décembre 10, 2024

Les Maudits

De : René Clément

Avec Marcel Dalio, Paul Bernard, Henri Vidal, Anne Campion

Année : 1947

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

En 1945, alors que le IIIe Reich est à l’agonie, le docteur Guibert est emmené de force, pour y soigner un blessé, dans un sous-marin à bord duquel des nazis et des sympathisants veulent tenter de se rendre en Amérique du Sud. Parmi eux, un général allemand, un chef de la Gestapo et son adjoint, un industriel italien et sa femme, un journaliste « collabo », un savant compromis.

Avis :

René Clément est l’un de nos trésors. Immense réalisateur, il nous a laissés, des années 40 aux années 60, un très bel héritage passionnant à découvrir. « La bataille du rail« , « Plein soleil« , « Jeux interdits« , « Paris brûle-t-il ? » « Barrage contre le Pacifique« , « Les félins » … Bref, René Clément tient une belle et grande filmographie, qui de surcroit est accompagnée par les plus belles récompenses, parmi lesquelles on trouve deux Grand Prix à Cannes, un Lion d’Or à Venise, et même deux Oscar du meilleur film étranger.

Dans les films les moins connus de René Clément, aujourd’hui, j’ai décidé de m’arrêter sur le troisième film du cinéaste, « Les maudits« . Partant avec un synopsis intéressant, le film de René Clément est clairement une belle découverte qui aborde un sujet passionnant et peu mis en images. Malheureusement, même si la découverte est belle, il est vrai qu’on regrettera que le réalisateur ne joue pas plus la carte anxiogène, avec cette fuite de nazis en sous-marin vers l’Amérique du Sud.

Quelques semaines avant la fin de la guerre, des officiers hauts gradés du III Reich, des industriels, et différents collaborateurs du régime nazi, appareillent à bord d’un sous-marin à Oslo, afin de trouver refuge en Amérique du Sud. Passant par la très dangereuse Manche, le sous-marin est repéré et bombardé par les alliés et lors de cette attaque, l’une des passagères se cogne violemment la tête contre une paroi en métal et s’évanouit. Il faut donc trouver un médecin au plus vite, mais il n’y en a pas à bord. Le commandant décide alors de s’arrêter sur les côtes françaises pour en trouver un. Ce médecin, ce sera le docteur Gilbert, qui vient de rentrer à Royan. Usant de ruse, les officiers ont convaincu le médecin de faire une consultation à bord et ainsi l’homme se retrouve captif.

Troisième film de René Clément, « Les maudits« , c’est l’histoire d’une fuite, celle de hauts gradés et collaborateurs du III Reich, juste avant la fin de la guerre, à travers les yeux d’un médecin qu’on a enlevé. Pour son troisième film, et comme pour beaucoup de ses films d’ailleurs, René Clément s’arrête encore une fois sur la Seconde Guerre mondiale, nous entraînant ici dans un petit huis clos qui a des allures de thriller. Si l’on peut regretter que le réalisateur ne joue pas avec l’ambiance anxiogène que pourrait développer ce huis clos sous la mer, « Les maudits » demeure un film intéressant pour ce qu’il raconte de ces fuyards au moment de la fin de la guerre.

D’ailleurs, c’est à travers les informations, entre désir de victoire, doutes, vengeance, déni ou encore incompréhension, que « Les maudits » se fait le plus intéressant. René Clément a très bien su rendre ses personnages construits et riches. De plus, si l’on restera perplexe face à l’emploi de la langue française, que le scénario justifie par un tour de passe-passe, il est intéressant de voir que le réalisateur a concentré à l’intérieur de son sous-marin un paysage très hétéroclite, n’ayant pas choisi de montrer la fuite de gradés nazis. Non, ici, on aura des officiers, des civils, des collaborateurs de différents pays, des journalistes et tous, à travers leur discussions, trouvent une certaine richesse qui rend l’ensemble intéressant. Pourquoi ont-ils fait certains choix ? Pourquoi restent-ils ? Que fuient-ils ? Ou encore qu’attendent-ils de cette fuite et puis comme réagissent-ils face à l’actualité des derniers souffles de l’Allemagne et d’Hitler? Bref, ce sont vraiment ces questionnements, plus que l’enlèvement de ce médecin, qui font la force de ces « … maudits« .

Du côté de l’image, il vrai que le film a pris un petit coup de vieux et s’il reste parfois assez impressionnant pour l’époque, il faut composer aussi avec certains moments qui ont perdu de leur superbe ou encore le manque de suspens de manière générale. On reste accroché, René Clément nous tient, mais le film aurait mérité que son cinéaste joue plus sur tel ou tel élément, comme notamment ce sous-marin, lieu évidemment anxiogène, ce qui n’est pas rendu à l’écran. Idem, toujours du côté d’un coup de vieux, « Les maudits » mériterait une restauration, car sur certains moments, notamment dans les sombres et les scènes de plongée du sous-marin, l’image n’est pas lisible.

D’un autre côté, René Clément a réuni un joli casting, et ses acteurs sont bons. Alors c’est vrai que le film manque d’émotion, et plus largement, il manque de suspens, car on ne craint jamais vraiment pour l’avenir de ce médecin embarqué par surprise et de force, mais face à cela, il faut quand même laisser que Henri Vidal, Anne Campion, , Paul Bernard, Lucien Hestor ou Florence Marly sont vraiment très bons et comme je le disais plus haut, ils tiennent des personnages intéressants. Mention toute spéciale à Jo Dest qui, en officier nazi fanatique, fait froid dans le dos.

« Les maudits » est donc un film qui est intéressant et qui mérite de sortir de l’ombre dans laquelle il se trouve. S’il vrai que le film de René Clément a vieilli, qu’il lui manque tout un tas de petites choses pour pleinement marquer nos esprits, il n’en reste pas moins que ces « … maudits » nous offre une grande partie de ce que l’on est venu chercher et au-delà de ça, avec ce sujet peu abordé, la fuite de nazis et fascistes au moment où l’Allemagne tombe, René Clément pique grandement notre curiosité et notre intérêt.

Note : 13,5/20

Par Cinéted

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.