Joe l’Implacable

Titre Original: Dynamite Joe

De : Antonio Margheriti

Avec Rik Van Nutter, Halina Zalewska, Mercedes Castro, Renato Baldini

Année: 1967

Pays: Espagne, Italie

Genre: Western

Résumé:

Suite à une multiplication des attaques de convoi après la Guerre de Sécession, Dynamite Joe, un agent spécial, est chargé de surveiller un chargement d’or.

Avis:

Quand on regarde la filmographie d’Antonio Margheriti, on s’aperçoit rapidement que le monsieur était un vrai fan de cinéma de genre. Sa liste de films parle pour lui (il est décédé en 2002) avec des titres comme La Sorcière Sanglante, Danse Macabre, Les Diablesses ou son dernier film Ticks Attack. Il est aussi le papa de Virus Cannibal, film assez connu dans le monde de l’horreur underground. Joe l’Implacable est son premier western et on sent bien qu’il n’est pas très à l’aise dessus. En effet, Antonio Margheriti est passionné par les trucages et les explosions au cinéma. Il était d’ailleurs l’un des rares à faire des merveilles sur des maquettes avec très peu de choses. C’est un peu ce qui l’a poussé vers Joe l’Implacable ou Dynamite Joe, car il y a avait des explosions dans tous les sens. Seulement, manier comédie et western n’est pas une chose aisée, surtout quand on aime l’horreur et l’épouvante britannique. Néanmoins, le film a su garder un certain charme et nous allons voir pourquoi. Petite escapade vers Mine City avec le célèbre Dynamite Joe!

Oh! Un ersatz de Clint Eastwood!

L’histoire de ce métrage est relativement simple à comprendre et sa construction se pose sur trois segments bien distincts et peut-être  un peu trop visible. Alors que les convois d’or sont continuellement attaqués par des brigands, une assemblée de sénateur commence à s’inquiéter grandement pour leurs bourses. Si l’un demande que l’on augmente la valeur de l’or pour se remplir les fouilles avec ce qu’il leur reste, un autre sénateur a l’idée d’embaucher un certain Dynamite Joe, agent spécial, pour faire transférer tout l’or d’une banque. Voilà le point de départ de l’histoire qui sera sujet quelques rebondissements, pas mal de passages loufoques et une bonne dose d’explosions autant improbables que grossières. Seulement, Joe l’Implacable a su garder une âme d’enfant, et si certains moments sont assez lourds comme l’explosion de la moitié d’une montagne et le raz de marée qui dévaste une ville, le film contient de bons moments et on s’ennuie rarement. Le premier segment concerne le voyage jusqu’à Mine City, la rencontre avec l’Eponge, le sidekick, et la découverte d’un méchant. Ce moment est très agréable à suivre, notamment grâce au personnage de l’Eponge, très loufoque et dans la surenchère, rappelant le duo comique Bud Spencer et Terence Hill. Si certains passages sont franchement bêtas, comme la bagarre dans le saloon avec les mecs qui se jettent dehors ou encore l’explosion dans le bureau où il ne reste qu’une chaussure, le film a l’audace de montrer d’emblée qu’il s’agit d’une comédie familiale et non pas d’un western sombre et sérieux. Le deuxième segment concerne le convoi en lui-même et l’attaque par des bandits recrutés par le premier méchant. Les courses-poursuites sont de mise et on se régale à voir tout ce petit monde se tirer dessus. C’est plutôt bien filmé et sympathique. Enfin, le dernier segment concerne la résolution du problème et la surprise de fin, avec un twist final assez inattendu. Alors on reprochera cette approche un peu trop humoristique avec certaines scènes loufoques, comme le passage de la lettre à la table des sénateurs en accéléré ou encore qu’à chaque explosion, il ne reste rien des méchants, pas même une chaussure, mais cela a son charme et si on prend le film pour ce qu’il est, une comédie dans un western, on prend un certain plaisir.

Donne-moi ce pistolet, tu vas faire une connerie!

Malgré tout le charme se dégageant de ce film et sa volonté de coller au plus près des westerns sérieux, il y a quand même un petit côté agaçant, un sentiment de mauvaise foi qui règne. En effet, dès le départ, on se croit dans un film sérieux, avec un ersatz de Clint Eastwood, avec ses cheveux gris et son allure élancée, mais très rapidement, on tombe dans l’humour enfantin et cela peut décevoir. Alors est-ce un manque de budget? Un manque d’idée? Ou alors l’envie de changer de registre pour faire quelque chose de plus léger après les films d’horreur? Quoiqu’il en soit, le film peut décevoir. Rik Van Nutter joue Joe et s’il est assez charismatique au début avec son regard bleu perçant, on va vite déchanter par la suite, car il s’avère assez maladroit dans le registre de l’humour et on a l’impression qu’il n’y croit pas une seule seconde, en atteste son entrée dans le bureau des sénateurs avec l’explosion du mur et le serviteur qui est tout noir. Heureusement, l’acteur qui joue l’Eponge est bien plus convaincant, léger et fait le sidekick parfait, car on s’attache plus à lui qu’au héros. On niveau des actrices, cela reste assez frivole, mais on est dans le domaine de l’humour et que ce soit la blonde ou la brune, chacune d’entre elles tire son épingle du jeu et elles demeurent assez amusantes. Bien entendu, les clichés seront présents, comme les sénateurs maquillés, le petit banquier rapiat et inquiet pour son or, le méchant mexicain gras du bide avec son fauteuil attitré ou encore les filles de joie qui se révèlent être de redoutables guerrières. Bref, on a droit à beaucoup de surjeu et tout ce petit monde ne se prend pas trop au sérieux, mais cela reste assez frais et agréable.

Qu’est-ce que c’est que ces rouflaquettes!

Au final, Joe l’Implacable est une comédie enfantine, sympathique qui prend place dans l’univers du western spaghetti. Si le film se laisse suivre sans trop de problème, il ne faut pas s’attendre à un chef d’œuvre du genre et ne pas trop se fier à la jaquette qui évoque quelque chose de sérieux. La galette proposée par Artus est d’excellente qualité, avec une image magnifique malgré quelques passages aux effets spéciaux douteux et surtout, avec un entretien passionnant expliquant les choix de Margheriti sur ce film et en revenant sur ses précédents films, comme le très conseillé Et le Vent Apporta la Violence avec Klaus Kinski.

Note: 13/20

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