mai 3, 2024

Le Crime de l’Orient-Express

Résumé :

Découvrez une version modernisée et revisitée de l’intrigue emblématique d’Agatha Christie avec le Crime de l’Orient-Express, se déroulant en 2023 et qui donnera vie à l’histoire originale comme jamais auparavant. Avec de nouveaux éléments scénaristiques ajoutés à l’histoire originale, redécouvrez l’une des plus grandes enquêtes du célèbre détective Hercule Poirot.

Un crime est commis à bord de l’Orient-Express. Hercule Poirot, au cours de ce voyage, se révèle être entouré d’un groupe de personnages singuliers, tous suspects, chacun avec ses propres secrets et motivations, et va alors tenter d’élucider le meurtre qui vient d’avoir lieu.

Résoudre le mystère ne sera pas facile. A travers de nombreux rebondissements, faites appel à vos petites cellules grises et à vos talents de détective pour démêler le vrai du faux et mettre en lumière la vérité.

Que vous soyez un fan du livre emblématique ou des films, un amateur de meurtres mystérieux ou simplement à la recherche d’une aventure palpitante, cette nouvelle proposition a de quoi plaire à tout le monde. Alors, prenez place à bord de l’Orient Express et que le voyage commence !

Avis :

Face à une notoriété intemporelle, on ne présente plus Le Crime de l’Orient-Express. Histoire iconique de l’œuvre d’Agatha Christie, l’intrigue constitue l’une des affaires criminelles les plus fascinantes qui soient. Cela tient notamment à son atmosphère unique, sa gestion du suspense et ses mécanismes pour induire en erreur le lecteur, le spectateur ou, en l’occurrence, le joueur. En effet, le roman a fait l’objet de plusieurs adaptations pour le cinéma, la télévision, la bande dessinée et le jeu vidéo. En ce qui concerne ce dernier média, on songe au point and click d’AWE Games. Une incursion classique et néanmoins convaincante qui tire parti du récit pour fournir un jeu d’aventures entraînant et respectueux de la trame originelle.

Attention : un train peut en cacher un autre…

Au regard de ses prédécesseurs, on peut donc s’interroger sur l’apport et l’intérêt d’une nouvelle version, tous supports confondus. Pour la grande majorité du public, l’histoire est connue de tous, sans compter son dénouement qui reste un modèle du genre. Dans le domaine vidéoludique, on pourrait éventuellement escompter un rafraîchissement technique, ainsi qu’un gameplay revu à minima. C’est précisément sur ces aspects que le studio lyonnais de Microids propose sa vision d’un classique de la littérature policière.

En effet, les développeurs tentent de réaliser une adaptation fidèle à partir de différents ajouts, aussi bien dans le fond que dans la forme. Que ces derniers portent ou non leurs fruits, on sent une volonté de prendre des risques, a fortiori avec un matériau dont la réputation le précède. Il convient donc de ne pas déstabiliser un public connaisseur et, dans la mesure du possible, de le surprendre. Cela sans compter l’ambition de toucher une communauté de joueurs qui ne serait pas familière avec Le Crime de l’Orient-Express.

Un cachet préservé dans un cadre contemporain

Le contexte constitue le premier aspect qui détonne avec le présent jeu. En effet, les précédentes adaptations se pliaient à placer l’intrigue dans les années 1930. Ce qui permettait, soit dit en passant, de retrouver le cachet et le faste d’un train mythique à son apogée. Ici, Le Crime de l’Orient-Express effectue un bon temporel en 2023. Même si l’on comprend cette volonté de modernisation, le choix reste néanmoins surprenant. Cela impacte l’exploration des lieux, les moyens d’investigation et les indices disséminés çà et là.

Malgré des craintes initiales légitimes, on renoue peu ou prou avec l’ambiance qui contribue à l’aura si particulière du roman d’Agatha Christie. On songe à ces wagons au luxe raffiné, magnifié par les dorures, les boiseries. On peut également évoquer l’atmosphère tamisée qui émane des cabines, comme des parties communes. Cela sans oublier la sensation d’isolement suite à l’immobilisation du train. Malheureusement, la bande-son du Crime de l’Orient-Express se veut trop discrète et répétitive pour retenir l’attention et parfaire le cadre.

Un retour à l’affaire Armstrong pour justifier de nouvelles séquences

En ce qui concerne l’intrigue, il est vrai que l’on retrouve tous les éléments du livre, y compris les nombreuses références et allusions au kidnapping du bébé Lindbergh. Cependant, le récit s’entrecoupe d’intermèdes qui impliquent un nouveau personnage : Joanna Locke. On découvre alors l’enquête de l’affaire Armstrong. L’idée est intéressante pour appréhender des pans narratifs méconnus, autre que par une simple évocation orale de souvenirs lors des interrogatoires. En d’autres termes, ce choix apporte des séquences et des points de vue inédits.

