Titre Original : Rope
De : Alfred Hitchcock
Avec James Stewart, John Dall, Farley Granger, Joan Chandler
Année: 1948
Pays: Etats-Unis
Genre: Thriller
Résumé:
Deux étudiants en suppriment un troisième, pour la seule beauté du geste. Défi suprême, le meurtre précède de peu une soirée où ils reçoivent les parents de la victime et leur ancien professeur.
Avis:
S’il y a bien un cinéaste britannique qui mérite le titre de légende du cinéma, c’est Sir Alfred Hitchcock. Maître du suspense, génie de l’image, visionnaire, il a tout simplement façonné le cinéma moderne. En plus d’une cinquantaine d’années de carrière Hitchcock laisse une œuvre incomparable et surtout indémodable. Une œuvre qui n’a pas fini de fasciner les générations futures de cinéphiles.
Si on cite d’emblée des films comme « Psychose« , « Sueurs froides« , « La mort aux trousses » ou encore « Les oiseaux« , Alfred Hitchcock compte bien plus de films à son actif. Des films qui, chacun à leur manière, démontrent avec beaucoup de maîtrise l’ambition du réalisateur à offrir un cinéma marquant, osé, qui sort des sentiers battus.
« La corde » est un huis-clos magnifiquement bavard, machiavélique à souhait, tendu comme rarement et cynique à la fois. Un film qui nous emporte dans une histoire sombre, infâme, portée par une mise en scène brillante. Avec « La corde« , on notera que le film marque la première collaboration entre le réalisateur et James Stewart, son acteur de « sueurs froides » ou « Fenêtre sur cour« .
Brandon Shaw et Phillip Morgan sont deux jeunes hommes qui viennent de tuer l’un de leur camarade en l’étranglant avec une corde. Ce meurtre n’a aucune raison particulière, les deux hommes l’ont commis pour la beauté du geste et l’adrénaline qui va avec. Et comme si l’ambiance n’était pas assez tendue, ils ont tué le jeune homme dans leur salon peu avant de donner une belle réception. Ils ne pourront donc pas se débarrasser du corps de suite. Il faudra donc le cacher dans la pièce. Et comble de la perversité, parmi les invités se trouve les parents de leur victime. La soirée s’annonce donc tendue et intéressante.
« La corde« , un titre pour le moins énigmatique. Que peut-il se cacher derrière ce simple mot ? De quoi le génie Hitchcock va-t-il nous parler ? Que va-t-il nous raconter ?
Adapté d’une pièce de théâtre, derrière ce titre tout simple se cache en réalité un film extraordinaire et peut-bien l’une des histoires les plus noires que le réalisateur ait racontées jusqu’à maintenant. Son intrigue est pourtant toute « simple », mais le cinéaste arrive à faire un film d’une tension palpable.
Ce qui m’a terriblement pris dans ce film, c’est la gratuité de ce meurtre. Pourquoi avoir tué ce jeune ? Simplement parce que les personnages pouvaient le faire. Et avec ce petit détail, le réalisateur va construire un film qui sonde les caractères les plus noirs de l’être humain, rendant le personnage de Brandon Shaw fascinant et horrible en même temps. Dans un sens, le réalisateur pousse le public dans ses retranchements, car il arrive à rendre ce personnage, horripilant et arrogant, attachant et on aurait presque envie qu’il s’en sorte. D’ailleurs, notre avis le concernant va plusieurs fois changer au rythme des rebondissements et des tensions que le réalisateur s’amuse à faire. Le film tient son suspens jusqu’à sa fin, alors même que l’on devine très vite qu’ils vont finir par se faire coincer, le mystère reste à savoir comment et c’est le personnage joué par James Stewart qui va apporter tout ce mystère. Soupçonneux dès son arrivée, ce huis-clos se transforme subtilement en enquête de la part du personnage qui va analyser (et nous aussi) les comportements des deux personnages, les dialogues, l’inquiétude ou non qui se lit sur leurs visages et c’est ce qui va rendre le film captivant et tendu.
La tension est aussi apportée par l’incroyable mise en scène du cinéaste. Filmé comme un long plan séquence, le réalisateur arriverait presque à donner l’illusion que le film a été tourné en une seule prise. Ce plan-séquence donne aussi l’impression d’assister à une pièce de théâtre que le réalisateur aurait filmée. Ainsi, il conserve « les origines » de l’intrigue. On notera que c’est le premier film qu’Hitchcock tourne en couleurs et d’emblée, le réalisateur fait des merveilles. En plus de jouer parfaitement avec la tension, le réalisateur réalise un film très beau à regarder.
Enfin, « La corde » c’est aussi ces comédiens, d’ailleurs comment ne pas en parler tant ils sont excellents dans leurs rôles. Tour à tour démoniaque (John Dall), fascinant (James Stewart) ou encore touchant au final (Farley Granger), le trio est génial, et l’un ne va pas sans l’autre.
« La corde » est donc encore une fois une magnifique réussite de la part d’un réalisateur qui ne cesse encore et encore de me surprendre à chaque film que je découvre. Ingénieux, maîtrisé, tendu comme jamais, fascinant de psychologie, magique dans ses dialogues et emporté par des comédiens géniaux, franchement, je n’en attendais pas autant, surtout d’un film dont je n’avais que trop peu entendu parler. Bref, je suis totalement conquis.
Note : 18,5/20
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Par Cinéted