Avis :
Pionnier de la scène stoner avec son groupe Loading Data, Lo se lance dans un nouveau projet : Patrón. Enregistré et produit au mythique studio 11AD par Alain Johannes (qui, outre le dernier Loading Data, a produit Mark Lanegan, PJ Harvey, Them Crooked Vultures, Eagles of Death Metal, Queens of the Stone Age, Chris Cornell…), Patrón aligne un superbe casting : Aurélien Barbolosi d’Aston Villa à la guitare, ainsi que plusieurs musiciens venus de la « galaxie Josh Homme », à savoir Joey Castillo (QOTSA, The Bronx) et Barrett Martin (Mad Season, Screaming Trees) à la batterie, Nick Oliveri (Kyuss, QOTSA, Mondo Generator, The Dwarves, Vista Chino) à la basse et Alain Johannes lui-même sur certaines parties de basse, de guitare et aux chœurs, et bien sûr le Patrón himself au chant. Doté d’une superbe voix, Lo injecte à l’ensemble une bonne dose de crooning et transforme chaque titre en tube imparable.
Dès les premières secondes, le constat est évident : Patrón est venu pour faire bouger toutes les cellules du corps humain. On commence fort avec l’entêtant Room with a view avec sa boucle entrainante et son petit son de percussion d’enclume qui donne une légère touche 80’s. Who do you dance for enclenche la seconde, un tube immédiat mêlant rock californien et pop avec une touche d’électro, taillé pour faire remuer les culs sur les pistes de danse improvisées partout dans le monde (impression renforcée avec le clip où le groupe a mobilisé les fans confinés pour un résultat qui communique à merveille cette envie de mouvoir du bassin). On enchaine avec Very Bad Boy tout aussi bon, le groove est fluide et comme sur les deux premiers titres, Patrón distille un refrain imparable. On continue sur un Jump in the Fire sexy en diable, d’une sensualité sans nom, à donner envie de faire installer une barre de pole dance dans la chambre. The Maker et son « mmmmm » nonchalant donne envie de tracer la route dans le grand Ouest américain. Hold Me Tight plus énervé avec une rythmique montant dans les tours et sa guitare fuzz rappellent que le stoner est la base musicale des acteurs du projet. Là, on a une furieuse envie de tomber un rapport pour faire parler le turbo.
Petite pause avec la magnifique Seventeen orientée dark folk qui nous entraine dans l’Ouest sauvage pour la ballade tragique d’un jeune homme aussi jaloux que fou de la gâchette. Le texte mélancolique est magnifié par la voix de Lo encore plus grave que son registre baryton/basse habituel pour lorgner vers Nick Cave voire même Leonard Cohen. On repart ensuite dans un mix entre stoner et pop avec le sexy Around my neck aux paroles peu sages, puis avec Leave it all behind, sa basse vrombissante et ses arrangements que n’auraient pas renié un Gorillaz des grands jours. She Devil est simple dans son refrain, mais hyper efficace avec son clavier très 80s. On finit par le bien stoner How to Land et un changement de registre pour Lo qui sort de sa zone de confort pour un refrain magnifique qui laisse parler toute la puissance vocale du chanteur.
Blindé d’influences variées, sur une base stoner sur laquelle vient se greffer tout un pan du rock californien depuis les années 60 à nos jours, le tout saupoudré d’une petite touche de très bonne pop et d’électro, Patrón est une véritable orgie musicale, qui pourrait peut-être rendre dubitatif les partisans de sonorités plus « simple » et épurée mais qui matche immédiatement dès la première écoute. Encore une fois, le label Klonosphère, habitué des belles sorties, frappe un coup énorme avec ce qui est indubitablement l’un des projets les plus enthousiasmants, les plus passionnants et les plus riches de l’année. Une bande son idéale pour l’été, qui s’apprécie d’autant plus avec une bonne sono, un verre d’eau de feu dans une main et le fessier de sa compagne ou de son compagnon sur l’autre. Merci Patrón, ta cuvée est bonne !
- Room With a View
- Who Do You Dance For
- Very Bad Boy
- Jump in the Fire
- The Maker
- Hold Me Tight
- Seventeen
- Around My Neck
- Leave It All Behind
- She Devil
- How to Land
Note : 19,5/20
Par Nikkö