D’Après une Idée de : Steven Knight
Avec Cillian Murphy, Sam Neill, Noah Tyler, Helen McCrory
Pays: Angleterre
Genre: Historique
Nombre d’Episodes: 6
Résumé:
En 1919, à Birmingham, soldats, révolutionnaires politiques et criminels combattent pour se faire une place dans le paysage industriel de l’après-Guerre. Le Parlement s’attend à une violente révolte, et Winston Churchill mobilise des forces spéciales pour contenir les menaces. La famille Shelby compte parmi les membres les plus redoutables. Surnommés les « Peaky Blinders » par rapport à leur utilisation de lames de rasoir cachées dans leurs casquettes, ils tirent principalement leur argent de paris et de vol. Tommy Shelby, le plus dangereux de tous, va devoir faire face à l’arrivée de Campbell, un impitoyable chef de la police qui a pour mission de nettoyer la ville. Ne doit-il pas se méfier tout autant la ravissante Grace Burgess ? Fraîchement installée dans le voisinage, celle-ci semble cacher un mystérieux passé et un dangereux secret.
Avis:
Steven Knight est un bon réalisateur. C’est lui qui a réalisé l’excellent « Locke » avec Tom Hardy sorti l’année dernière. Mais c’est aussi un excellent scénariste puisqu’on lui doit des films tels que « Les Promesses de l’ombre » ou « Closed Circuit« . Mais là, le réalisateur a franchi un nouveau cap, puisqu’il a décidé de créer, produire et scénariser une nouvelle série anglaise qui s’aventure dans la mafia de Birmingham en 1919. Cette série, c’est « Peaky Blinders« .
Série anglaise ambitieuse, « Peaky Blinders » est de grande qualité autant par son intrigue que par sa distribution et son ambiance passionnante. C’est dans un Birmingham incroyablement reconstitué que Steven Knight nous invite à suivre les déboires de la famille Shelby, qui compte parmi les membres les plus redoutables de leur époque. Sorte de « Gangs Of New-York » à l’anglaise Peaky Blinders étonnera autant qu’elle percutera.
Birmingham, 1919, la famille Shelby vit de petits larcins et de paris manipulés. Un jour sans le vouloir, ils font un plus gros coup que prévu et vole dans un entrepôt une quantité d’armes assez conséquente. Le gouvernement anglais qui essaie de maintenir la révolte dans le pays, dépêche alors l’inspecteur Campbell, un homme connu pour ses méthodes redoutables et ses interrogatoires dont personne n’arrive à garder une information secrète. Quand Campbell arrive à Birmingham, il trouve une ville livrée à elle-même et il est bien décidé à non seulement trouver les responsables de ce vol, mais aussi à remettre un peu d’ordre dans les rues. La famille Shelby va devoir faire avec l’arrivée de ce chef de police, mais aussi régler les différents problèmes qui l’opposent à d’autres gangs. Une chose est sûre, Birmingham n’est pas prête de trouver la paix.
La première chose qu’on remarque quand on se plonge dans la série de Steven Knight, c’est sa qualité visuelle. Esthétiquement irréprochable, « Peaky Blinders » fait tous les bons choix et nous immerge très vite dans cette Angleterre de 1919 socialement ravagée. L’ambiance est incroyable et génialement décalée. On navigue entre réalisme visuel (ambiance, décors, costumes, tout est réussi) et social, en décalage complet apporté par une bande originale terrible emportée par les sons des Whites Stripes, Nick Cave ou PJ Harvey, ce qui lui donne des allures très rock.
