Titre Original : 45 Years
De : Andrew Haigh
Avec Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James, Dolly Wells
Année: 2016
Pays: Angleterre
Genre: Drame
Résumé:
Kate et Geoff Mercer sont sur le point d’organiser une grande fête pour leur 45e anniversaire de mariage. Pendant ces préparatifs, Geoff reçoit une nouvelle : le corps de Katya, son premier grand amour, disparu 50 ans auparavant dans les glaces des Alpes, vient d’être retrouvé. Cette nouvelle va alors bouleverser le couple et modifier doucement le regard que Kate porte sur son mari…
Avis :
Réalisateur britannique pas vraiment connu, Andrew Haigh a commencé sa carrière dans l’écriture de scénario. Dans ses faits d’armes, on notera qu’on retrouve son nom à l’écriture en tant qu’assistant d’écriture sur les scénarios de « Gladiator » ou « La chute du faucon noir« . Après avoir réalisé plusieurs courts-métrages et un long, il se fait grandement remarquer avec son deuxième film, le très bon et très juste « Week-end« . Entre temps, Andrew Haigh se met à la production avec la série « Looking » qui connaîtra un joli succès.
Après nous avoir joliment raconté un week-end aussi romantique que torride avec son deuxième film, Andrew Haigh revient avec « 45 ans« , un film aussi intéressant qu’il arrive à être décevant. « 45 ans« , c’est un très joli sujet et une idée très intéressante. « 45 ans« , c’est aussi deux acteurs qui nous font rêver. Puis c’est la campagne anglaise et le temps qui passe, et c’est dans son idée, une belle réflexion sur les sentiments, et pourtant, malgré tout ceci, « 45 ans » demeure un film décevant, car malgré toutes ses qualités, il n’arrive jamais à nous emporter et nous toucher. « 45 ans« , c’est un film joli dans son fond et long, très long dans sa forme et c’est vraiment dommage, car il marque une première déception venant de la part d’Andrew Haigh.
Kate et Goeffrey vont fêter leurs quarante-cinq ans de mariage entouré de leurs amis, à la fin de la semaine. Une vie faite, comme tous les couples, de hauts et de bas, mais l’amour est là, présent, intact comme au premier jour. Pourtant, cet amour va être mis à l’épreuve et de manière totalement inattendue quand un matin, Geoffrey reçoit une lettre de Suisse lui indiquant qu’on vient de retrouver le corps de son grand amour de jeunesse. Katia avait disparu dans les Alpes, il y a cinquante ans de cela. Cette nouvelle va alors bouleverser et affecter grandement le couple de Geoffrey et Kate.
Un couple soudé qui s’apprête à fêter leur amour et une nouvelle venue du passé qui s’invite à la fête, le troisième long-métrage d’Andrew Haigh avait bien des ingrédients pour être intéressant. Et d’ailleurs, le film d’Andrew Haigh est intéressant, le cinéaste nous plongeant de manière très intimiste dans la vie de ses personnages. Le scénario qu’a écrit Andrew Haigh aborde de belle manière tout un tas de sujets et parle bien du temps dans le couple et du temps qui a passé. À travers cette nouvelle venue du passé, c’est tout un tas de choses qui est remis en question, et ce couple si beau et soudé se retrouve d’un coup perdu et fragile. Andrew Haigh questionne bien notre rapport à notre histoire passée, à la douleur d’avoir perdu un être cher. C’est très intéressant de voir comment cette nouvelle affecte ce couple et comment celui-ci, malgré tout, cherche à ne pas sombrer. « 45 ans« , c’est un film qui parle aussi bien d’amour que de pardon, c’est un film qui parle du passé, du présent et de l’avenir. C’est un film qui aborde la confiance, la peur, la jalousie, peut-on être jaloux d’un fantôme ? Le film questionne aussi la souffrance. Sa souffrance à lui d’enfin connaître la vérité et sa souffrance à elle de découvrir une facette qu’elle ne connaissait pas ou qu’elle avait volontairement oublié (oui le film est parfois assez flou là-dessus).
Pour animer tous ces personnages aux sentiments très contradictoires, Andrew Haigh a réuni un très beau casting. Charlotte Rampling et Tom Courtenay y sont superbes et ont tous deux raflés un Ours d’Argent à Berlin pour leurs prestations.
Mais voilà, comme je le disais, si le film est très beau sur son fond, « 45 ans » est un film qui déçoit dans sa forme. Si Andrew Haigh filme très bien ses personnages et la campagne anglaise, il n’arrive pourtant pas à nous impliquer dans cette histoire ô combien dramatique. Il y a un manque dans « 45 ans« , le film manque d’émotion d’un côté et de rythme de l’autre. Alors même que cette histoire est intéressante, on ne peut s’empêcher de quelque peu s’ennuyer, comme si l’on restait dans l’attente qu’enfin le réalisateur du sublime « Week-end » nous prenne et nous emporte. Cette histoire demande à être bouleversante, et même si les comédiens sont bons, même si le fond est là et il est touchant, le film en lui-même demeure plat et décevant et c’est vraiment, mais vraiment, dommage, en plus d’être étonnant venant de la part d’Andrew Haigh.
On ressort donc déçu de « 45 ans« . Andrew Haigh livre un film devant lequel je me suis senti partagé. Partagé entre l’intérêt pour cette histoire, pour ce couple, pour le drame qui les touche et tout ce que cela peut impliquer, et l’ennui face à cette mise en scène qui traîne et qui n’explore pas plus que ça les sentiments de ses personnages. « 45 ans » est un film et une histoire qui demandait plus que ce que Andrew Haigh nous offre là. Dommage.
Note : 09/20
Par Cinéted
Une réflexion sur « 45 Ans »