décembre 13, 2024

Wolfenstein – The Old Blood

Wolfenstein_The_Old_Blood_cover

Résumé :

Dans la peau du héros de guerre B.J. Blazkowicz, équipez-vous avec des armes inédites comme le fusil à verrou et le Kampfpistole lance-grenades et venez à bout de la menace nazie grandissante.

Avis :

Avec The New Order, Wolfenstein créait la surprise en nous offrant un épisode de haute volée, tant pour les amateurs de la mythique saga que pour les inconditionnels du FPS. On y découvrait un jeu efficace doté d’une mise en scène forte qui s’appuyait sur une dramaturgie inhabituelle pour le genre. Un an plus tard, l’équipe à l’origine de cet excellent opus récidive avec The Old Blood. Avancé comme une extension du titre principal (le prix de 20 € va en ce sens), The Old Blood ne nécessite pas de posséder le précédent volet. Partant de ce postulat, l’investissement est-il valable ou opportuniste, au même titre que certains DLC douteux ?

break_out_wolfenstein_the_old_blood_bethesda

The Old Blood prend place en 1946. Au regard de la chronologie des événements, il s’agit donc d’une préquelle à The New Order. On ne peut le qualifier de chaînon manquant ou indispensable à un éclaircissement des faits qui surviennent par la suite, mais l’intrigue a néanmoins le mérite d’évoquer une page décisive dans la réalité alternative construite par les développeurs. Car oui, la Seconde Guerre mondiale ne s’est pas achevée en 1945. Pire, les nazis sont sur le point de la remporter et de bouleverser l’ordre mondial ! Pour autant, cela ne décourage pas Blazkowicz et sa furieuse envie de faire mordre la poussière aux partisans du IIIe Reich.

Univers uchronique par excellence, Wolfenstein se targue d’offrir une approche différente de cette période tourmentée de l’histoire. Tourné tantôt avec légèreté pour caricaturer l’ennemi avec un humour sous-jacent sans langue de bois, tantôt avec gravité quand il s’agit de décrire avec un minimum d’exactitude les projets les plus grandiloquents et les plus farfelus du régime nazi. On jongle constamment sur ces deux aspects sans amalgame possible ; encore moins une quelconque apologie des mœurs raciales et antisémites propre aux dérives de l’extrême droite. Ici, tout est affaire de dosage et d’équilibre pour alterner la disparité du ton tenu sur l’ensemble de l’intrigue.

L’histoire se scinde en deux parties distinctes : Rudi Jäger & la tanière des loups ; Les sombres secrets de Helga von Schabbs. La première se concentre sur l’évasion de Blazkowicz du château de Wolfenstein, tandis que la seconde explore le village fictif de Wulfburg (aucun lien avec Wolfsburg) et les tendances mystico-ésotériques que nourrissaient les nazis. Là encore, on tranche avec les changements d’ambiance sans transition aucune, enfin presque. D’un côté, on développe l’uchronie de manière plausible et somme toute réaliste ; de l’autre, l’imaginaire emprunte des détours délirants qui ne sont pas sans rappeler des influences lovecraftiennes (surtout dans le final) couplées à l’actuel succès des zombies (tant dans le jeu vidéo, que sur grand et petit écran).

À cela, on épure sensiblement les cut-scenes pour ne laisser que des séquences trop furtives. De fait, on ne retrouve pas l’un des aspects les plus appréciables et étonnants de son prédécesseur. Ici, le défouloir est toujours aussi nerveux et immersif, mais il manque cet ajout non négligeable pour que sa réalisation convainque pleinement. Au demeurant, le moteur graphique ne prend pas une ride et expose des environnements au level design travaillé. De l’ambiance froide et bétonnée du château (où l’on devine déjà un arsenal et des outils technologiques anachroniques, prémices de The New Order) à l’architecture en encorbellement de Wulfburg et ses façades typiques de la campagne allemande et de l’Alsace, la variété des contrastes est assez plaisante à contempler et à malmener.

Certains éléments sont destructibles et la tournure des événements permet de modifier sensiblement l’agencement des lieux ou, à tout le moins, de le découvrir sous un jour nouveau après un cataclysme. Toujours est-il que les animations, la distance d’affichage et la taille des espaces offrent un terrain de jeu appréciable. À ce sujet, on distingue plusieurs chemins pour parcourir un niveau. Certains sont plus favorables à une approche furtive, tandis que d’autres se montrent frontales où il ne faut pas hésiter à aligner les cadavres au forcing pour passer à la suite des réjouissances. Tout dépendra de vos préférences et de votre manière d’appréhender le titre.

Ceux qui connaissent déjà The New Order ne seront pas dépaysés puisque le gameplay reste sensiblement le même. Les uns apprécieront d’étudier les lieux et les rondes des ennemis avant de les exécuter en toute discrétion. Les autres, moins patients ou en quête d’une expérience intense et directe, privilégieront le grand nettoyage de printemps au sein des rangs nazis. Quelle que soit l’approche choisie, le jeu s’y adapte sans se montrer handicapant ou pénalisant. Du simple couteau de lancer au double fusil à pompe, l’arsenal est suffisamment varié et les munitions nombreuses pour contenter tous les publics.

Pour le reste, The Old Blood demeure très classique avec peu de phases qui sortent de l’ordinaire. Escalades de parois régulières, mais sans l’ajout d’une plus-value réelle sur le gameplay, séquences dans un mécha trop rapides et faciles ou la descente en funiculaire relèvent davantage du bonus que d’un intérêt notable sur le long terme. Ces passages ont toutefois le mérite de tenter de varier les actions au sein d’une aventure qui s’appuie autant sur la singularité de son univers que sur les mécaniques old-school du FPS. En somme, le titre de Besthesda ne se montre pas révolutionnaire, mais reprend les bases posées par son aîné.

Compte tenu de ses ambitions et de sa nature, la durée de vie propose un challenge équilibré avec pas moins de cinq modes de difficulté, des défis à débloquer au fil de votre progression et une galerie pour collectionner des trésors cachés, des illustrations, des fiches descriptives de personnages et des lettres de correspondance en pagaille. Terminer les huit chapitres (ainsi que le prologue) nécessite environ sept heures de jeu en mode normal. Pour le finir à 100 % et obtenir des statistiques flatteuses, le compteur double ou triple selon votre persévérance ou votre lassitude à parcourir en long, en large et en travers chaque niveau, chaque recoin.

wolfenstein the old blood

Au final, The Old Blood a tout du titre qui n’a d’autres ambitions que de prolonger le plaisir éprouvé dans The New Order. Jeu à part entière aux allures d’extension de luxe, le nouvel opus de la saga Wolfenstein se veut quasiment identique à son prédécesseur en termes de gameplay. Des qualités et quelques maladresses qui persistent dans un univers toujours aussi original et plaisant à explorer. On regrette juste l’absence d’une véritable mise en scène pour étayer son histoire. Intrigue qui tend d’ailleurs vers le délire parfaitement assumé (le zombie nazi dans toute sa splendeur) au lieu de poser avec fatalisme les fondations de The New Order, où la suprématie nazie s’imposait dans une vision uchronique d’un réalisme préoccupant.

Note : 14/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=1bsAooS-bxQ[/youtube]

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.