De : Michael Winterbottom
Avec Steve Coogan, Shirley Henderson, John Simm, Christopher Eccleston
Année : 2003
Pays : Angleterre
Genre : Biopic
Résumé :
Manchester, le 4 juin 1976 : Anthony Wilson, présentateur sur Granada TV, assiste à un concert des Sex Pistols. Totalement inspiré par ce renouveau musical, il crée avec ses amis un label indépendant, Factory Records, et signe bientôt avec Joy Division (futur New Order) puis James and the Happy Mondays.
Avis :
L’électrique Michael Winterbottom arrivait en 2003 avec ce qui est surement son film le plus tripé à ce jour. Déclaration d’amour à la musique, le réalisateur anglais nous offre près de deux heures de rock, et de dance, dans un film qui va parcourir près de vingt ans de la scène musicale anglaise. Pour son dixième film, le réalisateur m’a donc offert une merveille pour mes oreilles, mais aussi une merveille pour son ambiance. « 24 Hour Party People » est donc une bonne comédie dramatique.
1976, Anthony Wilson est présentateur télé. Cet homme est un passionné de musique. Après avoir assisté à un concert des Sex Pistols, il va créer un petit label avec des amis. Ce label, c’est Factory Records et il ne le sait pas encore, mais il va produire au fil des années des légendes de la scène musicale anglaise. C’est lui qui se cache derrière Joy Division et plus tard New Order ou Happy Mondays. Des petits bureaux à l’un des plus grosses boites de Manchester, on va suivre, ses déboires, ses découvertes et l’histoire musicale d’un pays en révolution sonore.
Michael Winterbottom est l’un des cinéastes les plus prolifiques d’Angleterre. En un peu plus de vingt ans de carrière, le réalisateur s’est essayé à presque tous les styles (drame, action, thriller, érotique, musical, western, série, faux tournage, et même des documentaires), sa carrière compte déjà plus de vingt-sept films, dont deux, peut-être même trois qui devraient sortir entre 2014 et 2015, on peut dire que le réalisateur n’a vraiment pas chômé.
Deux ans avant de sortir son controversé film musical « 9 songs« , Winterbottom s’était déjà essayé au film musical avec « 24 Hour Party People« . Dans un style pop, presque sous acide, Winterbottom annonce la couleur dès l’ouverture de son film. Le film n’est pas un biopic bien propre comme on a l’habitude d’en voir, « 24 Hour Party People » sera un film décalé, complètement déjanté, et signe un portrait accrocheur de cet homme, de ce mouvement, de cette culture et de ce pays.
J’ai donc adoré ce film, qui m’a accroché de bout en bout. Le scénario est génial et mélange parfaitement, comme un bon trip, drame, comédie et surtout « cinéma vérité », avec des moments complètement à part et inhabituels où le personnage principal nous parle du film qu’on est en train de regarder. Du fait qu’il sache lui-même qu’il n’est qu’une interprétation d’un personnage, il rétablit même certaines vérités que le film déforme, ou ignore et va même parfois nous dire ce qu’il va lui arriver dans l’avenir. J’ai trouvé ça aussi génial que perturbant au départ. Ça donne un style halluciné au film et a développé ma curiosité et mon amusement envers ce film. Michael Winterbottom prend des risques, étonne, s’amuse, expérimente et finalement réussi son passage au biopic. Le film explore les différents groupes que le producteur a produits. Le film va s’arrêter sur Joy Division bien sûr (j’aurais bien aimé un peu plus d’ailleurs), mais aussi sur d’autres périodes et moments importants dans la vie du producteur. Le film explore donc ses relations de couple, son envie d’aller plus loin dans la production, sa chute aussi, quand sa boite de nuit a fermé. Le lien aussi qu’il a avec ces groupes, le film est très intéressant. Sur le ton du divertissement, Winterbottom m’a instruit aussi et développé un peu ma culture sur l’univers musical de cette époque.
Avec ce film, j’ai eu un fabuleux coup de cœur pour la mise en scène. Filmé caméra à l’épaule, le film de Winterbottom est complètement tripé. La photographie sombre est géniale, il y a un côté pris sur le vif que j’ai beaucoup aimé. Winterbottom change de style pour ce film et c’est surement le film qui ressemble le moins aux autres que j’ai pu voir et il en est d’autant plus étonnant.
Le cinéaste a pris un risque, il se renouvelle et donne une sacrée bonne ambiance folle à cette œuvre. Et c’est ce que j’adore chez Winterbottom, cette tendance à vouloir essayer.
Autre merveille de ce film, c’est sa bande son. Un film sur le rock, et la musique en général, comme se plait à nous le faire savoir le personnage principal, doit avoir une sacrée belle BO et Winterbottom le sait et nous en met plein les oreilles. Comme on est en droit de s’y attendre le film nous diffuse des chansons de groupes produits par Tony Wilson, mais aussi des sons des Sex Pistols, Simply Red, Iggy Pop, The Jam, des Clashs, et même du Moby, c’est un très bon cocktail pour nos oreilles.
Michael Winterbottom est fidèle à ses acteurs et pour peupler son film, il a fait appel à des habitués de son cinéma. Tony Wilson est incarné par l’ami Steve Coogan qui trouve un bon rôle. Un poil agaçant, j’ai trouvé le comédien assez drôle. Plusieurs de ses réactions sont assez improbables et il a une façon tellement je m’en foutiste de jouer qu’il en devient comique. Après on va retrouver Shirley Henderson, John Simm, Christopher Eccleston, Paddy Considine, Kieran O’Brien, et Rob Brydon. Dans un rôle hilarant, on trouve Andy Serkis, qui joue un producteur complètement barge et Sean Harris possédé dans le rôle d’Ian Curtis le leader du groupe Joy Division. À noter aussi une petite apparition pour Simon Pegg qui joue un journaliste.
Michael Winterbottom m’aura encore une fois comblé avec son cinéma. « 24 Hour Party People » est un film dont j’ai énormément pris plaisir à suivre. C’est un film atypique dans sa filmographie, qui change, qui est surprenant dans sa mise en forme, le héros qui sait qu’il est dans un film et qui nous parle, j’ai vraiment trouvé ça génial. Je me répète, décidément, je crois que je suis amoureux de son cinéma. C’est donc un film trop peu connu à découvrir.
Note : 16/20
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Par Cinéted