Cette première saison est réalisée par Otto Bathurs et Tom Harper, qui se sont divisés la série en deux, c’est-à-dire trois épisodes chacun. La mise en scène des deux réalisateurs est raffinée et intime à la fois, la photographie est magnifique, surtout pour le petit écran, j’ai beaucoup aimé l’ambiance et les couleurs ternes choisies. Otto Bathurs s’occupe de nous présenter la série. De nous présenter les personnages et les conflits qui vont naître entre eux. Il installe pas mal de suspense et de questions. D’emblée, il rend la série intéressante. On suit avec plaisir l’arrivée de ce chef de police dans la ville, comme la découverte de cette fratrie, de leurs règles, leurs envies, le respect et la peur qu’ils imposent. On découvre le pourquoi du nom de leur « gang », ou le passé glorieux de certains personnages, évoquant la Première Guerre Mondiale. « Peaky Blinders » ne laisse rien au hasard, elle sent le détail à chaque instant, ce qui la rend d’autant plus intéressante. Puis, quand l’intrigue commence à augmenter, quand les conflits et les trahisons commencent à se faire de plus en plus présentes, Otto Bathurs laisse la place à Tom Harper qui va venir approfondir, développer et nous tenir en haleine jusqu’à la fin de ce sixième épisode. Et une fois arrivé, on comprend que « Peaky Blinders » et ses complots se faisaient que commencer et qu’elle n’a fait que s’installer durant cette première saison.
« Peaky Blinders » se démarque aussi par son casting très « cinéma ». Faisant appel à des acteurs plus connus pour être sur les grands que les petits écrans, « Peaky Blinders » s’offre une interprétation de luxe. Cillian Murphy est parfait en chef de la fratrie Shelby. L’acteur trouve encore une fois un excellent rôle, et il incarne Tommy avec calme et charisme. Son personnage est passionnant, il est assez imprévisible, capable de passer d’un calme absolu à une violence extrême et Murphy arrive parfaitement à jouer avec la frontière. C’est un personnage que j’ai beaucoup aimé et en même temps qui m’a laissé quelque peu mal à l’aise à chaque fois. Face à lui, la série se paye Sam Neill dans la peau d’un chef de police énigmatique, froid, dur, qu’on va pourtant apprendre à apprécier au fil des épisodes. L’espèce de confrontation qui officie entre les deux personnages est géniale. Qui tient qui ? Qui manipule qui ? Comment ça va évoluer entre eux ? Toutes ces questions et bien plus encore s’invitent à chaque entretien qu’ils ont ensemble. On la connaît depuis un petit bout de temps, on l’a vu dans une pelletée de films, et enfin elle entre dans la lumière et la série lui laisse un rôle en or, je parle de la talentueuse Helen McCrory (que beaucoup connaissent sous les traits de Narcissa Malefoy). L’actrice est terrible et tient tête avec une présence admirable à Cillian Murphy. Personnage présent et discret à la fois, elle m’a beaucoup touché de part sous côté « sous-marin » essayant d’arranger les choses à chaque fois. La série offre aussi de très beaux rôles à d’autres comédiens anglais moins connus comme Iddo Goldberg, Paul Anderson, Annabelle Wallis (que j’avais trouvé très fade dans « Annabelle » et qui est ici très bien), David Dawson.
Je ne regrette donc absolument pas de m’être lancé dans cette courte mais excellente première saison. À la rigueur, j’aurais aimé que la série ne soit pas aussi « classique » dans son fil rouge (faut dire aussi qu’on a tellement vu de film sur la mafia, que c’est compliqué de ne pas faire dans le « déjà-vu »). Puis je trouve que la série aborde très bien le contexte social de l’époque. À chaque scène ou presque, on ressent un climat tendu, et ça ne vient pas toujours des conflits et des problèmes liés aux Shelby.
On a donc à faire à une série intelligente, maîtrisée, détaillée, fournie, dont l’intrigue est passionnante et parfaitement écrite, où les acteurs sont terribles, où l’ambiance est géniale, et la BO magique, alors franchement que demander de plus, si ce n’est d’avoir vite la saison deux, qui se paye le luxe d’avoir Tom Hardy en prime.
Note : 17,5/20
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Par Cinéted