décembre 9, 2024

Rupture

De : Steven Shainberg

Avec Noomi Rapace, Michael Chiklis, Peter Stormare, Kerry Bishe

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

Une mère célibataire élève seule son fils. Un jour, elle est enlevée par une mystérieuse organisation…

Avis

Le festival de Gérardmer fait partie des moments immanquables en France et qui pourtant, continue à avoir du mal à subsister, la faute à des producteurs frileux et surtout, des aides insuffisantes de la part de l’état, de la région et de tout ce qui touche à la politique et à la culture. Car le film fantastique, en France, c’est mal vu. Pourtant, s’il y a bien un genre qui essaye sans cesse de se renouveler, c’est bien le cinéma horrifique, fantastique ou de science-fiction. C’est d’ailleurs grâce à des festivals comme celui-ci que certains réalisateurs sortent de l’ombre et que certains films peuvent se faire distribuer dans les salles, plutôt que de rester dans le sombre marché du DTV, le plus souvent dédié aux films de seconde zone. Et malgré un prix du jury à Gérardmer, Rupture a subi les foudres des distributeurs et ne s’est vu dédié qu’au marché du DVD/bluray, avec une sortie directement dans les bacs sans passer par la case salle obscure. Mauvais présage?

Hélas, mille fois hélas, oui. Rupture est un film qui mélange trois genres pour ne faire qu’un seul film, et au fur et à mesure de son déroulement, il va piétiner sur ces genres les uns après les autres. Malheureusement, chaque partie sera téléphonée et le film aura bien du mal à convaincre le public, la faute à des moyens limités et surtout une volonté de faire quelque chose d’intimiste mais qui manque de mise en scène viscérale pour réellement prendre aux tripes.

Le film débute donc comme un thriller assez banal. On va suivre la vie d’une mère de famille divorcée, qui s’entend mal avec son ex-mari et qui fait tout pour que son fils soit heureux. Suite à une crevaison sur la route, elle se fait enlever par une bande très organisée et elle se retrouve dans une sorte de laboratoire malsain et saturé en lumière rouge. Dès lors, la jeune femme ne pense qu’à une chose, s’évader. Cette première partie est relativement bien faite, car elle pose des bases mystérieuses et pousse le spectateur à se poser des questions sur cette étrange organisation et sur les actions de cette dite organisation. Michael Shainberg propose une mise en scène sombre mais relativement efficace, filmant près du corps et multipliant les allusions à la peau de la victime. Malheureusement, très vite, le film va prendre une autre tournure et à partir du moment où les « méchants » vont se présenter avec des lunettes télescopiques sur le front, le rire ne sera jamais loin. Difficile de rendre ces gens crédibles dans un accoutrement aussi ridicule et surtout, le flou entretenu dans les propos ne donnent pas l’envie de savoir les raisons de cette séquestration.

Le film bascule alors l’horreur et aime à s’orienter vers un torture porn soft dans lequel l’héroïne est témoin de diverses actions malsaines. Seulement, le choix du réalisateur de filmer son héroïne dans un conduit d’aération pendant près de quarante minutes n’a rien d’intéressant et surtout n’a que peu d’intérêt, tant sur le plan scénaristique que sur le plan visuel. Le film n’arrive jamais à susciter l’angoisse de la jeune femme. Les séquences qu’elle voit sont parfois étranges, comme cette dame qui se retrouve en chute libre tout en étant attachée à une grille, mais globalement, rien ne suscite la peur, la frayeur ou encore un quelconque sentiment de malaise. Mais pire que ça, ce qui aurait pu donner une sensation de claustrophobie dans ce couloir étroit demeure une balade de santé pour la jeune femme qui n’est jamais bloquée et qui semble ne pas avoir peur pour son intégrité physique. Et c’est là tout le problème du film, qui n’arrive jamais à transmettre la moindre sensation. Alors cela est dû à la réalisation, trop propre, mais aussi au personnage principal, très bien tenu par Noomi Rapace, mais qui reste anecdotique et pas assez travaillé. Comment peut-on avoir peur pour cette femme que l’on a à peine esquissée et dont la seule chose que l’on sait, c’est qu’elle est arachnophobe. Il y a un réel problème d’écriture sur ce film. Et le filtre rouge/jaune perpétuellement utilisé est d’une laideur sans nom, n’ajoutant aucune plus-value au film.

Enfin, la dernière partie se veut plus explicative et tombe clairement dans la science-fiction. Une science-fiction à la The Arrival de David Twohy qui pourrait surprendre, mais ce n’est pas le cas puisque le spectateur assidu aura déjà deviné la fin et la nature des kidnappeurs. Le film dérive lentement mais sûrement vers le Z, arpentant le chemin sinueux des effets spéciaux numériques dégueulasses, même pour fournir des araignées et l’ensemble ne tient pas une seconde la route. Non seulement c’est mal fait, mais en plus de cela, c’est mal amené et les réponses demeureront floues, notamment quand on abordera l’origine des voleurs. Si l’explication n’est pas nécessaire, la façon dont la réponse est détournée semble indiquer que le scénariste ne savait pas comment se dépatouiller avec son final. Alors peut-être que l’on peut sauver le final, suffisamment nihiliste pour surprendre un peu, mais le spectateur sera tellement dans un état second de fatigue et de je m’enfoutisme qu’au final, plus rien ne pourra le toucher, étant plus proche de l’amibe qu’autre chose.

Au final, Rupture est un mauvais film dans tous les genres qu’il traite. Thriller anecdotique dans sa première partie, film d’horreur navrant dans son deuxième segment, le métrage vire carrément dans le Z pour ce qui est de son final lorgnant vers la SF. On se demande encore comment Noomi Rapace s’est retrouvée là-dedans, accompagnée par Michael Chiklis et Peter Stormare qui devaient avoir de sacrées factures pour cachetonner dans ce film médiocre, sans intérêt et qui en plus de cela, ne donne rien comme message. Bref, un film à éviter et qui ne mérite pas du tout son prix à Gérardmer.

Note: 03/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=DibditMYUWY[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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