De : Cédric Hachard, Hervé Freiburger et Sébastien Milhou
Avec Caroline Anglade, Yves Arnault, Pierre-Laurent Barneron, Catherine Bodinier
Année : 2015
Pays : France
Genre : Horreur, Comédie
Résumé :
Au cours de l’été 1986, la comète de Halley termine sa course autour de la Terre, après 76 ans d’absence. Alors qu’un débris de météorite se désagrège dans l’atmosphère terrestre, Howard, Ana et Daryl, trois habitants de la petite ville de Mont-Vallée, font chacun le souhait d’une vie meilleure, croyant voir une étoile filante… Trois vœux exaucés littéralement qui vont engendrer les pires catastrophes dans le quartier. Et c’est désormais armés de leur seul courage que nos trois « losers » vont devoir se surpasser pour réparer les dégâts…
Avis :
Pour débuter dans le métier de cinéaste, il y a une étape obligatoire, celle du court-métrage. C’est clairement essentiel pour se faire remarquer et cela permet aux réalisateurs d’imposer une marque, une patte créatrice que l’on peut ne pas retrouver chez certains yes man. Cependant, faire un court-métrage coute de l’argent, beaucoup d’argent, et bien souvent des projets tombent à l’eau tant et si bien que seuls les plus acharnés pourront enfin voir leur travail récompensé. L’équipe de Forge s’était spécialisée dans la réalisation de courts et avait une volonté de certaine de tomber dans le long-métrage. Les restrictions budgétaires étant ce qu’elles sont, la team a eu l’idée de faire un film à sketches, alliant ainsi à merveille le court et le long au sein d’un même film.
On le sait bien, les films à sketches comporte une prise de risque importante, puisque l’on peut trouver des segments intéressants et d’autres d’un intérêt moindre. Ce fut le cas avec les V/H/S et encore plus avec The ABC’s of Death, anthologie de 26 courts métrages parfois poussifs à cause de leur restriction temporelle. Le Jour de la Comète se rapproche plus de Creepshow, dans le sens où il n’y a que trois segments s’articulant autour d’un animateur radio qui annonce l’arrivée imminente d’une comète. Un animateur plutôt déjanté, qui à sa manière va donner les synopsis de chaque métrage, qui eux-mêmes s’appuient sur des thématiques classiques du cinéma d’horreur ou de science-fiction. Et chaque segment va transpirer l’hommage, donnant ainsi trois histoires à la fois drôles, touchantes et parfois ahurissantes tant ça va loin dans le délire.
Le premier segment raconte l’histoire d’un jeune homme qui galère dans la vie et tout le monde se moque de lui car il parle à un ami imaginaire qui n’est autre qu’un nounours géant. Jusqu’au jour où un bout de comète percute son front, donnant naissance pour de vrai au doudou. Sauf que ce doudou va être pris en chasse par un psychopathe qui veut le torturer, psychopathe qui n’est autre que le prof taré du jeune héros. Totalement déjanté, au tout début, on ne comprend pas bien dans quoi on navigue. D’ailleurs, volontairement, les réalisateurs taisent les dates et lieux afin de poser un flou temporel et spatial pour mieux surprendre le spectateur. Le fait est que ça marche et que finalement, on se retrouve devant un court-métrage complètement dingue, drôle, mais qui montre aussi qu’il faut se faire confiance pour réussir. Une jolie allégorie à la vie de tous les jours et à ces gens que l’on juge alors qu’ils sont totalement normaux. Entre le conte fantastique et le film d’horreur parodique, ce premier segment montre une envie de bien faire et un certain savoir-faire dans la réalisation qui demeure inspirée. Seule la prestation des acteurs peut laisser à désirer, mais au final, ça passe quand même.
Le deuxième segment est certainement le plus intéressant et le plus réussi même si globalement, le niveau est très relevé. Ici, une servante étrangère amoureuse de son patron, un producteur/acteur de films dédaigneux, se voit rejetée de toute part mais continue son office, bien consciente du mal qui lui ait fait. Lorsque la comète frappe le château dans lequel elle vit, le couple formé par son patron et une jeune actrice crétine mais sublime se transforme alors en zombie et deviennent fou amoureux d’elle. Cette servante va alors devoir trouver des moyens pour s’échapper. Revisiter le mythe du zombie n’est pas une chose aisée et pourtant, c’est avec brio que le défi est relevé. Parlant d’amour et d’idolâtrie, ce segment va montrer les dérives d’un amour sans limite et ce qu’il peut causer quand il est inarrêtable. Bien ficelé, drôle mais surtout cynique sur sa fin, ce segment est une réussite aussi bien sur le plan des effets spéciaux que de son fond, qui change littéralement les thématiques du mort-vivant pour montrer une créature aveuglée par l’amour, à un tel point qu’elle veut sa chair. Résolument le segment le plus trash, mais aussi le plus malin et réussi.
Le troisième segment est celui qui va le plus loin dans le délire et il est aussi celui qui sera le plus référentiel. Ici, on nous raconte l’histoire d’un geek toujours puceau qui rêve de chopper une nana. Et ça tombe bien puisqu’en face de chez lui aménage une bombe sexuelle qui semble très attirée par lui. Sauf qu’il s’agit d’une extraterrestre qui se nourri du sang de puceau. Avec son robot et une amie tout aussi geek que lui, il va essayer de s’en sortir. Complètement délirant, faisant référence aussi bien au Goonies qu’à Code Lisa, ce segment est très drôle et n’hésite pas à aller dans la surenchère pour satisfaire un public qui ne demande que ça dans le cinéma français. A la fois trash et drôle, le segment réussit son pari et même si la prestation des acteurs est anecdotique voire parfois mauvaise, il en résulte un véritable plaisir coupable.
Au final, Le Jour de la Comète est une franche réussite, un ovni dans le sillon du cinéma français qui fait un bien fou. Ode à l’amour au cinéma fantastique des années 80 et avant, ce rassemblement de trois sketches permet de mettre en avant trois réalisateurs talentueux à qui on ne laisse pas encore les coudées franches, la faute à une méconnaissance du genre dans notre pays. Et c’est dommage car la fin, qui part complètement en live multipliant les gimmicks référentiels et les incrustations faites à la va-vite, n’est qu’une résultante d’un amour inconsidéré par un cinéma qui est presque mort chez nous alors qu’il y a un public et des réalisateurs doués. Bref, Le Jour de la Comète n’est peut-être pas parfait, mais il respire l’amour et l’envie d’un cinéma autre dans nos contrées, et rien que pour ça, il faut encourager ce genre d’initiative.
Note : 17/20
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Par AqME
Que de souvenirs!!!!!!!!!!!!
Bises à vous. Delphine.