décembre 10, 2024

Fukushima mon Amour

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Titre Original : Grübe aus Fukushima

De : Doris Dörrie

Avec Rosalie Thomass, Kaori Momoi, Aya Irizuki

Année : 2017

Pays : Allemagne

Genre : Drame

Résumé :

Marie, jeune allemande, arrive à Fukushima, au Japon, pour changer de vie. Malgré les difficultés d’adaptation qu’elle rencontre, elle choisit de rester auprès de Satomi, la dernière geisha de Fukushima qui a décidé, de son propre chef, de retourner dans la maison qui l’a vu naître.
Les deux femmes ne pourraient être plus différentes, et pourtant, chacune à leur manière, apprennent à se découvrir et se lient d’amitié…

Avis :

Si le nom de Doris Dörrie ne vous dit rien, c’est normal, car la réalisatrice est peu connue chez nous et pourtant outre Rhin, elle est l’une des artistes les plus touche à tout. En plus d’être réalisatrice depuis les années 70, et elle compte déjà une trentaine de films à son actif, elle s’est essayée à la rédaction d’un magazine de cinéma, elle monte des opéras, écrit des romans, et donne même des cours à l’université de Munich, elle fait l’actrice de temps à autre et bien entendu écrit ses propres scénarios. Bref, Doris Dörrie, plus qu’une réalisatrice, est bien une artiste complète.

Huit années après être partie au Japon pour « Cherry Blossoms« , Doris Dörrie a de nouveau décidé d’installer sa caméra sur l’île du soleil levant pour nous raconter le destin de deux personnages qui en aucun cas aurait dû se rencontrer et la vie les a injustement réunies. Revenant sur la catastrophe de Fukushima, Doris Dörrie livre un beau film, à la fois mystérieux et poétique. Aussi étrange que déroutant, on se laisse séduire par le noir et blanc magnifiquement poétique, ainsi que ces personnages riches qui ne manqueront pas de surprendre et enfin par le message que la réalisatrice laisse transparaître au travers de son histoire, sa mise en scène et ses choix. Bref, le film est étonnant !

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Marie est une jeune allemande qui a tout raté, alors elle a pris la fuite. Afin d’être utile, elle est partie pour le Japon afin d’aider comme elle le peut les rescapés de la catastrophe de Fukushima. Déguisé en clown, elle va faire la connaissance de Satomi, une femme d’une soixantaine d’années qui vit dans un coloc de survivants. Le jour où Satomi, après avoir reçu l’aide de Marie, décide de rester vivre dans les ruines de sa maison dévastée par les flots, Marie décide de rester avec elle, afin de la reconstruire, la vie de la vieille femme. Entre les deux va alors naître un respect mutuel et une belle amitié. Chacune d’elle va aider l’autre et c’est ensemble qu’elles vont se reconstruire.

« Fukushima mon amour« , c’est trois personnages écorchés par la vie qui essaient de refaire surface comme ils le peuvent. Avec son nouveau film, Doris Dörrie plonge dans un film qu’on peut facilement qualifier de puzzle. Son scénario va suivre trois « personnages », Marie (géniale Rosalie Thomass), Satomi (Kaori Momoi bouleversante) et Fukushima et sa région. Si l’intrigue se concentre principalement sur les histoires de ces deux femmes qu’on va découvrir petit à petit à travers leurs conversations, et certains flashbacks bien pensés, on ne peut pas oublier cette région dévastée, dont le spectre hante l’écran à chaque instant.

Doris Dörrie abordera tout un tas de sujets, mais c’est bien les regrets, la rédemption, l’altruisme et les fantômes de la culpabilité qui seront mis en valeur. La réalisatrice aborde avec beaucoup de finesse la psychologie de ses personnages. On a l’impression que la vie s’est arrêtée sur ces deux personnages. Chacune d’entre elles sera touchante à sa façon et plus on va apprendre à les connaitre, un peu comme ces deux femmes qui se découvrent, et plus on s’accroche à elles. Et c’est avec beauté et émotion qu’on les voit revenir à la vie, qu’on va les observer retrouver leurs émotions. C’est vraiment très beau, touchant et humain. « Fukushima mon amour » appuie l’entraide et démontre bien qu’ensemble, on est plus fort. Il démontre très bien aussi la magie de la vie, qui est capable de détruire, et l’inverse, comme faire se rencontrer deux personnes qui n’avaient a priori rien en commun et qui n’aurait dû jamais se rencontrer. Ces rencontres qui sont parfois qu’un aparté dans une vie, mais qui sont pourtant déterminantes et changent la donne. Doris Dörrie éveille la curiosité à chaque instant et dans son histoire, elle injecte beaucoup de mystère et de culture nippone. Ainsi, grâce à cela, le film dévie de temps à autre dans le film fantastique peuplé de fantômes mélancoliques. C’est très beau, il y a quelque chose de terriblement poétique et lugubre en même temps qui se dégage de son film. Le parcours de ces deux femmes est saisissant et c’est tout en simplicité que Doris Dörrie entraîne son spectateur au plus près de ses personnages et de leur quotidien.

Avec ce film, Doris Dörrie en profite aussi pour dresser un bilan de la catastrophe de Fukushima et ainsi met en images cette vie qui s’est arrêtée. On reste stupéfait par les images que Doris Dörrie a ramenées et montées pour son film. « Fukushima mon amour » fait passer un message écologique et intemporel fort, sans pour autant tomber dans la leçon de moral. La réalisatrice constate l’état dans laquelle la région se trouve. Elle montre la contamination des sols et surtout les solutions avancées qui sont aberrantes et elle filme le tout de manière incroyable (il y a une certaine poésie qui se dégage de la catastrophe). Ça fait froid dans le dos, et le fait qu’elle ne fasse que montrer les solutions invraisemblables trouvées pousse encore plus dans ce sentiment. C’est bien simple, les images parlent d’elles-mêmes. Plus haut, je parlais de la vie qui s’est arrêtée sur ces personnages et cette sensation est ressentie et renforcée par le choix de la réalisatrice de filmer en noir et blanc. En plus d’apporter un grain et une ambition incroyable a l’image, surtout dans un Tokyo moderne qu’on n’a jamais vu ainsi, ce choix rend ces paysages dévastés encore plus apocalyptiques. Le noir et blanc appuie la catastrophe et l’horreur qui s’est déroulée en ces lieux. D’ailleurs, si les personnages arrivent à se reconstruire et qu’on ressent cette renaissance chez eux, le choix de la réalisatrice montre avec ces paysages qui restent sans vie que l’humain se reconstruit plus vite que la nature qu’il a dévasté. Et c’est avec cette sensation que Doris Dörrie fait passer son message, presque comme une mise en garde.

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« Fukushima mon amour » est un film particulièrement étonnant. On est dérouté, piqué et touché en même temps. On pourra toujours reprocher le rythme plutôt lent qui contemple l’étendue des dégâts que ce soit sur les personnages ou dans le paysage, mais là encore, c’est réfléchi et utile.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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