décembre 11, 2024

Masters of Horror Saison 2

D’Après une Idée de : Mick Garris

Avec Sean Patrick Flanery, Chris Bauer, Ron Perlman, Meat Loaf

Pays: Etats-Unis

Nombre d’Episodes: 13

Genre: Horreur

Résumé:

Une série d’anthologie avec un grand nom du cinéma d’épouvante derrière chaque histoire…

Avis:

C’est en 2005 qu’un certain Mick Garris a l’idée géniale de faire une anthologie de l’horreur en demandant aux plus grands réalisateurs de films de genre de fournir un épisode d’une petite heure pour créer finalement une saison de treize épisodes. Une saison qui laisse assez circonspect car si certaines épisodes étaient très sympathiques, on pouvait aussi voir que certaines cinéastes avaient du mal à s’approprier ce format et cela donnait des épisodes bâtards, souvent mal branlés et qui manquaient d’un peu de tout. L’autre petit point négatif, c’était le manque de liant, chaque épisode étant une histoire à part entière, il y avait des ruptures de tons assez brutales. On pense bien évidemment à l’épisode délirant de John Landis ou encore à celui de Mick Garris où l’horreur n’était finalement pas présente. Bref, il y avait à boire et à manger mais l’exercice a plu au point de voir débouler l’année d’après une deuxième saison. Une deuxième session avec certains réalisateurs qui rempilent comme Dario Argento ou John Carpenter, et de petits nouveaux qui vont s’essayer à l’exercice. Est-ce mieux maîtrisé que la saison précédente ? Non, c’est moins bien, et cette fois-ci, les bons épisodes se comptent sur les doigts d’une main.

Le premier épisode est signé par Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse), qui revient ici après son très mauvais La Danse des Morts. Il propose ici autre chose, une histoire de malédiction et d’un père maudit qui refait les mêmes gestes que son paternel, il y a plus de vingt ans de cela. L’épisode commence fort, avec des séquences gores du plus bel effet (merci Greg Nicotero), puis ça va se rendormir docilement pour raconter une histoire de père de famille dépressif, qui va voir la malédiction se reproduire sans pouvoir y faire grand-chose. Si le réalisateur se sent plus à l’aise sur cette saison, cela reste quand même très moyen et manque cruellement de mordant. On se réjouira par contre de l’épisode suivant réalisé par John Landis qui récidive avec une comédie gore. Cette fois-ci, il s’attaque à un type taré qui tue des gens pour fonder une famille fictive. Il tombe alors amoureux de sa nouvelle voisine qu’il compte bien assimiler à sa famille. Très acerbe dans son image de l’Amérique moyenne, le cinéaste va nous surprendre avec un final inattendu qui sied parfaitement à ce genre d’exercice. En moins d’une heure, on se prend d’affection pour tout ce petit monde, même pour les plus terribles êtres humains et sans forcément faire peur, John Landis livre une comédie macabre qui a du fond et qui s’avère très maîtrisée.

Pour les deux épisodes suivants, la série fait appel à deux nouveaux. Le premier est Ernest Dickerson qui n’a signé dans sa carrière qu’un seul film d’horreur, Bones avec Snoop Dogg, et on comprend mal son arrivée sur cette anthologie. D’autant plus qu’il signe un segment très mauvais dans lequel deux jeunes vont visiter une morgue et tombe sur un vampire qui va les transformer. Michael Ironside cabotine comme jamais dans un rôle basique et sans intérêt, et le scénario ne tient absolument pas la route. Il ne se dégage de l’ensemble aucune ambiance, on voit les jeunes faire des allers-retours dans les mêmes décors avec les mêmes plans et globalement, on s’ennuie ferme face à ce tout petit jeu de massacre sans intérêt. Le segment suivant est signé Brad Anderson (The Machinist) et s’avère plus sympathique, même si on navigue assez loin de l’horreur et montre les décalages qui peuvent subvenir dans cette saison. On va suivre un homme qui obtient une acuité auditive surpuissante suite à la mort de son fils. Ne supportant plus le bruit, sa vie va devenir un enfer, au point de devenir complètement fou. Très bien interprété par Chris Bauer, on sent bien la torture de cet homme et sa descente en enfer. Il est juste dommage que l’épisode n’aille pas plus loin dans la folie.

