avril 19, 2024

Inside

De : Miguel Angel Vivas

Avec Rachel Nichols, Laura Harring, Andrea Tivadar, StanyCoppet

Année: 2017

Pays: Etats-Unis, Espagne

Genre: Horreur

Résumé:

Une femme enceinte est rendue partiellement sourde suite à l’accident de voiture qui tue son mari. Recluse dans une maison isolée, elle reçoit la visite d’une femme qui veut lui arracher son bébé.

Avis:

On a souvent tendance à dire que le cinéma français, en matière d’horreur, c’est un peu la dernière roue du carrosse. Et il est difficile de dire le contraire quand on voit certaines productions qui, en plus d’un budget riquiqui, ne bénéficient pas d’un savoir-faire, contraintes parfois par des studios qui ne veulent pas voir leur nom écorchés. Pourtant, si on gratte un peu la surface, on se rend vite compte que bon nombre de réalisateurs frenchy savent y faire en matière de gore ou de peur, comme Alexandre Aja, Pascal Laugier ou encore Julien Maury et Alexandre Bustillo. D’ailleurs, les deux compères avaient tapé un grand coup en 2007 avec A l’Intérieur, un film ultra violent, ultra gore et profondément viscéral. Si on pouvait lui reprocher un manque cruel de fond et une sorte de film à twist un peu éventé, pour une production cent pour cent française, ça envoyait du bois. Et il faut croire que cela a fait des envieux, puisque dix ans plus tard, voilà que pointe Inside, un remake américano-espagnol produit par Jaume Balaguero (Rec) et réalisé par Miguel Angel Vivas, à qui l’on doit Extinction, un zombie flick fauché et déjà pas terrible. Quel est le résultat alors de ce remake ?

Autant le dire tout de suite, il ne faudra rien attendre de ce film d’horreur qui se veut être aussi percutant que son aîné, mais qui manque cruellement de nerf et de gore. Pour la petite histoire, on va suivre Sarah, une jeune femme enceinte qui va perdre son mari dans un accident de voiture. Alors que l’on est à la veille de Noël et qu’elle est prête à accoucher, une étrange femme vient frapper à sa porte avec un seul but, lui prendre le bébé qu’elle a dans le ventre. Avec un pitch aussi simple, on retrouve globalement tout ce qui faisait le succès de l’original. Un scénario vite expédié au profit d’un affrontement sanglant et sans aucune demi-mesure. Ici, le réalisateur espagnol va tenter de faire pareil, mais il semble complètement bloqué par les exigences du studio américain qui produit le film. Ainsi donc, dès le départ, le film va être très lisse. Sarah n’est pas une fille sombre, mais plutôt lunaire, même si elle a du mal à se faire à l’idée que son mari n’est plus là. Nous sommes face à une femme dépressive mais qui reste moins marquante que son homologue française. Rachel Nichols a beau avoir un joli minois, elle n’est pas assez dark pour endosser ce rôle. Et lorsque l’attaque commence, ça va être une belle catastrophe.

Le côté gore si percutant de l’original va ici être lissé. Non pas qu’il n’y a pas de sang ou de meurtre dégueulasse, simplement que la mise en scène va ellipser beaucoup de chose. Le meurtre de la mère par exemple va être expédié manu militari, tout comme le meurtre du meilleur ami dans les escaliers. Alors que c’était un tournant dans le film initial, montrant le basculement de l’héroïne dans l’extrême, ici, on reste dans quelque chose de presque normal dans le cahier des charges et n’apporte finalement aucune épaisseur au personnage de Sarah. Ensuite, l’affrontement entre les deux femmes va être assez irrégulier. Certains passages vont être virulents pour céder rapidement la place à des moments longs et pénibles sans véritablement de sens. Les incohérences vont se multiplier comme lorsque la tueuse va buter le voisin alors que celui est interpellé par la victime. Comment la meurtrière pouvait savoir à qui s’adressait Sarah ? Il en est de même lorsque cette dernière se réfugie dans une maison voisine et découvre que c’est chez la tueuse, qui rentre elle aussi chez elle. Un heureux hasard au service d’une narration fatigué et ronflante. Et doit-on parler du happy end complètement foireux, montrant bien son côté américain puritain alors que le film français était purement et simplement jusqu’au boutiste.

Avec un côté plus lisse, un gore vu à la baisse et une rencontre entre deux femmes qui s’avère beaucoup moins viscérale que prévue, Inside enfile tous les défauts du remake, se rendant complètement inutile. Tout cela se ressent aussi dans les différentes prestations des actrices. Laura Harring est terriblement moins glauque que Béatrice Dalle qui incarnait le mal absolu dans le film de Maury et Bustillo. Mais le pire réside aussi dans la réalisation, d’une banalité presque insupportable. On avait déjà senti les vicissitudes de Miguel Angel Vivas avec son précédent film, Extinction, mais là, il prouve qu’il ne possède pas vraiment un œil accrocheur ou accrochant. Inside manque de tout, mais surtout d’identité visuelle et d’intimisme. C’est bien simple, on veut se la jouer à l’américaine, mais sans se donner de véritables moyens et restant dans quelque chose de bien pensant. Les incohérences sont là pour le prouver, tout comme les réactions des personnages face à l’horreur ou l’inconnu. Comment ne pas appeler les flics lorsque vous découvrez que la nénette dans la baraque n’est pas la mère de la victime ? Les personnages préfèrent bader et prendre le risque de rentrer dans la maison. Enfin, difficile de croire au combat de la victime, qui est à deux doigts d’accoucher et qui se bat comme une lionne, enchainant les chutes et les coups. Bref, on reste dans l’improbable, tout en éludant l’aspect viscéral de la chose.

Au final, Inside est un mauvais remake doublé d’un mauvais film d’horreur. Le nom de Jaume Balaguero aurait dû nous indiquer que cela serait une purge, lui qui depuis un petit moment déjà a sombré dans le bis dégoulinant, mais le film de Miguel Angel Vivas confirme tout le mal que l’on pensait d’eux, incapables de fournir un film intéressant alors que le matériau de base était de qualité, perfectible certes, mais de qualité. Bref, un remake de plus à mettre à la poubelle, prouvant que les français peuvent être doués dans l’horreur.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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