décembre 10, 2024

La Couleur de la Victoire

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Titre Original : The Race

De : Stephen Hopkins

Avec Stephan James, Jason Sudeikis, Jeremy Irons, William Hurt

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre: Biopic

Résumé:

Dans les années 30, Jesse Owens, jeune afro-américain issu du milieu populaire, se prépare à concourir aux Jeux d’été de 1936 à Berlin. Cependant, alors qu’Owens lutte dans sa vie personnelle contre le racisme ambiant, les Etats-Unis ne sont pas encore certains de participer à ces Jeux, organisés en Allemagne nazie. Le débat est vif entre le président du Comité Olympique Jeremiah Mahoney et le grand industriel Avery Brundage. Pourtant, la détermination de Jesse à se lancer dans la compétition est intacte…

Avis:

Stephen Hopkins est un cinéaste américain que l’on pourrait qualifier de « moyen ». Quand on jette un coup d’œil sur l’ensemble de sa carrière, on ne peut pas dire que l’homme a brillé par la qualité de ses réalisations. S’il a fait quelques films sympathiques, notamment « Blow Away » ou « L’ombre et la proie« , la plus grosse partie de sa carrière est très loin d’être fameuse, « Perdus dans l’espace » ou encore « Suspicions« , remake détestable du génial « Garde à vue » de Claude Miller, Stephen Hopkins déçoit donc plus qu’il ne passionne.

Et c’est pourquoi « La couleur de la victoire » est d’autant plus surprenant, car en plus d’être un excellent film, il se pose aussi comme le meilleur de son réalisateur. Jesse Owens, un nom que l’on connaît tous et qui méritait assurément son biopic. Mais ce biopic était aussi un objet que l’on était en droit de craindre, puisque Stephen Hopkins se trouvait derrière la caméra, mais au final, le réalisateur étant très inspiré par son sujet et surtout l’époque, il nous livre un film passionnant, humain, tendu et révoltant qui rendra un bel hommage à l’athlète qu’était Jesse Owens. Et si le film est un bel hommage, le réalisateur n’oubliera pas les conditions dans lesquelles se sont tenus ses Jeux olympiques. Ainsi « La couleur de la victoire » sera plus étonnant d’une certaine façon et traitera de plusieurs sujets durs et injustes et le tout ne s’égarera jamais pour notre plus grand plaisir.

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Amérique, les années 30, Jesse Owens, né dans une famille afro-américaine, est le premier homme noir à entrer à l’université. Alors qu’il aurait pu intégrer n’importe quel campus, il a choisi l’université d’État de l’Ohio, une université où la discrimination raciale est encore de mise. C’est là qu’il va faire la connaissance de Larry Snyder, l’entraîneur de l’université et ancien athlète. Très vite, Larry Snyder détecte le potentiel d’Owens. Allant contre tous, Snyder va entraîner Owens et ainsi l’emmener des compétitions nationales aux Jeux Olympiques de Berlin en 1936, sous l’Allemagne nazi.

Avec ce biopic, Stephen Hopkins livre une belle leçon de vie, de sport et de courage, qui même si elle est un poil trop académique, n’en sera pas mois superbe.

« La couleur de la victoire« , c’est la qualité d’un scénario parfaitement tenu, qui s’aventure plus loin que l’homme qui « défia » l’Allemagne nazie. Dans sa construction, le film de Stephen Hopkins est très convenu et ne surprendra pas. Hopkins, comme on s’en doute, nous racontera l’arrivée d’Owens dans cette université, les difficultés qu’il va rencontrer face aux haines raciales, il nous racontera ses premières victoires, l’engouement populaire, puis les envolées vers ces jeux controversés et enfin ces médailles gagnées devant cette foule qui va être contradictoire. Une foule capable en un instant de saluer l’arrivée d’Hitler et tout ce qu’il représente et l’instant suivant de scander le nom de l’athlète qui représente ce que l’Allemagne de l’époque hait le plus. Et c’est bien dans cette contradiction et cette pression que se trouve le cœur du film d’Hopkins. Le réalisateur a parfaitement su trouver le ton juste pour parler de ces contradictions. Owens, c’est l’homme de couleur qui part représenter l’Amérique dans une Allemagne haineuse, alors même que dans son pays, la ségrégation a toujours lieu. La dernière scène du film sera même édifiante de bêtise. Avec ce film, on pourrait donc faire, dans les très grandes lignes, un parallèle entre les différentes réactions des Allemands et des Américains.

