Voici à nouveau un article sur le jeu du loup-garou, qui fait suite à celui de Flippy, pour la simple et bonne raison que ce jeu dépasse le cadre du jeu des éditions Lui-même, et qu’il est devenu, au fil des années, un véritable phénomène de société.
Notons tout d’abord les jeux édités partant sur le même principe. Rappelons en effet que le jeu de base est Mafia, de tradition orale russe, revendiquée par Dimitry Davidoff en 1986. Le thème des loups-garous a lui été rajouté par Andrew Plotkin, via le jeu Werewolf en 1997.
Parmi les nombreux dérivés sortis dans les années 2000, à la suite de Loup-Garou de Thiercelieux (2001) citons en premier lieu Ultimate Werewolf édité par Bezier Games en 2008. Une édition qui se présente avec de belles illustrations, plus d’une trentaine de personnages en option et des scénarios pré-écrits. Un beau jeu donc, mais qui ne trouve véritablement son intérêt que si l’on est vraiment très nombreux. A noter au passage un système de vote inédit à deux tours, que nous retrouverons dans le jeu Lupus in Tabula sur lequel nous reviendrons. Ultimate Werewolf a connu une réédition en 2014 esthétiquement très belle, un must-have donc pour les puristes.
DaVinci Games en 2003 et Iello en 2010 ont proposé de leur côté Lupus in Tabula, qui propose des personnages originaux et un système de jeu différent. Le gros avantage de cette version se retrouve dans le système de vote, à deux tours comme évoqué plus haut, car les éliminés du jeu continuent de voter lors du premier tour de vote ! Voilà donc gommé le défaut des joueurs qui attendent plus ou moins longtemps la fin de la partie, tout le monde jouant ensemble jusqu’à la fin. Autre particularité d’importance : le rôle des joueurs morts n’est pas révélé et c’est un rôle spécial, le médium, qui détient cette information exclusive. En cas d’hésitation sur les deux jeux, préférez celui édité par Iello, qui propose un plus beau matériel.
Terminons avec Ravensburger pour évoquer l’incontournable One Night (Loup-Garou pour une nuit – 2014), qui a connu un beau succès et le tout nouveau Loup-Garou pour un Crépuscule (2016) dont on peut présager le même succès. Il est très appréciable ici de gommer deux défauts du jeu loup-garou de base : il n’y a pas d’élimination directe (et l’inconvénient de voir le premier mort du jeu s’ennuyer à attendre la fin de la partie) et la partie est beaucoup plus courte, ce qui permet d’enchaîner les parties. D’aucuns regretteront de perdre du coup un peu de profondeur de jeu, mais on ne peut pas tout avoir !
Sur un mécanisme très proche des jeux précédents, mais dans une thématique différente, évoquons (parmi d’autres : Résistances, Mafia de Cuba, …) le Defifoo noir (Defifoo SA – 2006) et Sporz (La Donzelle Editions – 2011), le premier se situant dans un univers proche de « Cluedo », le second dans un univers spatial. Le point commun de ces deux jeux est qu’ils sont beaucoup plus mobiles, les joueurs étant invités à ne plus rester immobiles en cercle mais à déambuler dans l’aire de jeu. Le mécanisme du premier, qui consiste pour les méchants à s’approcher à pas de loup vers leur victime pour les toucher en fait un jeu très amusant, idéal à jouer avec des enfants. Le second, quant à lui, est une excellente invitation à tester le mécanisme de la murder party, pour ceux qui ne connaissent pas. Sporz possède d’autres qualités quand on le compare au loup-garou de base : il n’y a pas besoin d’autant de joueurs (on peut commencer à 5), et il y a beaucoup moins (voire pas du tout) d’élimination directe. Les puristes n’apprécieront toutefois pas que les mutants, devenus soignés, puissent dénoncer leurs anciens compères.
Si tous ces jeux trouvent leurs qualités dans la correction des prétendus défauts de Loup-Garou de Thiercelieux, celui-ci garde pour avantage d’être beaucoup plus profond et stratégique, d’autant que les éditions Lui-même ont proposé au fil des années de nombreuses extensions.
Au-delà de ces jeux trouvables dans le commerce, si le jeu du loup-garou est devenu si populaire, c’est bien que les joueurs s’en sont appropriés : à chaque groupe de joueurs que vous croiserez, vous ne manquerez pas de découvrir de nouveaux personnages, sortes de spécialités ludiques locales. A chacun ses personnages et sa façon de jouer ! D’ailleurs la simplicité du jeu fait qu’il ne s’enferme pas dans un format de jeux de société, et vous le trouverez sur internet, en ligne, sur forum, sur les réseaux sociaux, etc. 15 ans après, le bijou de Marly /de Pallières, et 30 ans après l’invention de Dimitry Davidoff, nous sommes bien là en présence d’un phénomène de société.
Par Diogène