mars 29, 2024

Arkham Asylum

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Auteurs : Grant Morrison et Dave McKean

Editeur : Urban Comics

Genre : Super-Héros

Résumé :

Les patients de l’asile d’Arkham se sont échappés de leurs cellules et tiennent le personnel de l’institut en otages. Leur unique requête en échange de la libération des prisonniers: que Batman pénètre dans l’asile et endure leur enfer quotidien. Persuadés que la place d’un homme habillé en chauve-souris est obligatoirement avec eux, les patients réservent à leur hôte une expérience qui le marquera longtemps.

Avis :

Avoir une approche différente d’un super-héros est quelque chose que tout auteur aimerait faire, mais cela n’est pas à la portée de tout le monde. Bloqué dans un carcan scénaristique et dans un univers défini, trouver un angle d’attaque neuf et qui est encore inédit aujourd’hui est une chose très difficile. C’est d’ailleurs la banalisation d’un style qui a entrainé les baisses de vente des comics et l’arrivée d’un nouvel âge, sauvant à chaque fois le comics de la faillite. Batman ne fait pas exception à la règle et malgré ses différences avec les autres super-héros. Pas de super-pouvoirs, une sensibilité à fleur de peau qu’il cache sous une carapace violente, univers sombre et glacial, bref, Batman est un héros qui a connu de beaux jours et des baisses vertigineuses. Dans les années 80, le célèbre détective n’est pas sous sa meilleure forme et les éditeurs cherchent quelque chose d’inédit. Grant Morrison, scénariste aux multiples facettes aujourd’hui, monte alors une histoire très sombre qui voit Batman faire face à ses pires ennemis mais dans un combat psychologique où chaque moment renvoie à son passé et à sa psyché. Histoire intéressante qui voir se voire transcender par Dave McKean, alors inconnu dans le métier, avec un assemblage de dessins, collages, photos, crayonnés, rendant Arkham Asylum indispensable et profondément intemporel.

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Evitant tout affrontement frontal, ce Arkham Asylum est un véritable ovni dans le monde du chevalier sombre. En effet, il n’y aura pas de combats physiques, et la joute ne sera que psychologique. Tous les fous de l’asile d’Arkham sont libérés et leur dernière revendication, puisqu’ils ont le personnel en otage, c’est que Batman vienne. Ce dernier accepte pour sauver les otages et il va être confronté à ses pires ennemis comme Le Joker, Killer Croc ou encore Gueule d’Argile. Mais en guise de combat, on aura que des épreuves psychologiques, des phases allant fouiller dans le passé du chevalier afin de voir s’il est aussi fou que ses ennemis ou s’il est plus sain d’esprit. Ce chemin de croix va lui permettre d’affronter son plus grand ennemi, lui-même.

Grant Morrison, désormais célèbre, signe un script inédit et encore jamais vu dans l’univers de Gotham City et plus précisément dans l’asile d’Arkham. Situant son récit au confluent de deux âges, il va tisser d’un côté la mythologie du lieu, avec l’histoire de son créateur, et de l’autre il va montrer comment ce lieu vivant devient le purgatoire de Batman. L’histoire est hautement symbolique et dénote complètement avec les récits habituels du méchant contre l’homme-chauve-souris. Sous la houlette du Joker, Batman va devoir se confronter à son passé et subir quasiment les mêmes épreuves que ses ennemis au sein de l’asile, par des médecins. On va y voir des ennemis connus comme Double-Face ou Gueule d’Argile (dans un état maladif avancé) mais aussi de moins connus comme le Dr Destin ou encore Zeus qui n’auront ici qu’une fonction de rite de passage pour Batman, se découvrant et essayant de sortir plus fort et grandi de cette épreuve. Pour ajouter au mythe de l’asile, l’histoire avec Amadeus Arkham est très forte et démontre toute l’importance de ce lieu, autel de la folie, dans l’univers de Batman.

Mais finalement, quand on regarde cet album de plus près, on se rend compte que le scénario est inédit, mais le dessin de Dave McKean est carrément hallucinatoire. Nous sommes clairement face à un essai artistique et un effort créatif pour donner quelque chose de totalement conceptuel. Dave McKean ne se contente pas de faire des dessins, même s’ils sont présents, on aura droit à des photographies, des collages avec des tissus ou des papiers ou encore des crayonnés, rendant le tout dérangeant et hétérogène. Ce qui pourrait sembler incongru est ici magique, renvoyant à la folie furieuse de l’asile et de ses résidents. Le dessin sert le message, il est lui aussi bourré de symboles et montre une mise en scène parfaite. Si cela pourrait sembler être un point faible et quelque chose de rédhibitoire pour le lecteur, il faut vraiment rentrer dedans pour percevoir toute la puissance de tome.

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Il faut noter que l’édition de Urban Comics est rempli jusqu’à la moelle de bonus, dont notamment le script original de 64 pages avec les annotations du scénariste, appuyant du doigt sur les endroits clés et montrant les moments importants que le lecteur aurait pu louper. On peut aussi y voir les « censures » qu’a imposé l’éditeur en 1989, comme un Joker totalement habillé en femme et cela est très intéressant.

Au final, Arkham Asylum est un must-have dans l’univers de Batman. Très sombre et réellement novateur, ce tome démontre qu’en 1989, on avait des idées neuves et que l’on osait prendre des risques avec un super-héros bankable. Et ce n’est pas cette édition qui va faire mentir cette vérité générale, avec des bonus à ras la gueule… d’argile !

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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