Auteurs : Antonio Dominguez Leiva et Simon Laperrière
Editeur : Le murmure
Genre : Documentaire
Résumé :
Un essai sur les snuffs movies, films de torture essayant de paraître réel.
Avis :
Les snuff-movies sont à l’origine de bien des controverses et alimentent l’une des légendes urbaines les plus récurrentes de notre histoire contemporaine. Les livres sur le sujet sont assez rares, encore plus lorsque l’on tente de trouver des investigations ou une rétrospective traduite en français. Aussi, un essai sur les snuffs provenant de deux écrivains francophones (étonnant vu l’épaisseur de l’ouvrage) retient l’attention, même si le tirage est on ne peut plus limité : 1 000 exemplaires. Cette brève incursion dans le scabreux, le cruel et le dérangeant mérite-t-elle que l’on s’y attarde ou n’est-ce qu’un anecdotique point de vue sur un thème porteur ?
Contrairement à Sarah Finger (La mort en direct – Les snuff movies), les auteurs ne vont pas démêler le vrai du faux via une enquête dans les bas-fonds de l’âme humaine. Ils préfèrent se pencher sur l’origine du mythe avec le média qu’il touche, à savoir le cinéma. Néanmoins, la chronologie n’a que peu d’importances avec des explications relativement bâclées sur l’avènement du septième art et les premières tentatives voyeuristes concernant des exécutions publiques. On passe du coq à l’âne sans transition avec une absence totale de structure. Pas de chapitre, pas de sommaire, de partie ou d’index. Tout juste a-t-on droit à une petite bibliographie en fin d’ouvrage.
À cela, la lourdeur du style aura tôt fait de décourager quelques novices téméraires. Même si vous possédez des connaissances solides en analyse cinématographique ou êtes un cinéphile averti, l’usage de certains mots n’a d’autres buts que de glorifier « l’intellect » des auteurs alors qu’un vocabulaire plus accessible aurait gagné à ne pas rendre l’essai élitiste et prétentieux. On soupçonne également l’emploi d’anglicisme discutable avec l’ajout de termes tels que la « Mansonsploitation » ou la « Snuffsploitation ». Il ne suffit pas de plaquer sa science underground pour paraître intelligent. Un minimum d’explication via des astérisques n’aurait pas été superflu.
La seule définition du Snuff n’a rien de novateur avec son étymologie et ce qui est facilement trouvable sur le Net. Pour couronner le tout, les auteurs perdent leur objectivité quand il s’agit de donner un avis plus que douteux sur la qualité de certaines productions. Depuis quand L’exorciste de Friedkin est-il « encore plus lamentable » que le Snuff de Shackleton ? Ce dernier métrage monopolisera les pages, quitte parfois à se répéter ou à décrire de longues scènes sadiques sans vraiment rien apprendre ou servir le propos de base. Autrement dit, l’approche nombriliste fait se succéder les tergiversations en oubliant de vue son sujet principal.
Au final, cet essai ne révèle que peu d’intérêts et n’apprend absolument rien si ce n’est que deux têtes ne valent pas mieux qu’une lorsqu’il s’agit de rédiger sur un thème dérangeant sans pour autant le maîtriser. Absence totale de structure, vocabulaire abscons, lourdeur stylistique, la suffisance suinte de chaque ligne sans convaincre le moins du monde. À croire que leur travail se soit entièrement inspiré par le Net, vu que l’entièreté des informations demeure facilement trouvable. 60 pages affublées de gros caractères, moins d’une demi-heure de lecture et 7 € pour acquérir le livre, le choix est vite fait pour faire l’impasse sur cet ouvrage difficile d’accès, voire inabordable pour des curieux.
Par Dante