De : Thomas Bidegain
Avec François Damiens, Finnegan Oldfield, Agathe Dronne, John C. Reilly
Année : 2015
Pays : France
Genre : Drame
Résumé :
Une grande prairie, un rassemblement country western quelque part dans l’est de la France. Alain est l’un des piliers de cette communauté. Il danse avec Kelly, sa fille de 16 ans sous l’œil attendri de sa femme et de leur jeune fils Kid. Mais ce jour-là Kelly disparaît. La vie de la famille s’effondre. Alain n’aura alors de cesse que de chercher sa fille, au prix de l’amour des siens et de tout ce qu’il possédait. Le voilà projeté dans le fracas du monde. Un monde en plein bouleversement où son seul soutien sera désormais Kid, son fils, qui lui a sacrifié sa jeunesse, et qu’il traîne avec lui dans cette quête sans fin.
Avis :
Thomas Bidegain, avant de réaliser son premier film, c’est avant un tout un homme qui a une grande carrière dans le scénario. Connu pour ses collaborations avec Jacques Audiard sur « Un prophète« , « De rouille et d’os » et « Deephan« , Thomas Bidegain a aussi travaillé sur les films de Joachim Lafosse, Bertrand Bonnello ou Éric Lartigau. On notera que Thomas Bidegain collabore encore une fois avec Jacques Audiard pour son très attendu premier film américain.
« Les cowboys » fut l’un des plus beaux succès français de l’année 2015, et forcément quand le scénariste de Jacques Audiard passe à la réalisation, l’information a tendance à aiguiser les curiosités. Et « Les cowboys » est un véritable tour de force et d’émotion. Terriblement différent de ce qu’il laisse présager, pour son premier film, Thomas Bidegain livre là un film profond sur le basculement d’une famille. Et avec un premier film comme celui-là, on a qu’une envie, c’est que Thomas Bidegain repasse très vite derrière la caméra, histoire de bousculer un peu le cinéma français.
Alain fut autrefois un cowboy qui dansait la country dans les rassemblements du genre dans l’est de la France. Mais la vie d’Alain a basculé le jour où sa fille a disparu lors de l’un de ces rassemblements. Très vite, Alain a découvert le passé de sa fille. Dès lors, Alain n’a plus qu’une obsession, retrouver sa fille, quitte à en perdre sa famille. Dans cette quête de plusieurs années, il aura presque comme seul soutient son fils, Kid. Un fils qui le suivra partout, qui a en sacrifié sa jeunesse, son adolescence et son innocence.
On peut dire qu’il a fait fort Thomas Bidegain pour son premier film. Avec « Les cowboys« , le cinéaste signe là une odyssée bouleversante et imprévisible. Une odyssée empreinte d’émotion, de réalisme, et dotée d’une mise en scène en constante évolution qui est de toute beauté.
Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance, car l’intrigue que tient entre les mains Thomas Bidegain est pour le moins brûlante, car elle est pile dans l’actualité de ces dernières années, et le réalisateur aurait bien pu faire dans le spectaculaire ou le provocant, mais heureusement, il a été plus subtil et intelligent que ça, livrant un film qui prône la tolérance au final. Avec cette histoire, livrant le parcours d’un père, puis d’un frère pour retrouver une sœur, emportée ou non, le film vous le dira, dans l’extrémisme musulman, Thomas Bidegain nous offre un film fort et puissant. Des réseaux clandestins au Pakistan près d’Al Qaida, des plaines de l’est de la France qui ressemblent à s’y méprendre à des paysages d’Amérique, à la Belgique et la Hollande, Thomas Bidegain traîne ses personnages dans une triste enquête passionnante jusqu’à son ultime et bouleversante scène de fin.
Installant du mystère, du suspens, jouant avec les codes du western, alors que son film n’est pas un film de cowboys, le jeune réalisateur ose et propose et nous, on se laisse prendre dans son lasso qui s’étale sur près d’une vingtaine d’années. Dans ce lasso parfaitement maintenu, le cinéaste nous a réservés un parcours magnifique, dont finalement le seul reproche qu’on lui fera, ce sont ces ellipses qui traversent parfois plusieurs années de façon maladroite et inattendue. On lui reprochera aussi une BO très belle, mais dont certains passages rappelleront fortement et étrangement celle de « Prometheus« …
Ces « … cowboys« , c’est François Damiens et Finnegan Oldfield, en père et fils bouleversants chacun à leur façon. François Damiens en père perdu sans sa fille trouve là son rôle le plus fort et démontre le grand acteur qui se cache derrière les pitreries. Quant à Finnegan Oldfield, révélation magnifique du film, l’acteur est bouleversant en frère timide et effacé. S’il est clair que François Damiens tient tout le début du film sur ses épaules, c’est bien Finnegan Oldfield qui tient la suite logique du film et comme une prolongation de Damiens, l’acteur en sera, de part le parcours de son personnage, encore plus prenant.
Jolie mention pour John C. Reilly qui trouve là un petit rôle qui lui va comme un gant.
« Les Cowboys » est donc un grand film, doté d’une odyssée d’une grande beauté, de par le parcours de ses personnages, mais aussi de par son final bouleversant et son message qui appelle à la tolérance. Finement raconté, parfaitement mis en scène, on aurait presque envie de dire que Thomas Bidegain a fait pour son premier film un sans-faute !
Note : 17/20
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Par Cinéted