mars 29, 2024

Cam

De : Isa Mazzei et Daniel Goldhaber

Avec Madeline Brewer, Patch Darragh, Melora Walters, David Druid

Année: 2018

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller, Horreur

Résumé :

Une cam-girl, Alice, payée pour faire des shows érotiques se retrouve piégée par un maître chanteur qui menace de détruire sa vie.

Avis :

Quand on se rend dans des librairies pour acheter un roman quelconque, les éditeurs ont trouvé une nouvelle façon d’aiguiller nos choix. Il suffit bien souvent de mettre un avis dithyrambique de la part d’un auteur connu pour que l’on se sente en confiance. Une façon comme une autre de booster les ventes de romans,et à quelque part, cela se justifie. Pour le cinéma, on commence à retrouver cela de plus en plus, c’est-à-dire des personnalités célèbres qui donnent leur avis pour inciter leurs fans à venir jeter un œil sur un métrage. Et Stephen King, aussi bien en littérature qu’au cinéma, semble être une valeur sûre pour faire vendre les œuvres des autres. Ainsi donc, tout récemment, il a encensé une production Netflix qui s’oriente entre le thriller et le film d’horreur. Ni une ni deux, il n’en fallait pas plus pour les amateurs du maître de l’horreur se ruent sur la plateforme de streaming pour jeter un coup d’œil à Cam, qui place son intrigue dans le milieu du show érotique sur internet et qui s’inspire d’une histoire vraie.

Youpi!! Je me fais dézinguer la gueule!

Ecrit par Isa Mazzei et mis en scène par Daniel Goldhaber, Cam raconte l’histoire d’Alice, une cam-girl qui fait des shows érotiques sur une plateforme spécialisée pour gagner sa vie. Son rêve :être dans le top 10 des nanas les plus vues, et pour l’instant, elle tente inlassablement d’arriver parmi les cinquante premières. Le problème, c’est qu’un beau jour, elle se réveille, et quelqu’un d’autre à pris sa place. Lui ressemblant étrangement, cette sosie va lui faire du tort et personne ne semble décidé à lui venir en aide. Alice décide alors de mener son enquête et de comprendre ce qui se passe. Avec ce film, le premier pour Daniel Goldhaber, on pourrait croire que l’on va tomber sur un pamphlet qui nous dit de faire attention aux dérives de l’internet, des réseaux sociaux et de la célébrité, surtout dans un milieu aussi fermé que celui de la pornographie. Des thèmes très intéressants et terriblement d’actualité, mais qui ne semblent finalement pas intéresser son auteure et son réalisateur. En effet, Cam va se tenir sur sa première heure avant de dégringoler dans les méandres du médiocre sur son final, qui se veut fantastique, mais qui ne propose rien de nouveau, pire, qui va finalement être assez cynique sur ce qu’il vient de démontrer.

La mise en scène du film est assez intéressante au départ, et n’aurait pu être qu’un huis-clos avec une belle descente en enfer. Mais il n’en sera rien et même si on aura droit à de longues séquences dans cette chambre rose bonbon qui fait plus penser à une chambre d’ado qu’à une chambre de cam-girl, on verra le quotidien d’Alice. De façon assez réaliste, Daniel Goldhaber filme le quotidien de cette jeune femme qui ne peut s’empêcher d’aller sur les réseaux sociaux pour alimenter son compte et faire courir des hommes qui lui donnent de l’argent. On découvrira que seul son jeune frère est dans la confidence de son métier et qu’elle n’est pas encore prête à le dire à sa mère. Alice évolue dans un contexte familial aimant, assez compréhensif, du moins de la part de son petit frère, et cela tranche nettement avec sa folie latente, l’amenant vers des chemins douteux pour augmenter son classement dans son show. Elle va même aller jusqu’à simuler un suicide pour gagner quelques jetons. La mise en scène sobre colle parfaitement à ce quotidien linéaire,alternant les phases d’éclairage naturel dans la vie de tous les jours, et les néons roses lors des scènes de peep show. Bref, le départ est assez convaincant et place le spectateur dans une ambiance étrange, presque éthérée, mais qui met aussi mal à l’aise.

Le gros problème de Cam, c’est qu’au bout d’une heure, le film s’essouffle grandement. On comprend que le métrage veut nous montrer à quel point ces filles sont seules au monde et que parmi les types qui gravitent autour d’elles, il n’y a que des pourris ou des types qui ont un sérieux problème psychologique, mais le côté enquête et mystère est complètement à côté de ses pompes. On hésite grandement entre le cyber-harcèlement, l’entité cybernétique qui possède sa propre intelligence, ou encore sur le mystère ésotérique qui englobe cette top un qui est morte depuis quelques années. Le film tente de rendre son scénario plus touffu, plus dense et se raccroche à un peur que l’on aura du mal à croire. D’ailleurs, le film se base sur des faits réels, ce qui gâche encore plus le climax final, qui peine à convaincre à ou se rendre crédible. D’autant plus que le film n’arrive jamais à rendre la vie d’Alice très palpitante. C’est tout au plus lugubre et triste,mais jamais on a peur pour elle, pas même dans ce restaurant mexicain en compagnie d’un gros porc qui a pour habitude se taper des show girls d’internet. A force de trop vouloir augmenter le côté malsain, on se retrouve face à des situations grotesques, parfois ubuesques, et le malaise se drape d’un soupçon de malhonnêteté.

Enfin, pour couronner le tout, le film loupe le coche avec son dernier plan qui envoie à vau l’eau toute sa construction autour des dangers du net et du milieu de la pornographie. En effet, malgré les problèmes, malgré les mauvaises surprises familiales, malgré l’image peu glorieuse qu’elle renvoie, malgré l’aspect« drogué » des réseaux sociaux et de sa notoriété, notre héroïne retourne dans ce milieu pourri et recommence à zéro pour faire sa petite pupute. D’un côté, on peut comprendre ce que cela veut dire et il y a une grosse pointe de cynisme sur l’aspect débile de l’être humain qui n’apprend jamais de ses erreurs. Mais d’un autre côté, toute la construction du film se casse la gueule et on se dit que tout ça pour en arriver là, ce n’était pas bien nécessaire. D’autant plus que les personnages sont tous très antipathiques. A commencer par l’héroïne du film, Alice, ou Lola quand elle fait son show, qui ne pense qu’à sa gueule et qui ne tire aucune réflexion de ce qui lui arrive. On notera aussi une famille dysfonctionnelle très bizarre qui n’apporte rien à l’intrigue ou au personnage principal, ainsi que des copines tout aussi égoïstes et des hommes qui sont tous, absolument tous, de gros porcs. Si le film voulait jouer sur les clichés que le réalisateur ne s’en serait pas pris autrement.

Parle à ma main!

Au final, Cam est un film très moyen, qui démarrait pourtant de la plus belle des façons. Tentant de démontrer les dérives d’internet et de la pornographie à travers une usurpation d’identité,le film dégringole honteusement sur son dernier tiers, n’arrivant pas à tenir une intrigue digne de ce nom et se perdant dans une enquête qui se veut glauque mais dont personne n’en tire les conséquences. Bref, un film complètement vain,qui peut se laisser regarder, mais qui ne marquera pas son spectateur,contrairement à ce que dit Stephen King.

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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