Titre Original : Nie Yin Niang
De : Hsiao-Hsien Hou
Avec Shu Qi, Chang Chen, Yun Zhou, Ching-Tien Juan
Année : 2016
Pays : Chine, Taïwan, Hong-Kong, France
Genre : Drame
Résumé :
Chine, IX siècle. Nie Yinniang revient dans sa famille après de longues années d’exil. Son éducation a été confiée à une nonne qui l’a initiée dans le plus grand secret aux arts martiaux. Véritable justicière, sa mission est d’éliminer les tyrans. A son retour, sa mère lui remet un morceau de jade, symbole du maintien de la paix entre la cour impériale et la province de Weibo, mais aussi de son mariage avorté avec son cousin Tian Ji’an. Fragilisé par les rebellions, l’Empereur a tenté de reprendre le contrôle en s’organisant en régions militaires, mais les gouverneurs essayent désormais de les soustraire à son autorité. Devenu gouverneur de la province de Weibo, Tian Ji’an décide de le défier ouvertement. Alors que Nie Yinniang a pour mission de tuer son cousin, elle lui révèle son identité en lui abandonnant le morceau jade. Elle va devoir choisir : sacrifier l’homme qu’elle aime ou rompre pour toujours avec « l’ordre des Assassins ».
Avis :
Certaines mauvaises langues diront qu’il faut toujours se méfier des films qui remportent des prix dans des festivals et encore plus lorsqu’il s’agit de Cannes. Affublé de l’étiquette « cinéma pour bobos », il est vrai que les récents grand prix ne sont pas toujours très intéressants et flirtent sans arrêt avec un cinéma d’auteur pédant, que l’avaleur lambda de pop-corn n’en n’aura certainement rien à faire. Mais il arrive parfois que de bonnes surprises se faufilent à l’image du Pulp Fiction d’un certain Quentin Tarantino. Alors sur le papier, The Assassin avait tout pour surprendre, car avec un titre aussi racoleur et une intrigue se déroulant dans un univers médiéval chinois, on pouvait s’attendre à un film d’arts martiaux nerveux et avec un vrai fond historique. Prix de la mise en scène à Cannes, le métrage avait des atouts dans la manche. Sauf s’il l’on jette un œil à son réalisateur, Hsiao-Hsien Hou, un cinéaste qui n’est pas réputé pour son sens du rythme.
Car finalement, The Assassin rentre bien dans le cadre des sélections chichis pompons cannoises, avec tout ce qu’il faut d’arty, sans jamais prendre des risques ou brusquer qui que ce soit. Suivant une sorte de mouvance filmique propre au cinéma asiatique, The Assassin est un film d’une longueur insoutenable et d’un non-sens finalement inintéressant, n’arrivant jamais à accrocher le spectateur. D’ailleurs, il faut croire que le réalisateur était au courant, puisqu’il ne fait rien dans son film pour interpeller le cinéphile, s’amusant à amasser des plans fixes de la nature dans un monde complètement vide d’intérêt. C’est bien simple, si l’on regarde l’intrigue, le film pourrait tenir sur moins d’une heure, mais le réalisateur, afin d’étirer son film, et certainement dans l’objectif de rajouter une dose de mélancolie, ajoute des plans du vent dans les feuilles, ou encore d’un lac lorsque le soleil se lève, qui ne servent absolument à rien, si ce n’est à faire durer le métrage plus longtemps.
Alors certes, les images sont belles et dans son ensemble, on peut comprendre pourquoi le film a eu un prix de la mise en scène, car les paysages et les couleurs choisis par le réalisateur sont esthétiquement superbes. Sauf que l’on ne tient pas un film uniquement sur sa plastique et le fond est aussi important que la forme. Sauf que là aussi, ce n’est pas terrible. Sans aucune once de racisme, le film accumule des personnages qui se ressemblent et au bout d’un moment, on se demande bien qui est qui et pourquoi il exécute telle action. C’est réellement problématique pour suivre l’intrigue du film qui en pâti grandement. D’autant plus que l’on ne saisit pas vraiment les tenants et les aboutissants du film, qui se contente parfois d’aligner des scènes qui n’ont pas forcément de rapport entre elles. Si l’histoire s’appuie sur une ancienne histoire d’amour et le destin d’une femme inconsolable, il faut vraiment lire le pitch avant de se lancer dans la découverte, car très clairement, quand on regarde le métrage vierge de tout renseignement, on ne comprend rien du tout. Si on ajoute à cela que le film est d’une longueur insupportable, on se retrouve donc face à un métrage inefficace.
Inefficace aussi dans les promesses qu’il fait. Avec The Assassin, on s’attendait à des combats d’arts martiaux de fou, avec des guerriers sautant en l’air. Malheureusement, ce sera aussi la douche froide. En fait, l’héroïne est tellement puissante, qu’elle fait taire ses ennemis en deux esquives et un coup de poignard. De ce fait, les combats durent dix secondes, montre en mains, tuant dans l’œuf des promesses finalement non tenues. On a l’impression dans ce film que le réalisateur n’a pas su gérer son rythme et qu’il a voulu à tout prix faire quelque chose de contemplatif et de volontairement mou. Il n’y a pas de problèmes à cela, certains films réussis sont comme cela, à l’image de Drive de Nicolas Winding Refn, mais là, les images, malgré leur beauté évidente, n’ont rien d’exceptionnelles non plus. Le cinéma japonais a fait pareil, voire mieux, depuis très longtemps avec les films d’Akira Kurosawa par exemple.
Au final, The Assassin est un film terriblement décevant. Non seulement l’histoire demeure nébuleuse à cause d’un montage anarchique et d’une explication pas assez poussée, mais en plus le rythme du métrage est un réel problème, empêchant toute empathie, tout ressenti, et on se sent comme exclu de ce film. On a la sensation d’un film pour soi, d’un film égocentrique et qui ne partage rien avec ses spectateurs, hormis des photos magnifiques, mais qui ne sont pas non plus transcendantes. Bref, une fois n’est pas coutume, le festival de Cannes semble choisir à l’avance ses prix, préférant caresser dans le sens du poil un public bobo se gaussant d’un film arty. Sauf que ce ne sont pas eux qui font vivre le cinéma…
Note : 05/20
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Par AqME