De : Zach Lipovsky
Avec Dylan Postl, Brendan Fletcher, Stephanie Bennett, Teach Grant
Année: 2014
Pays: Etats-Unis
Genre: Horreur
Résumé:
Le leprechaun, petit elfe teigneux des contrées anglo-saxonnes, est de retour pour de nouvelles aventures…
Avis:
Les créatures mythologiques ont toujours suscité un intérêt majeur dans le septième art. Que ce soit dans le cinéma d’aventure ou l’héroïc-fantasy, les minotaures, gorgones, sirènes et consorts ont toujours pu avoir leur minute de gloire et présenter ainsi un bestiaire éclectique et souvent monstrueux. Mais en dehors de la mythologie, le folklore d’un pays peut aussi avoir ses petits monstres, ses légendes locales qui inspirent les scénaristes et les producteurs. C’est ainsi que naquit Leprechaun dans les années 90, ce petit elfe teigneux, bavard, espiègle et qui garde un chaudron d’or au pied d’un arc-en-ciel. Sauf qu’ici, armé d’un humour noir décapant et d’une certaine façon de tuer, le Leprechaun fera son entrée au panthéon des créatures horrifiques pour une saga qui ira déclinant au fur et à mesure des épisodes. Il fallait donc à la créature un reboot, afin de relancer une licence qui fut juteuse en son temps. Et depuis le succès de See No Evil, le film d’horreur financé par la WWE avec sa star du catch Kane, la firme essaye tant bien que mal de placer ses athlètes dans tout et n’importe quoi. Du coup, l’argument de vente de ce film, c’est Dylan Postl, mieux connu sous le nom de Hornswoggle, et qui le nain catcheur de la WWE. Cependant, en reniant complètement le matériau de base, ce reboot se prend complètement les pieds dans le tapis.
A la base, ce personnage maléfique est un être espiègle qui piège ses proies et qui s’amuse à faire des vannes, un peu comme Freddy Krueger dans sa jeunesse. Sauf que la mode est au sérieux et à la noirceur et que certains personnages cultes de l’horreur ont tendance à perdre de leur bagou au profit d’un gore outrancier et parfois mal branlé. C’est exactement ce qu’il se passe avec Leprechaun Origins, qui ne parvient jamais à se hisser en dehors de son statut de film d’horreur bas de gamme destiné aux bacs à DVD dès leur arrivée en France. Exit le petit être au chapeau et bienvenue à une espèce de singe tout gris qui baragouine des borborygmes incompréhensibles. Du coup, le film perd en humour, ce qui aurait été intéressant vu la physionomie du personnage, mais il ne gagne pas en frayeur et en horreur. Bien au contraire, le film se contente d’aligner les poncifs du genre.
Il faut dire que le film n’a pas grand-chose pour lui, notamment dans son script brouillon qui tente de coller au folklore irlandais sans jamais vraiment entrer à fond dans le thème. On se retrouve donc face à un film à petit budget qui se focalise exclusivement sur l’aspect survival sans jamais se poser cinq minutes pour approfondir les origines de la bestiole. Assez frénétique dans son déroulement, le film ne perd pas de temps dans la présentation des personnages et leur naïveté fait froid dans le dos En utilisant ce concept, les scénaristes ont balayé du dos de la main les personnages qui ne seront que de la chair à canon et pour lesquels on ne ressentira aucune empathie. Certes, les deux actrices sont canons, mais le physique ne fait pas tout. Alors il est vrai que le film se pose à un moment donné pour étudier des livres expliquant les origines de la bestiole, mais ce moment calme tombe comme un cheveu sur la soupe et n’est présent que pour relancer une course-poursuite fatigante. Le seul personnage qui tire son épingle du jeu, c’est Teach Grant, qui joue un jeune homme torturé entre les volontés de son père et ses convictions profondes. Mais là, encore, le personnage n’est pas assez profond et on reste sur notre faim.
En fait, le film mise beaucoup sur ses effets de peur et sur la frénésie de sa réalisation. Mais là encore, c’est complètement raté. Si les effets gores sont présents, ils ne servent pas à grand-chose si ce n’est à combler un vide scénaristique et surtout une absence d’intelligence dans la gestion de la peur. Les jump scare sont éculés et la mise en scène est catastrophique, préférant faire bouger la caméra dans tous les sens pour ne montrer qu’un bout du monstre tant le costume est mal foutu. Du pur latex qui renvoie à certains films de monstres des années 70/80 avec un budget famélique. Mais le pire dans tout ça, c’est que le film n’hésite pas à singer certaines références en la matière sans jamais parvenir à trouver une identité propre. Ainsi, on a une allusion à Predator lorsque le Leprechaun arrache la colonne vertébrale d’une victime ou encore au Alien de Ridley Scott dans la gestion du monstre que l’on ne voit jamais en entier, mais cela est vraiment mal fichu et prête plus à rire qu’autre chose.
Au final, Leprechaun Origins est une insulte à la saga de base qui pourtant ne volait pas bien haut. La WWE, rassurée par le succès de See No Evil (plutôt bon d’ailleurs), s’essaye au reboot tout en gardant une base gore qui lui est chère, mais malheureusement, il manque vraiment le second degré de l’elfe irlandais et surtout, surtout, il manque un bon réalisateur derrière la caméra, quelqu’un qui soit capable de susciter de la peur sans recourir à une shakin’ cam désobligeante et qui arrive à proposer des personnages plus intéressants qu’une bande de jeunes insouciants. Bref, un film navrant même s’il a le mérite de ne pas ennuyer grâce à sa courte durée et son rythme frénétique.
Note: 03/20
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Par AqME