Avis :
L’univers du rap américain est peuplé d’énergumènes au talent plus ou moins contestable. Et bien souvent, ce sont plutôt les frasques des tabloïds qui affolent les fans, donnant une image sulfureuse, mais restant toujours sur le devant de l’affiche. Parce que dans un monde de musique fast-food, il faut rester le plus souvent sur le devant de la scène, quitte à passer pour un débile, un pervers ou un voyou. Et Kanye West s’est fait une spécialité du scandale et de la crétinerie profonde. Entre du profond mépris pour les personnes en situation de handicap, après une sex tape houleuse avec sa femme Kim Kardashian et suite à des affaires de dettes, autant dire que le rappeur fait plus parler de lui pour ses débilités en dehors de la musique que pour son son lui-même. Et ce n’est pas faute d’avoir vendu des millions d’exemplaires, d’être le rappeur le plus récompensé et d’avoir trois albums parmi les plus importants du monde selon le magazine Rolling Stones. Au milieu de tout ça, il se pourrait que Kanye West ait du talent, alternant toujours les genres afin de surprendre. Mais le rappeur est à la musique ce que Ribery est au football, un teubé qui est bien entouré pour lui faire faire les bons choix. Seulement, avec ce septième album, il semblerait que les amis de Kanye West ait pris le large, tant parmi ces dix-huit pistes, rien ou presque ne sort de l’ordinaire et de la facilité.
Le skeud démarre pourtant de façon plutôt intéressant avec un mix de gospel et r’n’b assez classieux. Sans pour autant bousculer les codes, le rythme lancinant du titre fait que c’est agréable à l’écoute et change un petit peu de la masse impersonnelle du rap actuel. Cependant, il ne faudra attendre grand-chose de la suite de l’album. Si certains titres sont plutôt intéressants, le reste ne sera qu’un marasme sans identité et sans saveur, tenant souvent plus de l’essai musical que du vrai morceau. D’ailleurs, tenir moins d’une heure en dix-huit titres est une preuve du manque de créativité du rappeur. Mais ne crachons pas trop vite dans la soupe, et des titres comme FML en featuring avec The Weeknd sont relativement sympathiques. La raison est simple, la rythmique plus lente, l’introduction plus posée, l’ambiance plus délétère, le rap qui démarre plus tard et qui s’insère parfaitement dans le titre, tout est réuni pour en faire un titre phare du rappeur et de son septième album. On ressent d’ailleurs la patte de The Weeknd dans ce titre, qui gère parfaitement les parties en chant clair. On retrouve des morceaux plus old school avec 30 Hours par exemple, qui s’inscrit dans une démarche sans surprise, autant au niveau des textes que de l’instrumentalisation, mais qui risque écoutable à plus d’un titre. Enfin, le dernier titre, plus électro que le reste du skeud est un titre très intéressant, malgré la présence d’un autotune complètement horrible, dénaturant complètement la volonté de force vocale.
Mais le problème, c’est que l’album est perclus jusqu’à la moelle de morceaux qui n’en sont pas vraiment. Entre des interludes aussi inutiles que débiles (I Love Kanye, vive l’autosatisfaction) et des titres qui donnent l’impression de ne pas avoir de fin ou de schéma structurel cohérent, The Life of Pablo se pose comme un album volontairement tape à l’œil et qui pourtant n’a rien à offrir. Pire que cela, le rappeur s’octroie des titres alors que l’on n’entend même pas sa voix dessus ! Et que dire des multiples featurings qui peuplent le skeud ? Pas grand-chose si ce n’est qu’à chaque qu’il y a un duo, Kanye West s’efface complètement à un tel point que l’on a l’impression d’entendre un morceau de l’album de Rihanna ou de Chris Brown. De ce fait, peut-on vraiment dire que The Life of Pablo est réellement un album de Kanye West ? C’est très difficile à dire, d’autant plus que si le skeud est généreux avec ses dix-huit pistes, rien ou presque ne reste en tête malgré des écoutes répétées. Il faut dire que l’album reste calibré, sans surprise et qu’il n’a pas de volonté à engendrer autre chose que du fric. Et ce n’est pas sa disponibilité limité à Tidal qui va nous faire dire que Kanye West est devenu un mec modeste qui ne fait de la musique que par passion.
Au final, The Life of Pablo, le septième album de Kanye West, est une farce infâme qui montre que malgré des featurings avec des personnalités en vogue, on peut faire un mauvais album. Entre un autotune pété, des rythmiques lénifiantes et un manque profond de créativité, ce skeud est finalement le reflet de notre société, factice, impersonnelle, égoïste et surtout, superficielle.
- Ultralight Beam Feat. Chance the Rapper, The-Dream et Kirk Franklin
- Father Stretch my Hands, Pt.1 Feat. Kid Cudi
- Father Stretch my Hands, Pt.2 Feat. Desiigner
- Famous Feat. Rihanna et Swizz Beatz
- Feedback
- Low Lights
- Highlights Feat. Young Thug
- Freestyle 4 Feat. Desiigner
- I Love Kanye
- Waves Feat. Chris Brown
- FML Feat. The Weeknd
- Real Friends Feat. Ty Dolla Sign
- Wolves Feat. Frank Ocean et Caroline Shaw
- Silver Surfer Intermission
- 30 Hours Feat. André 3000
- No More Parties in L.A. Feat. Kendrick Lamar
- Facts (Charlie Heat Version)
- Fade Feat. Post Malone et Ty Dolla Sign
Note: 03/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=TVFj1X1P0ck[/youtube]
Par AqME