De :Michael Dougherty
Avec Adam Scott, Toni Collette, David Koechner, Allison Tolman
Année : 2016
Pays : Etats-Unis
Genre : Horreur
Résumé :
Quand Max voit sa famille peu exemplaire se disputer à l’approche de Noël, le garçon décide d’ignorer la célébration, sans se rendre compte que ce manquement à la tradition va provoquer les foudres de Krampus, un démon ancestral bien décidé à punir les réfractaires. La situation tourne en enfer quand les figures de Noël prennent monstrueusement vie, lançant l’assaut sur la maison de Max et forçant les membres de sa famille à s’entraider s’ils espèrent sauver leur peau.
Avis :
Tout comme l’information, il y a des incunables au cinéma en fonction des périodes de fête. Si on connaît les blockbusters estivaux, chaque année nous avons droit à notre panoplie de films de Noël durant la période du gros barbu en pyjama rouge. Si les dessins animés sur ce sujet sont la cible privilégiée des producteurs, il y a aussi quelques comédies romantiques qui sortent à chaque fois en cette période comme Love Actually. Mais il y a un autre genre de film qui sort à Noël et qui a tendance à tordre le cou aux traditions. Car l’horreur n’est pas en reste et on ne compte même plus me nombre de films avec soit avec un père Noël psychopathe, soit avec des enfants tueurs. Entre Douce Nuit, Sanglante Nuit et ses suites, The Children, Silent Night, Very Bad Santa ou encore Black Christmas, on a de quoi faire lorsque la neige abonde. Sauf que certains films de Noël ne sortent en période christique et se retrouvent dans un planning complètement à la ramasse au vu du sujet abordé. Si Gremlins est sorti en Juin, c’est aujourd’hui au tour de Krampus de faire les frais de plusieurs reports pour finalement sortir sur nos écrans début Mai.
Mais nous n’avons point besoin de date précise pour profiter d’un film, surtout lorsqu’il est bon et bourré de références Ce qui va être le cas de Krampus, un film d’horreur culotté, fourmillant d’idées et qui fleure bon les années 80, cette période où les nouveautés tombaient comme la neige en plein blizzard. Krampus est donc un film qui se déroule durant les fêtes de Noël et il s’agit d’une bestiole mythologique issue du panthéon allemand et autrichien. Accompagnant Saint-Nicolas lors de ses tournées de cheminée, le Krampus étant le penchant maléfique, celui qui prend au lieu de donner. Fort de cette idée folklorique, Michael Dougherty va tisser un film intelligent autour des rapports familiaux, tout en apportant une touche horrifique glaçante et stupéfiante d’idées. Car le film démarre come une comédie familiale avec son lot de désaccords et de familles qui n’arrivent pas en s’entendre. Michael Dougherty joue avec les clichés sans jamais tomber dans une surenchère de gags débiles et préfère de suite marquer les différences entre une famille plus aisée que l’autre et l’une plus beauf dans son habitude. Cette tension sera sujette à des querelles entre les enfants, mais aussi et surtout à un état de fait, malgré Noël, les liens ne se resserrent pas, bien au contraire. Et c’est là toute l’intelligence du film, fournir un postulat de base drôle et dramatique à la fois, sans trop en faire, mais suffisamment pour que ce soit crédible.
C’est à ce moment-là que le film bascule dans une autre ambiance complètement à l’opposé. A cause d’une lettre déchirée adressée au Père Noël, la famille va se retrouver dans les griffes du Krampus, une créature qui vient pour prendre et ainsi montrer que ce que l’on va perdre est le bien le plus précieux. Sorte de réflexion métaphorique sur le fait qu’il faut faire des concessions et s’aimer les uns les autres afin de ne pas se déchirer, l’horreur qui s’abat va permettre de resserrer des liens et de refonder une famille où les enjeux sont communs : survivre et s’entraider. Sauf que faire un film de ce genre serait bien trop conventionnel et le réalisateur qui avait déjà livré l’excellent Trick’r Treat, sait bousculer son public pour lui fournir un conte horrifique digne de ceux des frères Grimm. Mais les originaux, les vrais, ceux qui tâchent et qui font peur. Ainsi, le film est inattendu et chaque passage un peu tendu se révèle imprévisible et prenant. Pourquoi ? Tout simplement parce que le cinéaste présente une famille qui malgré ses défauts possède de bons côtés et que l’on ressent une profonde pour chacun d’eux, d’un gros garçon mutique à la tante qui déteste tout le monde. C’est comme cela que le spectateur va rentrer dans le film, va rentrer dans cette famille lambda et souffrir avec elle. Le seul défaut que l’on pourrait reprocher au film, c’est sur les réactions des protagonistes. En effet, face à une menace surnaturelle, tout le monde semble prendre les bonnes décisions et ne semble pas affecter émotionnellement par ce qu’il se passe. Pire, lorsque des enfants disparaissent, les parents préfère faire de l’autosuggestion que de se mordre les ongles d’inquiétude. Rien de bien méchant, car finalement, on évite l’hystérie collective, mais cela reste perturbant.
Cependant, de l’hystérie, il y en a, mais dans les émotions. Le film fait peur, c’est un fait, car l’ambiance soignée du métrage propose une vision glaçante et surtout un bestiaire ultra angoissant. Sorte de Gremlins de l’enfer, le film fait d’ailleurs énormément penser au film de Joe Dante et de tous ces créatures, Krampus bénéficie de scènes incroyables et complètement folles qui baignent dans une énergie d’une grande générosité. C’est-à-dire que lorsque le film présente ces monstres, il ne fait pas les choses à moitié et rentre vraiment dans le lard, montrant une violence inouïe et une volonté de faire trembler le spectateur, aussi bien par l’aspect des bêtes que par leur l’absence de pitié. Et tout le monde va y passer, à commencer par les enfants qui vont en prendre plein la gueule, se faisant dévorer, mutiler ou les deux à la fois. Michael Dougherty ne fait pas dans la dentelle et laisse un gros malaise chez le spectateur. La séquence des elfes est un moment d’anthologie, totalement païen voire même sataniste, avec des maquillages incroyables et une mise en scène ingénieuse. D’ailleurs, le Krampus est formidable et fait vraiment peur. Il y a bien longtemps qu’une créature n’avait bénéficié d’un tel design.
Au final, Krampus est la surprise du moment, le film de Noël en plein printemps qui mérite amplement son coup d’œil au cinéma. Ente comédie et horreur, le nouveau de Michael Dougherty est un vent de fraîcheur qui souffle sur le genre, offrant un film généreux, qui fait étonnement référence au cinéma fantastique des années 80, et qui fonctionne à merveille, faisant vraiment peur sur certains passages complètement hallucinés. S’il est dommage que certaines réactions soient si peu convaincantes, le film l’est et c’est bien là l’essentiel. Un film qui fait enfin peur, ça ne se refuse pas.
Note : 16/20
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Par AqME