décembre 11, 2024

Le Zombie au Cinéma

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S’il y a bien une figure fantastique qui s’est distinguée ces dernières années, c’est le Zombie. Il est effectivement le plus représenté dans les tous les supports culturels, faisant la nique aux fantômes, vampires, loups-garous et autres momies. Il faut dire que la légende du zombie remonte à très loin, faisant partie d’un folklore bien ancré dans les mémoires. Cependant, il faut bien distinguer trois sortes de zombies différents, qui correspondent à l’évolution des mœurs dans notre société mais aussi à nos peurs les plus profondes.

Fer de lance de la culture dans les pays occidentaux, le cinéma est une place privilégiée pour mettre en avant des morts-vivants et ainsi faire passer des messages ou livrer des frayeurs aux spectateurs. Maggie venant de sortir le bout de son nez avec un Schwarzy en père courage face à son fille qui se dégrade jour après jour, il semblait intéressant de revenir sur le zombie, son évolution, ses différents origines mais aussi ses différents traitements que l’on peut voir au cinéma.

Qu’est-ce que le Zombie ?

La première fois que le terme Zombi a été employé, c’est dans les Antilles par un certain Pierre-Corneille Blessebois qui a écrit le roman Le Grand Zombi du Pérou, un récit autobiographique, en 1697. Ici, le zombie est juste un être désincarné.

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En 1937, un folkloriste répondant au doux nom de Zora Neale Hurston s’est rendu en Haïti pour mener une enquête sur Félicia Félix-Mentor, morte en 1907 mais apparaissant toujours trente ans plus tard. C’est là que le zombi haïtien fait son apparition. Il s’agit en fait d’un homme (ou d’une femme), privé de volonté et qui est dirigé par un Bokor, un sorcier maîtrisant la magie noire. En ce sens, le zombi est associé à l’esclavage, faisant les tâches ingrates et étant totalement asservis à son sorcier. Bien évidemment, le zombi est donc une figure de proue du vaudou.

Dans la culture occidentale, le terme de zombie apparait bien plus tard et pourtant, des inférences y sont faites depuis le Moyen-Age et la Renaissance. A travers divers tableaux, on peut voir des êtres désincarnés, en cours de décomposition, essayant d’attraper de pauvres victimes. On parlera plutôt de transis à cette époque et ils sont associés à la mort malgré l‘absence des outils de la camarde (faux, sablier, cape noire). Certains peintres se sont illustrés comme Albrecht Dürer par exemple. De ce fait, le transi apparait lorsque l’homme prend conscience de la mort et perçoit qu’il serait possible de vivre après la mort. Cela symbolise alors le pêcheur qui se voit puni ou la mort cherchant sa prochaine victime.

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Le terme zombie apparait dans les années trente, lorsque les Etats-Unis occupent Haïti entre 1915 et 1934. Ainsi, le zombie se caractérise par plusieurs aspects. Il ne parle pas, gémit. Il se déplace lentement. Sa peau est en cours de décomposition et il possède de nombreuses plaies. Il est toujours en quête de chair humaine. Bien évidemment, ces caractéristiques changent en fonction de l’auteur, mais aussi des mœurs et des tenants dramatiques que l’on recherche dans le film.

Le Zombi Vaudou au cinéma

Il s’agit sûrement du zombi le moins représenté au cinoche. Et pour cause, il s’inscrit dans une culture antique qui ne correspond plus tellement à nos mœurs d’aujourd’hui. Le premier film à vraiment utiliser cette créature est Les Morts-Vivants (White Zombie) des frères Halperin. Puis vient I Walk With a Zombie de Jacques Tourneur en 1943. Le film s’inscrit pleinement dans la magie vaudou et montre de façon réaliste comment rendre un homme servile après l’avoir rendu pour mort.

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Malheureusement, le vaudou a été très largement écarté du cinéma moderne et le seul film à vraiment retraiter de ce sujet, c’est L’Emprise des Ténèbres de Wes Craven en 1987. Si le film parle aussi des tontons Macoutes et des horreurs qu’ils ont fait subir aux habitants de l’île, on y voit de nombreuses allusions à la magie vaudou et au zombi esclavagiste. Il s’agit d’un très bon film qui montre que le vaudou n’est pas une science occulte morte, puisque on recense encore aujourd’hui certains cas.