À noter que l’on s’écarte sensiblement de l’exercice du huis clos qui reste pourtant un élément caractéristique du Crime de l’Orient-Express. Certes, cela n’influe pas sur le rythme qui fait preuve de constance. Néanmoins, ces transitions sont parfois abruptes et créent un trop grand contraste pour concilier les deux aspects de l’affaire. Sans pour autant sombrer dans une enquête à double vitesse, il en ressort des séquences à l’intérêt inégal, voire à des méthodes divergentes entre la déduction pure et l’assistance d’outils technologiques. Preuve en est avec le chapitre qui se situe dans l’appartement de la policière.

Un aspect technique perfectible et daté

D’un point de vue technique, Le Crime de l’Orient-Express offre le minimum syndical. Comme évoqué précédemment, la direction artistique retranscrit bien l’atmosphère du livre. Néanmoins, on distingue de nombreuses maladresses. On songe aux environnements relativement vides de détails qui auraient pu amener à les rendre vivants. À cela s’ajoute l’incapacité à interagir avec eux, sauf pour les actions prévues à cet effet (et souvent dans un ordre déterminé). Sans compter les corridors du wagon Constantinople – Calais, on a l’impression d’explorer des couloirs, même pour les lieux les plus ouverts.

Quant aux différents intervenants, ils font montre d’une incroyable inertie. Les animations sont d’une raideur sans nom, tandis que les expressions faciales ne sont guère représentatives des émotions des personnages. Cependant, ces errances techniques ne constituent pas des défauts rédhibitoires pour se lancer dans le titre de Microids Lyon. Il n’en demeure pas moins qu’ils altèrent le sentiment d’immersion du joueur. On peut néanmoins apprécier l’absence de bugs notables. Ce qui n’est pas le cas pour d’autres productions de l’éditeur sorties dans le même intervalle de temps, comme Tintin – Les Cigares du Pharaon.

Des activités annexes et des mini-jeux pour agrémenter la traversée européenne

En ce qui concerne le gameplay du Crime de l’Orient-Express, les déplacements sont très simples à maîtriser. Il suffit de vaquer jusqu’aux zones d’investigation ou vers les personnages pour accomplir différentes tâches. En complément des interrogatoires et de l’inspection des scènes de crime, on a droit à quelques activités annexes. Celles-ci se rapprochent davantage de mini-jeux pour satisfaire aux attentes des témoins ou potentiels suspects. Sans ordre chronologique spécifique, on peut évoquer la restauration d’une installation électrique, la préparation d’un cocktail ou le rangement de bagages.

En cela, le travail cérébral ne requiert aucune compétence ni habileté particulière. Le jeu propose même un système d’aide pour dévoiler une série de trois indices pour certaines énigmes. Cela va du simple conseil jusqu’à la révélation des actions à effectuer. On retrouve aussi des recoupements de faits et de preuves via le palais mental d’Hercule Poirot ou de Joanna Locke. Ce qui permet d’écarter des pistes de réflexion ou de réaliser des rapprochements selon les témoignages, les alibis et d’éventuelles contradictions entre les différents protagonistes.

Une escale vite expédiée ou un long voyage en perspective ?

Pour un jeu d’aventures, Le Crime de l’Orient-Express propose une bonne durée de vie. Avec une progression fluide et sans problème particulier, il faut compter une dizaine d’heures pour parcourir les 13 chapitres. Un peu plus pour récolter l’ensemble des moustaches dorées, items secrets dissimulés avec plus ou moins de soin. On remarquera la volonté de prolonger l’histoire avec un pan narratif inattendu qui offre de nouvelles perspectives lorsqu’on croit atteindre le dénouement. Et il ne s’agit pas d’un épilogue de luxe…

En revanche, la rejouabilité n’est pas de mise. La faute à l’absence de choix et de différents embranchements scénaristiques. On peut même regretter l’incapacité à orienter les dialogues, comme c’est le cas avec d’autres titres similaires. Par exemple, la saga Dark Pictures Anthology. Au même titre que certaines suppositions ou confrontations avec les suspects, on procède par élimination afin d’obtenir le résultat attendu. Dès lors, le joueur ne risque aucune marge d’erreur. On se contente alors d’avancer sans craindre l’échec.

En conclusion…

Au final, Le Crime de l’Orient-Express est une adaptation honnête du roman d’Agatha Christie, mais dénuée de toute fulgurance. Le titre de Microids Lyon se démarque par sa volonté à s’affranchir de son modèle et des précédentes versions. Cela tient au contexte moderne, ainsi qu’à un développement scénaristique sur les évènements antérieurs et futurs à l’affaire elle-même. La progression est mesurée tout en tirant parti de l’alternance des phases d’interrogatoires et d’investigations. On apprécie aussi la retranscription de l’atmosphère raffinée de ce train mythique.

Si la prise de risque et le résultat narratif sont à saluer, le présent jeu n’est pas exempt de reproches. Cela vaut notamment pour une technique datée qui atténue la direction artistique, ainsi qu’une rigidité évidente quant au gameplay. Certains mécanismes sont redondants, tandis que d’autres offrent une trop grande assistance pour résoudre les énigmes ou les actions demandées. Il est impossible de se tromper dans l’orientation d’un interrogatoire ou lors d’une phase de déduction. Le Crime de l’Orient-Express saura convaincre les amateurs du genre, mais se révèle perfectible dans sa réalisation.

Note : 13/20

Par Dante

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