Auteur : Ozzy Inguanzo
Editeur : Hoebeke
Résumé :
L’histoire des zombies au cinéma illustrée de photos, posters et autres clichés de tournages. L’ouvrage dessine le parcours de ce genre qui a émergé avec l’expressionnisme des années 1920 avant d’être repris par la série B puis consacré par les cultures alternatives, se nourrissant d’influences multiples transmises au fil de générations d’auteurs, de réalisateurs et d’artistes.
Avis :
Les monstres au cinéma fascinent autant qu’ils dérangent. Nous renvoyant constamment à notre propre humanité et à ce qui fait de nous des humains, les montres sont là pour nous faire réfléchir autant qu’ils peuvent nous faire peur. Si les vampires, loups-garous et autres momies ont eu leurs heures de gloire au cinéma durant les années 20 et 30 grâce à Universal, il n’en est pas de même pour les zombies, qui ont longtemps été vus comme des faire-valoir, de la tripaille pour mettre en valeur un maître plus puissant et donc plus terrifiant. Cependant, s’il a mis plus de temps que les autres monstres à conquérir le devant de la scène, aujourd’hui, il est certainement le favori, celui qui comptabilise le plus de films à son actif. De ce fait, il est très intéressant de faire des recherches historiques sur la figure zombiesque, à fortiori quand celui-ci monopolise maintenant les trois quarts des films d’horreur. Et joie, Ozzy Inguanzo, auteur et travaillant dans le milieu du cinéma, revient sur l’histoire des zombies dans le septième art, depuis sa première apparition jusqu’à 2016/2017.
Les Zombies au Cinéma est donc un livre documentaire sur la figure horrifique du zombie et sur son évolution au fil des décennies. Le schéma est très classique et ne surprendra personne, puisque l’auteur se penche sur certains films en fonction du temps qui passe et tente de trouver des corrélations avec notre société ou tout du moins sur ce que le public attend. La démarche est très simpliste (à un tel point que n’importe quel youtuber ciné pourrait le faire dans une vidéo), mais elle a le mérite d’être complète et vraiment claire dans ce qu’elle raconte. Point d’âneries donc dans cet ouvrage, qui se veut complet et relativement intéressant dans ce qu’il raconte. En premier lieu, nous allons donc avoir les prémices du zombie dans les années 20 et 30 avec quelques films cités qui ne sont pas connus de tout le monde. On pense par exemple au Fantôme Vivant avec Boris Karloff ou encore au film Zombies of Mora Tau. Des films étranges, qui brassent le côté malédiction pour mieux faire peur à une société qui commence à prendre le pouls de tout ce qui est ésotérique. On verra ensuite au fil des décennies que le zombie évolue avec la société et surtout son public.
Les années 40 et 50 seront l’avènement du vaudou, alors que petit à petit, on va voir le zombie comme résultante d’une maladie, d’une épidémie ou encore d’une attaque nucléaire. Les mœurs changent, la société avance et donc le zombie, malgré sa faible vitesse, continue sa marche forcée. Les tournures de phrase sont plutôt agréables et donne un ton assez académique mais pas donneur de leçon. Ici, Ozzy Inguando raconte certains films et montre à quel point il est proche de la société qu’il caricature ou quel vice il dépeint. On reviendra bien évidemment sur les films de Romero et leurs façons de critiquer la société, mais aussi sur certains détails de fabrication et comment les films ont vu le jour. Là aussi, la démarche est intéressante, montrant l’envers du décor quand il faut faire de l’horreur ou quand les idées sont là mais pas le budget. L’autre point intéressant sur cet ouvrage, c’est qu’il aborde rapidement le côté jeu vidéo avec Resident Evil, mais aussi et surtout le clip avec un long article sur Thriller de Michael Jackson, mis en scène par John Landis. Les anecdotes sont croustillantes et c’est clairement à ce moment-là que le zombie est devenu une figure populaire.
Néanmoins, si le livre est très intéressant, il n’est pas dénué de défauts. Premièrement, il ne s’adresse pas forcément aux rompus du genre. On apprend peu de choses si on connait bien les zombies et encore plus les films de zombies. Certes, certains films un peu plus anciens peuvent surprendre et demeurer inconnus, mais c’est une chose rare. Ensuite, comme dit précédemment, le fait de fonctionner par décennie est assez facile et donc on s’attend à ce genre d’évolution, d’autant plus que l’arc sociétal est assez peu exploré. L’impact de ces films sur la société n’est pas travaillé et du coup, ça manque parfois de profondeur, surtout vers la fin du livre, quand l’auteur aborde des films plus récents et plus connus. Alors oui, ce sont de petits défauts, mais parfois, on a envie de creuser plus loin et d’en savoir plus, créant un sentiment de frustration. Cependant, le bouquin est très beau et parfaitement illustré. Les photos sont belles, le papier est de grande qualité, et pour le prix, on en a pour notre argent, ce qui est un plus indéniable quand on voit parfois le prix exorbitant de certains beaux livres sur le cinéma.
Au final, Les Zombies au Cinéma – L’Histoire Ultime des Morts-Vivants à l’Ecran (titre complet très pompeux) est un ouvrage sympathique qui permet parfois de découvrir de vieux films de zombies, mais qui manque de profondeur sur certains axes. Il faut tout de même reconnaître un sacré travail de recherche et de passion de la part de l’auteur, qui permet de mettre en avant l’une des créatures les plus en vogue du moment, mais pour qui ça n’a pas toujours été le cas. Les fans de zombies seront comblés, les amateurs de cinéma aimeront certainement, même si ce livre se destine plutôt aux collectionneurs et aux accros des morts-vivants.
Note : 15/20
Par AqME