De : Claude Chabrol
Avec Gérard Depardieu, Clovis Cornillac, Jacques Gamblin, Marie Bunel
Année : 2009
Pays : France
Genre : Policier, Drame
Résumé :
Comme
chaque année à la belle saison, le commissaire Paul Bellamy vient séjourner à
Nîmes dans la maison de famille de sa femme Françoise qui rêve de croisières au
bout du monde… Paul ne peut se passer de Françoise, mais il déteste les
voyages. Un double prétexte le cloue sur place : l’arrivée inopinée de Jacques
son demi-frère, aventurier au petit pied, porté sur la bouteille ; et
l’apparition d’un homme aux abois qui lui réclame sa protection. Dans son désir
empathique d’aider les uns et les autres, si possible en restant sur place,
Paul leur consacrera son temps et ses efforts. Sa curiosité naturelle à
enquêter y trouvera son compte. Sa position de frère aîné lui donnera davantage
de fil à retordre…
L’homme aux abois dont Paul va s’occuper, c’est Noël Gentil, un quadragénaire
effrayé qui se terre dans un motel des faubourgs. Endetté jusqu’au cou, dans
l’impossibilité de payer les crédits de la maison où vit son épouse, il se
ronge de ne pouvoir honorer la promesse faite à sa maîtresse de l’emmener au
bout du monde.
Noël Gentil craint la police. Il craint de se montrer. Il craint d’avoir tué.
Qui ? Il ne dit pas. Cantonné dans l’angoisse et les approximations, il
intéresse Bellamy au plus haut point…
C’est une enquête en solo que Paul va mener, secondé par Françoise son épouse,
que l’histoire stimule et mobilise, redonnant par la même occasion un coup de
fouet à leur couple tandem dont Jacques le frère cadet, amoureux de Françoise
et envieux de son frère, est horriblement jaloux…
Il est plus facile d’aider les autres que les membres de sa famille, c’est une
des clés du film…
Avis :
Immense réalisateur français, Claude Chabrol, c’est presque une institution à lui tout seul, tant ce dernier a traversé les décennies avec impact et surtout, il nous a laissé des films cultes, qui font dans un certain sens la beauté et la richesse du cinéma français. Et pourtant, malgré un génie absolu, les années ont quelque peu abîmé le réalisateur français, et dans sa dernière décennie, Claude Chabrol n’a pas plus livré les chefs-d’œuvre d’antan. « La fleur du mal« , « La demoiselle d’honneur » ou encore « La fille coupée en deux » en sont malheureusement des témoins.
C’est d’ailleurs après son raté « La fille coupée en deux » que Claude Chabrol sort « Bellamy« , qui sera son dernier. Un dernier métrage, pour une magnifique conclusion de carrière ? Et bien malheureusement, ce ne sera pas le cas, et ce « Bellamy« , malgré une bonne idée de départ, ne va faire que décevoir. Une intrigue qui s’en va dans tous les sens, des personnages inexistants malgré de jolis moments et une mise en scène qui traîne en longueur, non ce « Bellamy » n’est pas bon et ce constat fend tout simplement le cœur.
Le commissaire Bellamy est en vacances avec sa femme dans sa maison à Nîmes. Depuis quelques jours, un homme étrange rode autour de la maison, mais pourtant, ça n’inquiète pas Bellamy et sa femme. Cet homme étrange prend enfin son courage et entre en contact avec le vieux commissaire. Cet homme, c’est Emile Leullet, un homme qui est censé être mort depuis quelque temps. Assureur « véreux », il va apprendre à Bellamy qu’il a tué un homme, et qu’il a fait passer le cadavre pour lui. Aujourd’hui, empêtré avec des regrets et des remords, Leullet ne sait pas quoi faire et compte sur Bellamy pour l’aiguiller…
J’aime le cinéma de Claude Chabrol, même si celui-ci a eu tendance à beaucoup me décevoir au cours des années 2000. « Bellamy« , c’est le dernier film que Claude Chabrol a réalisé avec qu’il ne disparaisse un peu plus d’un an plus tard et malgré toutes les horreurs que j’ai pu entendre dessus, je gardais espoir que le cinéaste français nous ait offert un dernier tour de force, mais malheureusement, c’est très loin d’être le cas.
« Bellamy« , c’est un film qui partait avec une belle idée au départ. Une idée intéressante qui, on l’imagine bien chez Chabrol, aurait pu faire des merveilles. Mais cette géniale idée de départ va très vite se retrouver noyée dans un scénario fourre-tout, dont on ne saisit pas bien les tenants et les aboutissants. « Bellamy » est-il un film policier ? Ou un drame sur la famille ? Peut-être les deux ? Peut-être autre chose ? Voilà le dilemme devant lequel on se retrouve, car plus « Bellamy » avance et moins on comprend de quoi veut nous parler Chabrol.
« Bellamy« , c’est un scénario confus, qui passe sur ce qui était de bonnes idées, pour s’attarder sur des détails et surtout un drame familial dont on se fiche éperdument. Si au départ ce « Bellamy » nous vendait un film policier, avec peut-être un film d’arnaque en bonus, il n’en est rien finalement, et Chabrol se prend les pieds dans le tapis, en s’attardant encore et encore sur une relation entre frères qui plombe l’ensemble. Et cette ligne-là, le réalisateur va la tenir jusqu’au bout, bâclant finalement cette intrigue policière à laquelle personne ne croit, pour conclure son film sur une non-fin.
On aurait pu alors se rattraper avec une belle mise en abîme et peut-être un dépaysement, l’intrigue évoluant à Nîmes et ses alentours, mais là encore, rien n’y fait. Doté d’un rythme lent, qu’on pourrait presque qualifier de non-rythme, « Bellamy » ne fait qu’ennuyer et rien ne ressort. Aucune scène ne vient nous bousculer, ou même nous prendre avec intérêt. Chabrol aura bien réussi à capturer un petit quelque chose entre Depardieu et Marie Bunel, mais c’est bien peu.
Puis on ajoutera à cela des dialogues qui vont avec son intrigue, c’est-à-dire peu convaincants, quand ils ne sont tout simplement pas navrants (« tuer, c’est mal » nous apprend Gérard Depardieu…).
On ne pourra pas vraiment se rattraper avec les comédiens, enfin les personnages, car tous n’ont aucun fond et bien souvent, on ne les comprend pas. Si comme je le disais, Depardieu et Bunel sont bons quand ils sont ensemble, ça reste bien peu de chose, et pour la plupart on se retrouve avec un Clovis Cornillac mauvais au possible et on ne peut plus agaçant. D’ailleurs, on se demande ce que ce personnage vient faire dans cette histoire. On trouvera une Vahina Giocante inexistante, tout comme Marie Matheron. Quant à Jacques Gamblin dans tous ses différents rôles, si le comédien est bon, on ne croit pas du tout à tous ces personnages qui résonnent comme tirés par les cheveux. Bref, il n’y a vraiment pas grand-chose de marquant.
« Bellamy« , c’est donc un clap de fin pour Claude Chabrol, et c’est une bien belle déception. Partant dans tous les sens, ne racontant finalement pas grand-chose, « Bellamy » ennuie et nous fait attendre que ça se passe, et comme je le disais plus haut, voir un si grand réalisateur conclure sa carrière avec ça, ça fend le cœur.
Note : 04/20
Par Cinéted