De: Marco Bellocchio
Avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, Fausto Russo Alesi, Michela Cescon
Année: 2009
Pays: Italie, France
Genre: Drame
Résumé:
Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l’histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser, et un enfant, Benito Albino – conçu, reconnu puis désavoué. Ida rencontre Mussolini de manière fugace à Trente et en est éblouie. Elle le retrouve à Milan où il est un ardent militant socialiste qui harangue les foules et dirige le quotidien l’Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Pour l’aider à financer le Popolo d’Italia, point de départ du futur parti fasciste,elle vend tous ses biens… Lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s’engage et disparaît de la vie de la jeune maman, qui découvrira avec stupeur qu’il est déjà marié avec une autre femme. Ida n’aura dès lors de cesse de revendiquer sa qualité d’épouse légitime et de mère du fils aîné de Mussolini, mais sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut. Pourtant, elle ne se rendra jamais et ne cessera de revendiquer haut et fort sa vérité.
Avis:
Immense réalisateur italien, Marco Bellocchio fait partie des piliers du cinéma italien, un de ceux qui a façonné le cinéma italien et servi d’exemple et d’inspiration pour tout un tas de cinéastes à travers le monde. À sept soixante-seize ans, Marco Bellocchio ne compte pas moins de vingt-six longs métrages à son actif, dont son dernier, « Fait de beaux rêves« , qui va sortir en fin d’année.
Ayant traité énormément de sujets à travers sa carrière, avec « Vincere« , Marco Bellocchio avait décidé d’évoquer un destin injustement brisé. Il a décidé d’adapter un drame à l’italienne qui relate des faits réels. Avec « Vincere » Marco Bellocchio nous livre un film passionnant de par son histoire, mais aussi pour la passion dévorante de ses personnages, même quand tout espoir n’est plus. Avec ce film, Marco Bellocchio met en lumière une femme, une combattante, la maîtresse de celui que l’Italie connaît comme le Duché, Mussolini. Et c’est avec un joli sens du drame, mais aussi beaucoup d’originalité dans sa mise en scène que Marco Bellocchio nous conte l’enfer qu’a vécu cette femme.
Dans la vie de Mussolini, il y a l’officielle, celle que tout le monde connaît, celle que l’histoire raconte, puis il y en a une plus discrète. Cette vie cachée et honteuse porte le doux nom d’Ida Dalser. Ida Dalser fut la maitresse mais aussi la femme illégitime de Mussolini. Une femme avec laquelle il a eu un enfant, qu’il a reconnu puis renié. Si Ida Dalser croyait au départ au conte de fées, elle va vite être rattrapée par la réalité. Jetée en hôpital psychiatrique, elle ne va avoir de cesse tout le reste de sa vie de clamer son amour mais aussi sa haine envers le Duché.
Film historique qui voit l’évolution foudroyante de l’arrivée de Mussolini au pouvoir, « Vincère » saura autant ravir les passionnés d’histoire avec cette double vie cachée que Mussolini a soigneusement dissimulée, que les amoureux de drame profond, car « Vincère » officie sur les deux fronts et arrive à être intéressant à tout instant. Si Marco Bellocchio réalise un film sur Mussolini, qu’on ne s’y trompe pas, il sera loin d’être le personnage principal, puisque c’est quelqu’un d’autre que le réalisateur va mettre en lumière. Avec « Vincère« , Bellocchio met en lumière l’admirable parcours d’Ida Dalser, une femme qui est passée des bras tendres et forts du Duché aux hôpitaux psychiatriques dont elle ne sortira malheureusement jamais. Marco Bellocchio tient là un sujet fort et intéressant et le réalisateur le traite avec beaucoup de respect, de vérité et surtout de fait. « Vincère » est une plongée d’une trentaine d’années dans l’Italie de 1900. Sur un scénario parfaitement écrit, le cinéaste nous invite donc à suivre l’évolution du pays, appuie sur le socialisme et les oppositions qu’il provoque. Marco Belloccchio prend bien le temps de nous exposer son conflit aussi bien dans son écriture que dans sa mise en scène qui est intelligemment truffée d’images d’archives, ce qui précise encore plus le fond et le conflit, voire même le chaos qui peut régner dans le pays. Puis, ce qui est très prenant avec ce procédé, c’est que Marco Bellocchio superpose les deux histoires et finalement, tout en nous racontant le destin tragique et le combat hors norme de cette femme, il nous raconte aussi le destin de l’Italie dans ses heures les plus sombres.
La mise en scène de Marco Bellocchio est très intéressante, puisqu’elle aussi joue sur deux fronts. D’un côté, il y a ce drame touchant et injuste, ces vies brisées par l’orgueil et les conventions. Puis de l’autre, « Vincère« , de ce qu’il nous raconte sur son pays et surtout comment il nous le raconte, dégage un côté documentaire qui appuie encore plus notre attention. On remarquera aussi que cette mise en scène est étonnamment dynamique parfois, avec presque un second degré, comme si Marco Bellocchio se moquait des événements qui bousculent le pays. Les petits rajouts sur la pellicule sont donc les bienvenus car ils déstabilisent autant qu’ils fascinent.
La mise en scène est donc intéressante. L’intrigue, enfin les intrigues dans l’intrigue, sont donc intéressantes. Mais ce qui fait le cœur, le souffle et la vie de « Vincère« , ce qui fait que sans elle, le film serait moins prenant, c’est bien Giovanna Mezzogiorno qui est flamboyante et bouleversante dans le rôle d’Ida Dalser. L’actrice est magnifique dans sa détresse et l’on ne peut qu’être ému pour son personnage et se parcours hors norme. Et malgré la présence de bons acteurs comme Filippo Timi qui est génial et terrifiant en Mussolini, ou encore Michela Cescon exaspérante en nonne de l’asile de dingues dans lequel on a jeté la pauvre Ida Dalser, il est très clair que dans « Vincère » on ne voit que Giovanna Mezzogiorno qui vole la vedette à tout le monde et s’impose en étant bouleversante !
« Vincère » est donc un excellent film à découvrir. Un film intéressant du point de vue historique, du point de vue de son intrigue, mais aussi pour cette histoire honteuse et cachée que le cinéaste a décidé de mettre en lumière. Un grand bravo donc à Marco Bellocchio pour ce courage et un grand merci pour la leçon d’histoire et les émotions !
Note: 15/20
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Par Cinéted