Avis :
Parmi les groupes les plus emblématiques de la scène métal française, Mass Hysteria pointe quasiment en tête, accompagné des quelques autres cadors que sont Lofofora et Trust, même si ce dernier peut aussi se ranger dans la catégorie du Hard. Mais finalement, qu’importe, ce qui compte, c’est le gros son qui tache et les paroles qui vont avec, à la fois révoltées et conscientes. Et c’est grâce avec ça que Mass Hysteria a fait la différence et a pu s’imposer sur la scène métal. Entre des riffs lourds, des rythmiques endiablées et des paroles qui mêlent lyrisme et fond, le groupe possède son univers et il le tient depuis maintenant vingt-cinq ans. Nous avions laissé la formation avec Matière Noire en 2015 et comme à son habitude, c’était un excellent opus, plus sombre que les précédentes galettes, mais aussi plus construit et plus long. On retrouve donc la bande avec un changement de bassiste pour ce neuvième effort, Maniac, qui annonce un retour aux sources pertinent et bien puissant. En effet, Mass Hysteria a décidé de fournir un skeud plus court qu’à l’accoutumée (moins de quarante minutes), mais plus dense, plus percutant, et finalement plus rentre-dedans que le précédent. On pourrait même dire que Maniac est le côté animal du groupe, sortant les crocs pour nous raconter des choses de la plus belle des manières.
L’album s’ouvre avec Reprendre mes Esprits, un morceau très rapide et très violent. Le départ, avec la petite boîte à musique, fait penser à du Korn, avant de dérouler les riffs surpuissants, qui font directement écho au travail de Slipknot. Un savant mélange qui ne peut laisser indifférent pour les amoureux de métal et qui prend de façon optimale ici. On fait face à un mélange de Nu Métal pour la façon qu’a Mouss de scander les paroles et de Métal Industriel pour le bruit des machines en arrière et le côté très métallique que possède le titre. Si les paroles restent assez basiques, il faudra compter sur la suite pour trouver de vrais sujets intéressants. En effet, L’Antre Ciel Ether fait référence à la façon d’écrire du groupe et son côté poétique ressort avec une belle violence, laissant peu de place au répit. Le titre est sauvage et s’accorde pourtant parfaitement à des paroles complexes qui rentrent rapidement en tête, ou tout du moins le refrain qui est d’une grande efficacité. Avec Ma Niaque, le deuxième titre de l’album, Mass Hysteria fait de grosses références aux concerts et à son amour de la scène. Mais il y a aussi des moments plus profonds, comme Chaman Acide, qui parle de la politique et notre évolution par rapport au vote et à la société. Un titre assez cynique qui bénéficie en plus de cela d’une rythmique ultra rapide et de riffs d’une rare violence. Là aussi, c’est percutant et on ne peut s’empêcher de bouger la tête dans tous les sens. Le plus intéressant avec ce genre de titre, c’est qu’il allie le côté mélodique virulent avec des paroles qui ont un vrai fond et c’est certainement le seul groupe de métal français qui fait cela.
Ajoutons à cela que quasiment chaque titre possède un break surpuissant qui va faire rugir de plaisir les fans lors des concerts, alimentant le pit de wall of death. L’autre point intéressant avec cet album, c’est qu’il monte petit à petit en puissance, augmentant la durée des titres au fur et à mesure du déroulement des pistes, et donnant une vraie impression de densité, de grandiloquence qui s’affiche de plus en plus. Par exemple, Se Brûler Sûrement est un morceau d’une durée convenable, mais qui, sur sa fin, délivre des chœurs féminins, donnant un poids au titre et une véritable identité, en plus d’une puissance lyrique incroyable. Et si en plus de cela le refrain est catchy, il faut croire que l’on fait face à un sérieux concurrent du meilleur titre de l’album. Parmi les titres les moins évidents à rentrer dedans et qui gagne en ampleur après plusieurs écoutes, on peut citer le nerveux Nerf de Bœuf et surtout le complexe Derrière la Foudre. Il s’agit d’un titre qui offre plusieurs niveaux d’écoute malgré son côté bourrin de prime abord. Ces deux titres sont entrecoupés de Arômes Complexes, un excellent titre sur la création et le déclin de notre société dont les premières paroles sont très significatives (pour les révoltés littérature et poésie, télé-réalité et langage sms pour les soumis, savoir est un devoir, agir c’est l’avenir). Là aussi, tout fonctionne à merveille. Enfin, le groupe nous gratifie d’un dernier titre étrange et qui fonctionne parfaitement. We Came to Hold Up Your Mind ne contient pas de paroles, uniquement ce qui semble être des extraits de films, et on nage en plein délire Métal Indus, comme à la bonne époque de Ministry et c’est très intéressant.
Au final, Maniac, le dernier album de Mass Hysteria, est une belle réussite et pourtant, il est complètement différent du skeud précédent. Plus percutant, plus direct dans son approche, plus court, mais aussi plus dense, la groupe français revient en grande forme et avec des choses à dire. La plume de Mouss est toujours aussi délicate, au service d’une instru violente et animale, et c’est tout ce que l’on aime chez la Mass. Bref, un neuvième album complètement réussi, aussi bien sur le fond que sur la forme et on a hâte de voir ce que cela donne en concert.
- Reprendre mes Esprits
- Ma Niaque
- Partager nos Ombres
- L’Antre Ciel Ether
- Chaman Acide
- Se Brûler Sûrement
- Nerf de Bœuf
- Arômes Complexes
- Derrière la Foudre
- We Came to Hold Up Your Mind
Note: 18/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=XugKlRDJ-A4[/youtube]
Par AqME