Titre Original : Day of the Dead
De: George A. Romero
Avec Lori Cardille, Terry Alexander, Joe Pilato, Richard Liberty
Année: 1985
Pays: Etats-Unis
Genre: Horreur
Résumé:
Les morts-vivants se sont emparés du monde. Seul un groupe d’humains, composé de militaires et de scientifiques, survit dans un silo à missiles. Deux solutions se présentent : fuir ou tenter de contrôler les zombies…
Avis :
Avant que George A. Romero n’arrive dans le cinéma, les films d’horreur étaient destinés à créer de l’angoisse et de la frayeur, mais sans jamais poser un constat amenant à une réflexion sur notre société. Puis avec La Nuit des Morts-Vivants en 1968, le réalisateur s’est servi du zombie et de l’horreur pour poser des questions essentielles sur l’homme et la société dans sa globalité. Que ce soit le racisme, la société de consommation, l’humanité elle-même, le zombie fut l’occasion de questionner sur notre propre condition d’être humain, et en utilisant l’horreur et les monstres que sont les zombies, George A. Romero avait créé un chef d’œuvre qui inspirera bon nombre de réalisateurs par la suite. Mais le plus fort dans tout ça, c’est que le cinéaste récidivera avec Zombie onze ans plus tard, puis avec Le Jour des Morts-Vivants, le dernier de sa trilogie, sept ans plus tard. Cependant, on peut se demander s’il avait encore des choses à raconter en quasiment vingt ans. Et la réponse est oui.
Le film débute par une jeune femme qui fait un cauchemar. Elle se réveille alors à bord d’un hélicoptère et on comprend qu’elle fait une mission de reconnaissance pour trouver des vivants dans une grande. Revenant bredouille à une base militaire, on découvre alors qu’elle cohabite avec une troupe de militaires misogynes, un pilote d’hélicoptère, un électricien qui gère la radio et deux scientifiques qui étudient les zombies pour trouver une solution de survie. Bien évidemment, on va rester durant tout le film dans ce bunker et finalement, le zombie n’aura pas une grande place dans le film. Romero va utiliser la créature pour montrer les différentes tensions qui peuvent naître d’une situation désespérée et comment certaines personnes peuvent mal réagir, devenant un danger plus grand que le zombie. Le but premier de Romero avec Le Jour des Morts-Vivants, c’est de critiquer plusieurs choses qui reflètent notre société. Et la plus flagrante est la confiance que l’on place en nos soldats alors qu’ils ne sont pas forcément les plus qualifiés pour gérer certaines situations de crise. On va vite le découvrir avec un commandant détestable qui sera le vrai méchant du film, n’appliquant que la loi du plus fort et n’hésitant à menacer de mort quand les choses ne vont comme il en a envie. Avec ce métrage, Romero montre à quel point les militaires sont des personnes stupides, sanguines et que parfois, il vaut mieux s’en remettre à des cerveaux qu’à des gros bras.
Mais ce n’est pas tout. Le cinéaste va aussi présenter un personnage bizarrement attachant mais très lugubre en la présence d’un scientifique qui tente d’apprivoiser le zombie. On voit bien que ce docteur perd peu à peu les pédales et qu’il n’éprouve aucune compassion hormis pour les zombies, mais malgré, on ressent de l’empathie car c’est le seul qui tente de comprendre l’inconnu. Et ce portrait sera très ambivalent, car d’un côté, il est attachant, et de l’autre, dangereux pour la communauté, gardant les zombies vivants et leur donnant de la chair à manger. Chair issue de cadavres frais de militaires. D’autant plus que son laboratoire est un vrai musée des horreurs et c’est de là que vont parvenir les images les plus choquantes comme cette fameuse tête qui bouge ou encore ce zombie qui se relève de sa table d’opération et fait tomber tous ses organes. Romero joue constamment la carte de l’ambivalence avec quasiment tous ses personnages, même si on identifie très vite les gentils et les méchants. Et le plus cynique dans tout ça, c’est qu’au détour d’une scène très courte, le réalisateur montre que le zombie serait peut-être plus intelligent que l’homme, tirant rapidement sur ce qu’il identifie comme une menace (le commandant), avec une arme à feu sans chargeur, alors que les humains attendent toujours, espérant peut-être un changement.
Le plus réussi dans ce film, c’est que malgré toutes les critiques sociétales, l’ensemble reste très effrayant et dynamique. George A. Romero laisse constamment planer une tension sur son métrage, que ce soit avec les soldats hystériques ou encore avec les zombies affamés. La fin est d’ailleurs excellente, accélérant d’un coup un rythme qui n’était pas forcément soutenu, mais qui possédait toujours une tension électrique. Et que dire des effets gores qui parsèment le film et prennent même une tournure vengeresse sur la fin. Plus de vingt ans plus tard, ces effets restent efficaces et prenants. Les viscères éclatent, les chairs s’arrachent, les corps se disloquent et c’est très bien foutu. Les effets spéciaux et les maquillages de Tom Savini sont tout simplement parfaits. Enfin, le film gère très bien son angoisse, avec des apparitions de zombies toujours bien trouvées et surtout des attaques sournoises qui peuvent créer de la terreur, ce qui est une bonne chose.
Au final, Le Jour des Morts-Vivants est une réelle réussite et on ne passe pas loin du chef d’œuvre. George Romero clôture de la plus belle des façons sa trilogie sur les zombies, amenant constamment une réflexion sur l’être humain et la société dans un contexte d’urgence et d’horreur permanent. Bref, une pépite devenue trop rare en ces temps où les films d’horreur reviennent à la mode, mais manque cruellement de fond, préférant devenir des pop-corns movies pour adolescents que des œuvres amenant à réfléchir sur notre propre condition. Tu nous manques George.
Note : 18/20
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Par AqME