avril 19, 2024

Intruders

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De : Juan Carlos Fresnadillo

Avec Clive Owen, Carice Van Houten, Daniel Brühl

Année : 2011

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Bien qu’ils appartiennent à des mondes culturellement et géographiquement distincts, deux enfants, Juan (Izán Corchero) en Espagne et Mia (Ella Purnell) en Angleterre, reçoivent chaque nuit la visite d’un intrus sans visage, un individu terrifiant qui cherche à prendre possession de leur être.
Sa présence devient de plus en plus oppressante, s’immisçant petit à petit dans leur quotidien et celui de leurs proches. L’angoisse atteint son paroxysme quand leurs parents deviennent eux aussi témoins de ces apparitions.

Avis :

Les peurs enfantines sont un puits inépuisables d’idées. Mais il faut être un très bon scénariste et un très bon metteur en scène pour pouvoir transcrire efficacement toutes ces petites peurs. Révélé par 28 semaines plus tard, Juan Carlos Fresnadillo signe ici un autre film d’horreur mais dans un registre bien éloigné des infectés. Voulant faire référence au fameux monstre du placard qui a terrifié un nombre incalculable de gosses, le réalisateur tente une approche plus poétique, mais aussi plus molle et pas assez agressive. Du coup, le film demeure raté, mais pour de bonnes raisons, car n’est pas Guillermo Del Toro qui veut, et on est bien loin de L’échine du Diable ou encore du Labyrinthe de Pan. Alors en quoi le film est-il raté ? Pourquoi le film ne suscite aucune crainte ? Pourquoi ce mélange de conte et d’horreur ne fonctionne pas ? Allez, on se frotte les yeux, on s’étire calmement et on entre dans on joli petit placard de fringues.

Intruders

On t’as toujours dit qu’après une éjaculation faciale, il faut vite essuyer, sinon voilà le résultat.

Il est très difficile d’aborder des peurs d’enfant car il faut réussir à réunir des émotions très contradictoires comme l’innocence, la naïveté, la frayeur, la magie, l’obscurité. Pour l’instant, le seul qui a réussi, et plusieurs fois, à retranscrire ce genre d’histoire avec brio, c’est Guillermo Del Toro. Voulant s’affranchir de l’éternel démon, Fresnadillo va concentrer son récit sur une jeune fille de douze ans et qui ressent une profonde présence chez elle lorsqu’elle écrit un conte. On va suivre aussi la vie d’un jeune garçon espagnol qui est hanté par le même démon sans visage. Bizarrement, les deux enfants ressentent la présence du monstre quand ils écrivent et l’histoire est sensiblement la même, parlant d’un monstre sans visage, qui souhaite voler celui d’un enfant pour pouvoir être enfin quelqu’un. Bien évidemment, l’histoire va prendre un tournant quand le père de famille voit lui aussi le monstre, s’imaginant au départ un maraudeur puis voyant petit à petit un démon. L’histoire demeure classique, mais la narration est quelque alambiquée pour pas grand-chose. En effet, basé sur un twist final, le film s’enlise dans une histoire peu passionnante et beaucoup trop lente à mon gout. C’est assez dommage car l’histoire semblait prometteuse et aurait pu être mieux amenée.

Le réalisateur sait que pour poser une ambiance pesante sur un film racontant les peurs de la jeunesse, il faut un récit fort, une narration sombre et des passages assez violents compensant le côté poétique de l’histoire. Malheureusement, tout cela va être mis en place de manière fort maladroite et on ne ressentira aucune émotion tout au long du film. Volontairement lent pour poser l’histoire du fameux sans-visage et instaurer une peur sourde, le métrage se perd tout seul dans une narration floue et qui ne permet pas au spectateur de s’identifier aux personnages. Si on ressent une certaine morosité s’échapper du film, tout cela ne vaut pas tripette par rapport à la faiblesse scénaristique et surtout au twist final assez improbable. Du coup, si on accumule tous ces faiblesses les unes après les autres, on obtient un film qui ne dégage rien et qui, malheureusement, semble beaucoup trop impersonnel. Très loin de la poésie macabre d’un Guillermo Del Toro et ne touchant absolument pas l’innocence et les croyances de l’enfance préférant inclure un conte inventé pour créer un monstre de toute pièce, Fresnadillo ne touche pas du tout son public. D’autant plus que le message sous-jacent sur la force de la création est assez faiblard et encore une fois sous exploité.

