Titre Original : The Grifters
De : Stephen Frears
Avec Anjelica Huston, John Cusack, Annette Bening, Pat Hingle
Année: 1990
Pays: Etats-Unis
Genre: Thriller
Résumé:
Roy, escroc à la petite semaine, est tiraillé entre Lilly, mère possessive, et Myra, sa petite amie, qui ne supporte pas leurs rapports incestueux. Myra décide de rompre leurs liens. Son geste aura des conséquences tragiques et inattendues.
Avis:
Stephen Frears, l’un des réalisateurs les plus British du cinéma anglais, a eu le droit aussi à sa partie américaine et en plus produite par Martin Scorsese. J’aime beaucoup le cinéma du réalisateur, et j’étais très curieux de voir ce film produit par cette légende du cinéma et j’ai trouvé le film sympa. Un petit film plein de défauts et de longueurs, mais avec un final terriblement accrocheur que j’ai adoré.
Roy, c’est l’exemple type du petit escroc qui vit très bien de ses petits larcins et ne cherche pas à monter de plus grosses affaires. Roy est parti très tôt de chez lui, car il a toujours été en conflit avec sa mère qui est elle aussi dans le métier.
Un jour, sa mère qui est de passage vient lui rendre visite. Elle tombe pile au bon moment, puisque Roy, la veille, s’est fait tabasser et est en train de faire une hémorragie interne. Hospitalisé d’urgence, sa mère va faire la connaissance de la petite amie de son fils, la jolie et un peu fofolle Myra. Très vite entre les deux femmes né un rapport de force, chacune voulant faire fuir l’autre. Mais quand Roy prend une décision, les conséquences vont être aussi inattendues que désastreuses.
Très étonnant que ce film signé Stephen Frears. À l’époque le réalisateur sort de « Les liaisons dangereuses« . Après le costume d’époque, les manipulations de la marquise de Merteuil, le réalisateur anglais repart dans une forme de manipulation et adapte le roman de Jim Thomson pour livrer un film que j’ai bien aimé, malgré ses longueurs.
Le film est un peu long à démarrer, c’est vrai, mais pourtant l’histoire est bien trouvée et bien menée. J’ai apprécié être surpris par « l’arnaque » du film, qui en fait est bien loin de ce que les autres films sur des arnaqueurs ont l’habitude de nous servir, en bien comme en mal. C’était une autre approche que j’ai trouvée intéressante. Par contre, même si le film est différent des autres, il y a, sur une grande partie du film, quelque chose qui manque. Sans que ce soit mauvais, j’ai trouvé qu’il lui manquait ce petit plus qui fait qu’il nous accroche sur tout son long.
Le scénario est écrit par Donald Westlake (« Payback« ) et il est bon. L’histoire accrocheuse, même si j’ai trouvé qu’elle manquait de surprises. Les rebondissements se tiennent pourtant et distillent un petit suspens sympa. J’ai bien apprécié cette opposition qui se crée entre les deux femmes, la mère et l’amante. Cette lutte de pouvoir pour le personnage de Roy et comment chacune essaye de se l’approprier.
Stephen Frears nous entraîne même dans une histoire très sombre au fur et à mesure de son film. Plus son intrigue évolue et plus son film devient prenant. C’est une bonne spirale infernale dans laquelle les personnages sont pris. Une spirale différente de ce qu’on voit habituellement et n’ayant pas lu le livre de Jim Thomson, j’ai été choqué par la fin que je n’ai pas vu arriver. Et c’est cette fin qui m’a le plus accroché, si le film est un peu mou, mais sympa, cette fin est si radicale qu’elle en change mon ressenti sur tout le film. Et d’un coup, je me surprends à y repenser après mon visionnage en me disant « Ah oui, quand même »…
Les personnages sont sympathiques et je l’ai les appréciés comme ils me sont venus. Ils sont, chacun, un peu dans leur monde, déconnectés de la réalité. Ni bons, ni mauvais, ils peuvent être aussi agréables qu’agaçants.
Les acteurs sont très bien trouvés. John Cusak tourne pour la première fois devant la caméra de Frears et compose un personnage touchant dans sa simplicité. Roy est un jeune homme avec un passé douloureux qui ne demande qu’à être heureux. C’est le personnage que j’ai trouvé le plus juste dans la réalité sur les trois. Annette Bening est géniale dans la peau de Myra. Complètement allumée, l’actrice est pleine de fantaisie. Elle est drôle, et arrive bien à jouer avec une certaine frontière, puisqu’à aucun moment, on arrive à lui faire vraiment confiance. Peut-être à cause du titre du film, j’ai cherché qui allait arnaquer qui dans cette histoire et j’étais certain que ce serait elle. Un peu déçu par Anjelica Huston. Non pas que l’actrice soit mauvaise, mais j’ai trouvé son personnage de glace et pas suffisamment exploité, j’aurais bien aimé la voir plus et j’ai trouvé un peu frustrant les scènes qu’elle a.
Petits trucs sympas, on notera la présence de Jeremy Piven qui fait une petite apparition en marin dans la scène du train. Acteur que j’aime beaucoup, de la série « Entourage« , c’était sympa de le voir dans l’un de ses premiers rôles.
« Les arnaqueurs » est donc un thriller sympathiquement sombre, et même si le film a plusieurs longueurs et moments crus, le tout est bien et la fin, si brutale, remonte tout le film à elle seule. C’est un film très différent des autres films que j’ai pu voir du réalisateur, et même s’il n’est pas totalement réussi, j’aime l’idée qu’il ait voulu prendre des risques et changer de style. C’est donc un film qui vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour la folie souriante d’Annette Bening.
Note : 13/20
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Par Cinéted