortement diviser. D’un côté, le film possède de bons éléments, comme des personnages plutôt travaillés, une ambiance sympathique et la volonté de visiter un folklore pas si souvent abordé au cinéma. Mais de l’autre côté, le film a aussi de gros défauts, comme une tension qui peine à monter et un dernier tiers carrément décevant qui n’arrive pas à faire peur et qui s’élude bien trop vite. On fait donc face à un film qui a toutes les bonnes intentions du monde mais qui galère à transmettre des émotions que l’on attend dans un film d’horreur et c’est bien dommage, car il y avait matière à faire…
Note : 10/20
Par AqME