Avis :
Hellyeah est un groupe qui respire la poésie et la plénitude. Il suffit de regarder la jaquette pour s’en rendre compte, deux mains sur lesquelles coule un flot continu de sang rouge vif, on sait de suite où l’on met les pieds. Et puis si on s’intéresse à la composition du supergroupe, allant de Mudvayne à Pantera, on sait que la poésie sera sauvage et que la plénitude ressemblera plus à un champ de bataille qu’à un champ de coquelicots. Seulement deux petites années après un Band of Brothers épuisant mais diablement efficace, le groupe revient avec ce nouveau skeud, qui est presque entièrement différent. A la première écoute, on pourrait croire que le quatuor s’est bien calmé, mais en approfondissant un peu l’écoute, on se rend compte que l’énergie est bien là, mais que le groupe va essayer de fournir quelque chose de plus construit et c’est ce qui va faire que Blood for Blood est un excellent album, à mi-chemin entre Stampede et Band of Brothers, leurs deux albums précédents.
Le skeud s’ouvre sur Sangre for Sangre (Blood for Blood) et après une intro percutante qui monte en puissance pour laisser éclater la voix éraillée de Chad Gray, on aura droit à du Hellyeah pur jus. Des riffs agressifs, une voix en retrait assez rapide, une batterie redondante qui scande un rythme parfait, pas de doute, le groupe est en forme et envie le pâté dès le premier titre. On retiendra aussi un refrain entêtant et un solo franchement bon. Dans le même genre, on pourra aussi retrouver Soul Killer Moth, qui demeure tout de même plus violent dans sa rythmique, mais qui suit le même schéma et qui reste relativement efficace, notamment sur le refrain. On pourra aussi citer DMF, un excellent titre, très violent, avec un rythme très marqué, proche du sludge métal et d’un Lamb of God par exemple. Le titre est efficace grâce à cette rythmique très groovy et son refrain très facilement mémorisable.
A côté de cela, on va avoir des titres qui sont carrément plus violents et qui n’ont pas tellement d’intérêt. Le premier titre que l’on notera est Say When, l’avant dernier morceau du skeud. Le morceau dure moins de trois minutes, mais il ne possède aucune mélodie, il n’est juste que riffs presque inaudible et une batterie qui va à la vitesse de la lumière. Le titre est assez binaire et ne réserve finalement pas grand-chose d’intérêt hormis une grande maîtrise de Vinnie Paul Abbot à la batterie, mais le type n’a plus à faire ses preuves. L’autre morceau qui est d’une grande violence, c’est Gift, qui demeure tout de même plus écoutable que le morceau précédemment cité. Gift va être lourd sur la durée. On en ressort essouffler car le titre ne subit aucune baisse de régime, même le refrain est très puissant et le titre reste assez linéaire dans sa violence. Du coup, il n’est pas très marquant et manque de ruptures. Alors certes, ça reste très technique, mais il manque ce petit moment rendant le titre plus attachant et plus mémorisable.
Par contre, on aura des morceaux très groovy d’une grande puissance et qui marqueront le skeud. Le deuxième titre, Demons in the Dirt est un exemple en la matière. Avec des riffs très agressifs, le chanteur arrive à poser sa voix et son rythme de débit incroyable. Cela va très vite, le rythme scandé est puissant et le titre s’envole vers quelque chose de violent, certes, mais de presque dansant. A titre de comparaison, on pourrait voir cela comme du Coal Chamber, l’ancien groupe de Dez Fafara, aujourd’hui frontman de Devildriver. L’autre titre qui est dans cet aspect-là, c’est Cross to Bier (Cradle of Bones), qui est résolument le meilleur titre de l’album. Le débit du chanteur est incroyable, la rythmique imposée est proche du hardcore et le titre est taillé pour la scène, pour faire headbanger tous les métalleux aux cheveux gras. Bref, ce morceau est une tuerie !
Enfin, chose impensable dans le dernier album, le groupe s’offre une ballade. Alors certes, elle est lourde dans son intro et dans son refrain, mais elle est d’une grande sensibilité. Passant de la colère à la compassion pour finir presque dans la furie, Moth est une grande réussite et montre encore une fois que les groupes de métal sont les meilleurs pour faire des ballades accrocheuses et loin de la niaiserie que l’on entend souvent. Néanmoins, le groupe fait une autre tentative dans le skeud avec Hush et le résultat est moins probant. Ce n’est pas que le titre est mauvais, mais il est déstructuré et ne colle pas forcément avec la voix du chanteur. Il s’agit d’un des points faibles du skeud et c’est dommage. Enfin, pour clôturer l’album, le groupe propose Black December, qui est un peu un ovni pour le groupe. Le titre est excellent, savamment construit et on a l’impression d’écouter du Mudvayne, rappelant le métal des années 90/2000 et c’est franchement sympathique tout en étant nostalgique.
Au final, Blood for Blood, le quatrième album du supergroupe Hellyeah est un excellent skeud. Malgré trois pistes un peu en dessous, les morceaux sont tous des hits en puissance, montrant toute l’étendue du groupe, que ce soit dans le sludge, le hardcore ou encore le goovy métal. Un album métal fort recommandable, varié et qui tient toutes ces promesses. Du sang, certes, mais de bonne qualité et loin d’être contaminé !
- Sangre for Sangre (Blood for Blood)
- Demons in the Dirt
- Soul Killer Moth
- Moth
- Cross to Bier (Cradle of Bones)
- DMF
- Gift
- Hush
- Say When
- Black December
Note: 15/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=keZ-GsRRVlQ[/youtube]
Par AqME