Auteur : Laurent Kloetzer
Editeur : Denoël
Genre : Science-Fiction, Fantastique, Thriller
Résumé :
Vostok, Antarctique. L’endroit le plus inhospitalier sur Terre. Des températures qui plongent jusqu’à – 90 °C. En 1957, les Russes y ont installé une base permanente, posée sur un glacier de 3 500 mètres d’épaisseur, ignorant alors qu’à cet endroit, sous la glace, se cache un lac immense, scellé depuis l’ère tertiaire. Pendant des décennies, équipe après équipe, puits après puits, ils ont foré la glace. Pour trouver, peut-être, des formes de vie jusque-là inconnues.
Vingt ans après la fermeture de la base, un groupe d’hommes et de femmes y atterrit, en toute illégalité. Ils vont réchauffer le corps gelé de Vostok, réveiller ses fantômes. Ils sont là pour s’emparer du secret du lac. S’ils échouent, il ne leur sera pas permis de rentrer vivants chez eux.
Situé dans le même futur qu’Anamnèse de Lady Star, Vostok narre l’incroyable aventure d’une très jeune femme, Leonora, condamnée à laisser les derniers vestiges de son enfance dans le grand désert blanc.
Avis :
Reconnu comme l’endroit le plus hostile de la planète pour l’homme, l’Antarctique devient une véritable terre d’accueil pour des fictions en tout genre. La nuit des temps de Barjavel, Les montagnes hallucinées de Lovecraft, The Thing (qui a fait l’objet d’une novellisation par Allan Dean Foster) ou, plus récemment, Résilience de Yannick Monget… Les exemples ne manquent pas, surtout quand il s’agit de récits de voyages ou d’aventures. Si le cadre est déjà exploité sous de nombreuses latitudes, il se révèle toujours aussi efficace pour des huis clos âpres ou des histoires angoissantes teintées de survivalisme. Est-ce le cas avec Vostok ?
On se retrouve dans un futur indéterminé et, comme c’est souvent le cas, peu engageant. L’évocation d’une ville et de conflits nébuleux nous emporte d’emblée dans un tourbillon d’événements qui nous échappent. Vostok prend place dans le même univers qu’Anamnèse de Lady Star. Il n’est pourtant pas spécifié qu’il s’agit d’une suite ou d’un tome annexe. Néanmoins, on a constamment l’impression d’arriver sur le tard lors de moments clefs passés. Entre une absence d’explications manifestes et l’emploi d’un vocabulaire abscons pour le profane (technologies et autres), difficile de sentir concerné ou de bien assimiler tous les tenants.
Il se passe un peu tout et n’importe quoi dans la première partie. Des conflits, une fuite éperdue, un enlèvement, des retrouvailles laborieuses… Bref, les 100 premières pages (soit le quart du livre) ne sont guère convaincantes. Pire que cela, elle n’encourage pas à poursuivre l’aventure, car là aussi, les prétextes pour se rendre en Antarctique demeurent surfaits et nébuleux à plus d’un titre. Admettons que ce faux départ donne lieu à une expédition intéressante. Malheureusement, à la confusion générale s’ajoute la linéarité navrante d’une intrigue qui s’enlisera dans une contemplation suffisante. De là à dire qu’il s’agit d’une approche nombriliste, il n’y a qu’un pas.
Des descriptions longues et ennuyeuses sont soutenues par un style littéraire redondant où la construction saccadée des phrases manque cruellement de vie. C’est simple, les séquences sont débitées sur un ton monocorde, indifférent, qui fait se succéder les mots sans jamais provoquer la moindre émotion. Un choix d’autant plus préjudiciable qu’il ne se passe pas grand-chose au sein de la base de Vostok. Des forages, des incidents techniques, des excursions extérieures bien fades, sans oublier un aspect relationnel sommaire, sans relief. À croire que l’ambiance glaciale à gagner le récit à tous les niveaux. Entre l’isolement, le froid et l’obscurité décrits en long, en large et en travers, il n’y a pas grand-chose d’autre à retenir.
Dommage, car l’atmosphère ne demandait qu’à s’épaissir au fil des pages. Le mystère qui entoure le lac souterrain de Vostok et l’aspect décalé de la science-fiction en pareille contrée aurait pu faire la différence. Mais ces deux éléments sont noyés sous une masse de données inutiles soutenues par des personnages sans consistances. Hormis deux ou trois détails, on oublie bien vite le côté anticipation du récit pour se retrouver avec un contexte peu développé en ce sens. Du moins, en dehors des innombrables descriptions techniques et contemplatives qui comblent des errances narratives par une vacuité sans limites.
Au final, Vostok est à l’image de l’Antarctique : froid et terriblement austère. En cela, il retranscrit à merveille les conditions climatiques du continent blanc, mais il s’agit bien là de sa seule réussite. Intrigue simpliste, protagonistes sans relief, style pesant… Voilà un roman de science-fiction à moitié avoué qui se perd bien vite dans ses propos et les rares influences qu’il brasse. Brouillon, ennuyeux et hautain (dans l’approche du genre et des thèmes abordés), il est difficile de retenir un aspect positif à un livre qui se révèle peu accessible. Un traitement « auteurisant » qui n’en demandait pas tant au vu d’un tel résultat. Bancal et surestimé.
Note : 07/20
Par Dante