Si le début est comme on se l’imaginait, le réalisateur, dans la seconde partie de son film, installe une ambiance des plus étranges. Une ambiance prenante et terrifiante à la fois. On est totalement en immersion dans ces jeux. Des jeux qui démontrent et laissent deviner par de petits éléments ce que le monde va connaitre d’ici peu. Car derrière la fête que sont les jeux, Stephen Hopkins instaure très bien la haine, la peur, la pression et l’hypocrisie que le régime nazi installe peu à peu. Et ce qui est encore terrifiant, c’est que le réalisateur filme le tout sans machiavélisme, dans une normalité certaine que beaucoup voient, sans se rendre compte que ce qui est en train de s’installer (on pourrait même faire un parallèle avec l’actualité d’aujourd’hui). Le tout est bien vu et ne tombe pas dans la surenchère. Stephen Hopkins est très inspiré et alors même que son film est capable de tenir des propos exécrables, alors qu’il peut être terrifiant, voir les scènes d’entrées d’Hitler dans le stade ou encore l’inexpression de Goebbels, le réalisateur ne tombe pas dans la facilité de la dénonciation, dans la facilité du jugement alors que le film aborde aussi les différentes politiques et décisions qui ont pu être prises pour que l’Amérique entre dans la compétition. Stephen Hopkins filme ces jeux, ces nations, ces athlètes avec retenue, sans pathos, nous laissant nous seuls juge du bien ou du mal de ce que le réalisateur nous présente. Et c’est aussi pour cela que « La couleur de la victoire » est un film si fort.

On notera que la réalisation de Stephen Hopkins est très studieuse. De belles reconstitutions, de belles scènes qui seront tour à tour intéressantes ou encore agaçantes par tant de bêtises. Le film détient de bons effets spéciaux et enfin, il assure le spectacle sans temps mort. On pourra simplement reprocher au réalisateur d’avoir livré un film linéaire, qui comme je le disais plus haut, ne surprend pas. Mais comparé à d’autres films d’Hopkins, et même à d’autres films qui abordent le racisme dans toutes ses formes, on ne va pas se plaindre et l’on restera sur le positif.

Dans le positif, on retiendra aussi que Stephen Hopkins s’est entouré d’un joli casting international pour son film. Un casting charismatique que l’on se plaît à suivre et dont on retiendra même certaines révélations. Jesse Owens est incarné par Stephan James qui tient là son premier grand rôle et le jeune est impeccable, livrant une performance touchante pour un personnage passionnant. Autre révélation, c’est Barnaby Metschurat qui incarne avec une froideur terrifiante Josef Goebbels. On notera aussi que Jason Sudeikis trouve un rôle à contre-emploi qui lui va à merveille. L’acteur démontre qu’il peut faire autre chose que le pitre si on lui faisait un peu plus confiance.

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« La couleur de la victoire » est donc la très belle surprise de cette fin Juillet. Avec ce film, Stephen Hopkins, qui marque son retour au cinéma neuf ans, après son plus que dispensable « Les châtiments« , nous emporte dans une histoire passionnante, lourde et injustement belle. Une histoire et un film plein d’émotions, parcouru de moments tendus, qui laisse entrevoir avec une certaine fatalité la montée fulgurante du nazisme. Cette montée que le monde voit, dont il se méfie, mais qui reste loin d’imaginer ce qu’elle peut représenter. Bref, en réalisant ce biopic sur Jesse Owens, en plus d’être le meilleur film de son réalisateur, Stephen Hopkins réalise surtout un film humaniste, plein de courage et de dignité.

Note : 16,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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