mars 29, 2024

Green Manor

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Résumé :

A première vue rien ne semble différencier le très sélect club de Green Manor d’autres clubs anglais. Pourtant, derrière ces murs épais, au creux de ses profonds fauteuils, se cache le plus grand ramassis d’escrocs, de bandits et de meurtriers que la reine Victoria n’ait jamais connus.

Avis :

Le monde de la bande dessinée est un monde à part, dans lequel toutes les fantaisies sont permises. C’est d’ailleurs la raison qui m’amène à penser que ces albums colorés à base de vignettes et de bulles connaissent un si vif succès malgré les tarifs exponentiels. C’est un monde à part parce que dans cet art, on peut se permettre quasiment n’importe quoi et quand c’est bien fait, tout passe. On peut faire de la comédie avec du policier, du trash avec un drame, du fantastique dans un monde futuriste, bref, les scénarios les plus fous peuvent se permettre d’exister, ce qui n’est pas le cas au cinéma. C’est bien pour cela que les trois quarts des adaptations de BD en films sont de mauvaises factures. Avec Green Manor, on entre dans la catégorie des policiers avec un humour dévastateur et une intelligence au niveau des histoires courtes que cela en devient incroyable. Ouvrons cette intégrale pour voir de quoi il en est.

Fabien Vehlmann est un scénariste très connu et qui officie pour un bon nombre de BD (je conseille d’ailleurs très fortement la série Seuls chez Dupuis). Il propose ici des historiettes criminelles, mais dans un contexte unique et avec à chaque fois un rebondissement assez inattendu, parfois loufoque mais souvent très drôle. Sans s’attarder sur des personnages redondants, on va plutôt s’intéresser aux intrigues et aux différents crimes commis. C’est d’ailleurs la force de cette BD puisque les personnages ne reviennent quasiment jamais deux fois et que seul le lieu reste le même, c’est-à-dire le Green Manor, repaire de vieux aristocrates pédants amateurs d’histoire criminelles. L’intelligence est de mise et il suffit de lire la première histoire pour s’en rendre compte, car elle pose une question absurde à laquelle tente de répondre tous les hommes du club : Peut-il y avoir un meurtre sans morts et sans assassin ? Fort de ce premier lancement, les autres histoires vont très vite s’enchaîner pour notre plus grand plaisir et certaines résonnent fortement dans notre tête, notamment Post-Scriptum, avec une histoire de lettre et une annonce de mort très savoureuse et vraiment intelligente. Vehlmann s’amuse aussi avec les croyances des hommes et les situations parfois loufoques que peuvent inventer des gens pour élucider un meurtre alors que la situation est la plus simple du monde. Pour cela, il suffit de lire l’historiette Nuit Vaudou. Bref, Vehlmann joue avec nous et on sent qu’il y a vraiment de la recherche dans les histoires et une volonté de mettre de l’intelligence et de perdre le lecteur pour le surprendre en quelques pages.

Au niveau du dessin, on reste dans quelque chose de très agréable et l’ensemble colle parfaitement avec l’univers et les histoires. On se retrouve en 1890 et dans les années qui suivent et Denis Bodart va respecter scrupuleusement les décors et le Londres de l’époque. Loin de faire dans le dessin hyper réaliste, nos aristocrates sont croqués à merveille, bien souvent avec monocle, tasse de café et veston, et on prend un malin plaisir à déguster les images dans l’atmosphère brumeuse du Green Manor. Jouant efficacement sur les émotions, n’hésitant pas à forcer les traits pour rendre un personnage encore plus idiot, Bodart prend lui aussi un plaisir fou à croquer ces personnages parfois gentils, parfois méchants, souvent hautains, mais il leur donne tout de même un aspect assez drôle. Le trait est fin et le tout colle parfaitement à l’ambiance et au ton de cette série.

Au final, Green Manor est une bande dessinée que je ne serai que trop conseiller, car elle possède des atouts indéniables et peu de défauts. Drôle, macabre et très intelligente, elle plonge le lecteur dans l’époque de Jack l’éventreur mais avec d’autres histoires passionnantes et des personnages savoureux. Les 16 historiettes forment un ensemble cohérent, juste et même si certaines sont meilleures que d’autres, l’ensemble est excellent. Bref, si vous aimez les policiers et l’humour anglais, foncez sur cette pépite.

Note : 16/20

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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