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Attention, Marc Dutroux est peut-être derrière toi !

L’autre gros défaut du film, outre son ambiance absente, provient du casting en lui-même et de la prestation des principaux acteurs. Clive Owen en tête qui joue le père de famille modèle, prenant soin de sa fille, de sa femme et qui souhaite protéger sa famille du grand méchant. Un rôle de composition pour cet acteur qui a déjà joué un protecteur dans le film Les fils de l’homme. Seulement, on voit bien qu’il s’en fout complètement et il ne s’investit pas du tout dans ce métrage, montrant un visage bovin et ahuri tout au long du film. Il reste convaincant au début du métrage, mais par la suite, son jeu devient presque insupportable. Pour l’accompagner dans cette galère, on a la belle Carice Van Houten, actrice très talentueuse qui reste assez sympathique dans ce film, même si elle tire continuellement la gueule durant les trois quart du métrage. Elle arrive à faire ressortir de l’inquiétude mais aussi de la suspicion face à son mari. Heureusement qu’elle est là pour relever le niveau. Daniel Brühl joue un curé qui voit le jeune garçon dépérir et sa mère devenir de plus en plus folle. Jouant dans la sobriété, il en parvient à devenir transparent et presque pénible à regarder. Mais le pire du pire c’est résolument la jeune artiste Ella Purnell qui joue atrocement et qui fait vraiment dans le surjeu. Dommage car sa contrepartie masculine joue relativement bien et demeure plus intéressant. Bref, une direction artistique assez douteuse qui joue en défaveur du film.

Enfance et gore sont deux termes que l’on n’a pas l’habitude de mettre ensemble. Si on prend le Labyrinthe de Pan, n peut voir que le réalisateur arrive à mettre les deux ensemble dans une sorte d’osmose qui confine le film au chef d’œuvre. L’exorciste n’est pas en reste non plus avec la transformation du corps de la gamine. Intruders veut jouer la note de la sobriété mais surtout de la non utilisation d’effets gores. On ne peut pas blâmer le réalisateur pour ça, d’autant plus que ce ne sont pas ces effets qui font d’un film d’horreur un film bon. Mais comme l’ambiance demeure mauvaise, on aurait pu espérer un élan de générosité dans la tripaille, surtout que le style du monstre aurait pu laisser penser à un type violent et destructeur. Malheureusement (je l’aurai beaucoup utilisé ce mot), Fresnadillo va se contenter du minimum syndical avec deux visages qui s’effacent et des apparitions qui relèvent plus du vieux thriller que du film d’épouvante. Alors les effets spéciaux sont assez bons, mais les apparitions du monstre font vraiment fausses, notamment au tout début sur l’échafaudage contre le petit garçon. C’est dommage car le design du méchant était vraiment intéressant. La fin reste classique, avec un twist qui tombe comme un cheveu sur la soupe et une résolution pas assez poétique.

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Alors pour tes douze ans, je te ramène un mec louche dans ton placard et un mauvais film, t’es d’accord ?

Au final, Intruders est un film d’épouvante vraiment décevant qui ne tient pas ses promesses et surtout, qui ne suscite aucune émotion et aucune frayeur. Loin de faire peur et exploitant trop  maladroitement le thème du monstre de l’enfance, le film s’enlise dans une narration hasardeuse censée servir un twist surprenant. De surprenant, on n’aura pas grand-chose, car hormis un design intéressant et une jolie maîtrise de la caméra, le film ne décollera jamais. Bref, un film dont on peut facilement se passer tant il n’apporte rien au genre. On est bien loin de 28 semaines plus tard

Note : 09/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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