L’évolution de la société et la disparition de l’esclavagisme, ainsi que la réhabilitation de l’homme de couleur noire en tant qu’être humain à part entière ont fait que le zombi sous magie vaudou a beaucoup moins intéressé le public. De ce fait, le zombie va continuer à exister, mais il va trouver des origines qui sont plus tirées de nos peurs primales, un virus, une bactérie, une arme biologique.

Le Zombie Occidental au Cinéma

Dans les années 50 et 60, le cinéma de zombie tombe un peu en désuétude, ma faute à des scénarios intéressants. Ainsi, le mort-vivant tombe dans la série Z avec des films comme Night of the Ghouls d’Ed Wood ou encore Orgy of the Dead réalisé par Stephen C. Apostolof.

Il faudra attendre 1968 et un certain George A. Romero pour que le zombie retrouve ses honneurs. En effet, se débarrassant de tout l’aspect folklorique, le réalisateur livre avec La Nuit des Morts-Vivants un film coup de poing, véritable œuvre horrifique, Romero n’oublie d’installer un propos intelligent à son œuvre plaçant l’humain comme véritable monstre. Sans le savoir, le réalisateur pose les bases d’un genre qui aujourd’hui devient prolifique et dont beaucoup de cinéastes ont du mal à se défaire.

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Romero fera du zombie son maître mot même si parfois il s’égare à faire d’autres films comme Martin, un film de vampire moderne. Sa saga, composée de Zombie et Le Jour des Morts-Vivants, va faire des émules, notamment au niveau du cinéma italien avec des réalisateurs tels que Amando de Ossorio (la Révolte des Morts-Vivants) mais aussi et surtout Lucio Fulci (L’Enfer des Zombies). C’est d’ailleurs le cinéma italien qui sera le plus prolifique dans les années 70/80 en matière de chair en décomposition.

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Quality: Original. Film Title: Shaun Of The Dead. Photo Credit: Oliver Upton. Copyright:  © 2004 Universal Studios. ALL RIGHTS RESERVED.

De nos jours, le zombie boitant a du mal à convaincre un public qui demande plus de sensations. On le retrouve de temps à autre dans des comédies comme l’excellent Shaun of the Dead ou le sympathique Fido. On remarquera que dans les histoires de zombies occidentales, bien souvent, la naissance du zombie est d’origine inconnue. Ne tombant que rarement dans le n’importe quoi, ce sont des films relativement réalistes qui montrent la peur de l’inconnu et le public doit faire face à cette peur, tout en acceptant le propos des réalisateurs, montrant bien souvent l’Homme comme le véritable méchant. A partir des années 2000, un nouveau phénomène fait son apparition, l’infecté et le syndrome viral.

Les Infectés au Cinéma

Peut-on dire que l’infecté est véritablement un zombie. Dans un sens oui, puisqu’il s’agit d’une personne qui meurt puis qui revient à la vie mais en mode enragé. Les deux premiers à présenter cela sont Danny Boyle avec 28 Jours Plus Tard et Zack Snyder avec L’Armée des Morts (remake de Zombie). La présence d’un virus est omniprésente et représente vraiment une phobie du monde moderne. Le fait de percevoir la maladie comme vecteur d’une fin du monde est terriblement d’actualité (Ebola entre autre) et favorise le rejet de tout le monde, même du vivant. Jouant sur cette peur isolante, les films les plus récents de zombies surfent sur cette vague.

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Bien évidemment, cela favorise des scènes d’action plus fougueuses et permet ainsi de livrer de véritable spectacle. On peut citer le sympathique World War Z de Marc Forster qui a le mérite de mettre le zombie dans un blockbuster et ainsi d’encore plus accroître sa pandémie. Alors certes, on s’écarte du film d’horreur dénonciateur d’une culture humaine destructrice, mais c’est une autre façon d’aborder le zombie au cinéma. On peut aussi citer Bienvenue à Zombieland, qui tourne en dérision les autres films de morts-vivants, mais avec une grande maestria.

Maintenant, allons-nous vers un tournant dans le film de zombie amorcé par Maggie, qui tire plus vers le drame que vers le film d’horreur ou d’action. On peut aussi citer l’excellent court-métrage Dieu Reconnaîtra les Siens de Cédric Le Men, qui tire un peu vers cet aspect. Alors effet de mode ou véritable changement de notre société ? Seul l’avenir nous le dira, mais même si notre société devient de plus en plus morose, le zombie sera toujours d’actualité et représentera toujours nos peurs les plus profondes liées à notre monde contemporain, du moins pour les plus réussis.

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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