Auteur : Lisa Unger
Editeur : Pocket
Genre : Policier
Résumé :
Imaginez… Vos parents ne sont pas ceux que vous croyiez et votre oncle se révèle être votre père biologique. Bien entendu vous apprenez cela après le tragique accident qui lui a coûté la vie. Sous vos yeux. Alors que vous essayez de reprendre une vie normale, le FBI vous annonce que, finalement, cet homme est vivant – et activement recherché par leurs services – et qu’il vous suit comme votre ombre. Que feriez-vous ? Ridley Jones, elle, a choisi : sans identité, ne sachant plus sur qui compter, elle va tout faire pour retrouver cet inconnu qu’elle croyait connaître…
Avis :
À l’instar de leurs confrères scandinaves, les auteurs américains possèdent une solide réputation lorsqu’ils explorent le domaine policier. Des ambiances sombres et crasseuses, des personnages remarquables, sans oublier un sens de l’intrigue tendu comme une corde de violon. Quand le succès pointe le bout de son nez à leur palier, on leur offre les joies de la scène internationale et une traduction en plusieurs langues (25, dans le cas de Lisa Unger). Autrement dit, une solide assise et une reconnaissance critique et commerciale censées conforter le lecteur sur les qualités intrinsèques de l’histoire.
Il arrive néanmoins qu’on reste dubitatif sur les raisons d’une publication au vu du sentiment plus que mitigé qu’un livre nous laisse en travers de la gorge. En première ligne de mire, Sans issue est la suite directe (et c’est un euphémisme) de Cours, ma jolie. Si vous souhaitez découvrir le présent ouvrage sans connaître le précédent opus, passez votre chemin. Les deux romans sont tellement liés qu’on a l’impression d’une seule et même histoire coupée en deux pour des besoins éditoriaux. Seulement, il est difficile de trouver un attrait quelconque à ce deuxième tome tant l’intrigue policière semble cousue de fil blanc.
Entre un démarrage nonchalant, une progression laborieuse et pénible à suivre ou la complaisance de l’auteur/narratrice, le récit n’est en rien plaisant. D’ailleurs, le personnage principal ne saisit elle-même que tardivement le but d’une visite ou ses préférences pour privilégier une piste au lieu d’une autre. On nous inflige de grands moments rocambolesques où l’intéressée choisit de rappeler son ex-fiancé assez bien foutu (d’après ses critères) plutôt que son frère dépressif ou son dernier ex (pas le premier !) qui, eux deux, possèdent des informations plus pertinentes à ses investigations. Vous l’aurez compris, les chapitres se succèdent avec un manque total de cohérence.
Il ne reste que les pérégrinations de Ridley Jones pour nous tenir éveillés. Le problème réside dans sa personnalité. Entre son tempérament « grande-gueule », ses sautes d’humeur, ses envies de tordre le cou à la moindre contrariété ou à ceux qui les ont provoqués, on a droit à une jeune arriviste imbue d’elle-même qui se permet de juger tout en se croyant au-dessus des autres. N’oublions pas également les incohérences comportementales et scénaristiques pour obtenir une narratrice agaçante et surfaite qui préfère se plonger dans ses « merveilleux » souvenirs ou se pencher sur ses déboires sentimentaux que de faire la lumière sur…
Sur quoi au juste ? La vraie fausse disparition de son oncle qui est en fait son père biologique, des agissements bizarres d’un agent du FBI pataud ou de la mafia albanaise qui n’a rien à faire là ? On évoque tout et n’importe quoi, et ce, sur différents tons. Les traits d’esprit et le sens de l’humour pour le moins navrant n’aident pas à atténuer un constat des plus déplorables. A ce titre, la formule « …être détendu comme un SDF quand il se repose dans son salon… », reste quand même l’une des plus grosses âneries que l’on peut lire dans un best-seller, et ce, sans aucun second degré. Une multitude d’atermoiements, de jérémiades et de caprices plus tard, on se rend finalement compte que la ligne directrice s’éparpille sur un point de départ peu entraînant et un dénouement peu surprenant, voire ridicule.
Au final, Sans issue porte bien son nom. Véritable impasse littéraire (style simpliste et sans originalité), le livre de Lisa Unger préfère tergiverser et s’appesantir sur le quotidien de sa détestable narratrice plutôt que de progresser dans les méandres de l’enquête principale. Il en ressort une histoire bancale, brouillonne sans la moindre touche personnelle. Miné par un rythme lancinant et un engouement qui décroît très rapidement, on n’arrive nullement à trouver un semblant d’intérêt pour les péripéties maladroites et prévisibles de Ridley Jones. Un roman policier qui n’en est pas véritablement un au vu de la facilité de son récit qui ne raconte finalement pas grand-chose hormis les états d’âme d’une jeune femme aussi énervante qu’égocentrique. En ce sens, l’emploi de la première personne du singulier se prête bien à son caractère.
Note : 06/20
Par Dante