Par la suite, on va tomber sur deux cadors de l’horreur. John Carpenter reprend du service et livre avec Piégée à l’Intérieur un énorme pamphlet contre les religions et ceux qui refusent l’avortement. A la fois gore et suscitant des références à The Thing pour une créature en particulier, le film est un joli jeu de massacre qui tire à boulets rouges sur la « bienpensance » américaine. Ron Perlman est divin en bad guy, la personnalisation du diable est très intéressante et franchement, c’est un excellent morceau qui possède, lui aussi, du fond, une critique qui donne tout son sens au film d’horreur. Quant à Dario Argento, il va s’amuser comme un petit fou dans un délire de veste à fourrure maudite où les plans gores s’enchainent à toute berzingue. Peut-être moins percutant que son épisode de la première saison, il n’en demeure pas moins marquant et sanglant et donne ses lettres de noblesse à Meat Loaf qui joue un parfois connard. Bref, deux épisodes de bonne qualité, à la fois gore et suscitant de bonnes réflexions.

Ce qui ne sera pas forcément le cas des deux épisodes suivants. Joe Dante revient et s’attaque ici à une guerre des sexes sans merci. Un virus transforme les hommes en machine à tuer les femmes. La femme d’un chercheur va alors devoir survivre dans ce milieu qui, années après années, va devenir un mode post-apocalyptique. Le réalisateur des Gremlins s’embourbe dans un délire féministe mal maîtrisé, ennuyeux au possible et qui ne suscitera aucune crainte, la faute à des personnages inintéressants et bancals. C’est dommage, le thème était fort et osé, mais le cinéaste n’en fait strictement rien. Quant à Mick Garris, qui avait fait le pire épisode de la saison précédente, il semble un peu plus en forme en adaptant Clive Barker. Une histoire d’écrivain raté, un fantôme sexy et un monstre salace sont au programme de cet épisode plutôt moyen, un peu long, mais qui réunit Tony Todd et Christopher Lloyd, et rien que pour ça, ça mérite d’être vu.

Les épisodes suivants font intervenir deux grands noms de l’horreur. Tout d’abord Tom Holland (Jeu d’Enfants, le premier Chucky) qui offre un épisode plutôt sympathique qui essaye de tisser des liens entre un tueur fantomatique et monstrueux en lien avec le passé d’un homme. Sorte de Ca version marchand de glaces, le segment est plutôt sympathique car il cherche à créer des personnages attachants et à se faire ludique dans les morts. Par contre, Stuart Gordon (Re-Animator), qui s’était déjà planté lors de la précédente saison, récidive cette fois-ci et montre son inaptitude à gérer des formats moyens. Il réadapte le Chat Noir de Poe mais ne suscitera que de l’ennui poli et une énorme maladresse dans l’ambiance de l’épisode. Tout fait faux, tout respire les effets faits à la va-vite et Jeffrey Combs n’est pas du tout crédible dans la peau du célèbre écrivain. Il en résulte un épisode ennuyeux à souhait.

Pour les trois derniers segments, la série se paye trois nouveaux réalisateurs. Le premier est Peter Medak (La Mutante 2) et il livre avec George le Cannibale un épisode plutôt plaisant, entre comédie et horreur qui veut nous faire croire que secrètement, George Washington était un cannibale mangeur d’enfants. Relativement gore dans ses excès de victuailles, parfois drôle avec cette secte qui semble tout contrôler, l’épisode est surprenant et plutôt réussi. Ce qui ne sera pas forcément le cas des deux derniers épisodes, bien qu’ils soient moins mauvais que ce que l’on pourrait croire. Rob Schmidt (Détour Mortel) parle de fantôme, de tromperie et d’héritage. Le film fonctionne avec un twist assez inattendu, les effets gores sont du plus bel effet et malgré un rythme en dents de scie, le divertissement est présent et certains effets de peur marchent bien. Enfin, Norio Tsuruta signe le dernier épisode, une histoire de vengeance et de fantôme sur un bateau. Les rebondissements sont nombreux, parfois même un peu trop tirés par les cheveux, le cinéaste nous perd entre réalité et fiction pour un final presque décevant, n’acceptant aucun nihilisme. Néanmoins, ça reste agréable et s’adapte parfaitement au format voulu par la série.

Au final, cette deuxième saison des Masters of Horror est encore plus inégale que la précédente. S’il manque du liant entre les épisodes, ou tout du moins un thème commun, on se retrouve, encore une fois, avec à boire et à manger, et des moments moins agréables que d’autres. Si l’exercice est intéressant, il n’en est pas de même avec certains épisodes qui ne trouvent pas le bon équilibre entre horreur et fond de réflexion. Bref, même si c’est loin d’être mauvais, c’est aussi loin d’être indispensable, sauf si on est un collectionneur maladif de péloches horrifiques.

Note : 12/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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