avril 25, 2024

Assassin’s Creed 3

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Résumé :

Desmond essaye de prévenir une éruption solaire destructrice malgré l’éternel conflit entre Assassins et Templiers. Via l’animus, il se plonge en pleine révolution américaine sous les traits d’un de ses ancêtres aux origines anglaises et amérindiennes : Connor Kenway. Armé d’un Tomahawk, le joueur explore Boston et New-York en bénéficiant d’une météo dynamique.

Avis :

Après nous avoir offert une conclusion en demi-teinte des aventures d’Ezio Auditore avec Revelations (un titre à la limite de l’usurpation), la saga phare d’Ubi Soft se penche sur d’autres horizons. Reléguons l’Italie de la Renaissance dans nos souvenirs pour mieux explorer le Nouveau Monde au XVIIIe siècle ; à l’aune de l’avènement des États-Unis et d’une page historique décisive pour le monde occidental. Ce renouveau dans le contexte est-il annonciateur d’innovations notables dans le fond ou n’est-ce qu’un changement de façade ?

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De prime abord, l’approche se révèle aussi alléchante que l’époque concernée. On ressent une certaine maturité dans l’écriture et la volonté d’exposer avec patience les tenants et les aboutissants de l’intrigue. En cela, les premières séquences font miroiter une narration sensible qui s’appuient sur des ficelles dramatiques (bien que prévisibles), ainsi que sur un climat grondant, au bord de l’implosion. Ce changement de ton prometteur contraste avec les précédents opus et laisse augurer le meilleur pour la suite.

Seulement, à trop vouloir abuser de certains subterfuges et jouer avec un suspense pas vraiment opportun, Assassin’s creed va se tirer une balle dans le pied. Comment ? Tout simplement en s’attardant sur une introduction et un prologue interminable. Dans le cas présent, les deux sont parfaitement distincts étant donné que l’on incarnera deux personnages. Si l’idée est bonne, elle paraît moins attrayante dans la réalité. On a toujours l’impression d’entamer les hostilités, de toucher du bout des doigts la révolution qui s’annonce.

Il faut dépasser les cinq heures de jeu (soit un tiers de la durée de vie minimale) pour espérer entrer dans le vif du sujet. La faute à des sauts dans le temps pas vraiment cohérents. Au lieu de permettre un développement sur la longueur, ce rythme saccade et remet constamment au point de départ les protagonistes. De fait, la progression se fait en dent de scie, enchaînant les fulgurances avec des platitudes presque assommantes. De batailles épiques en missions d’espionnage rapidement répétitives, une routine lénifiante s’installe.

Presque résigné à subir les caprices d’un scénario qui s’éparpille aux quatre vents, le joueur arpente bon gré mal gré les contrées sauvages du Nouveau Monde. L’idée d’instaurer une notion survivaliste peut amener à modifier quelque peu le gameplay, semblable à ce qui a pu être fait dans Metal gear solid 3. Techniques de chasse, suivre une piste, traque de proies (espèces différentes), récolte de la nourriture… Or, cet aspect secondaire n’apporte aucune plus-value si ce n’est recueillir des fourrures en vue d’un éventuel troc.

Autre ajout qui confère davantage au gadget de luxe qu’à une nouvelle appréhension de votre environnement : la possibilité d’escalader et d’évoluer dans les arbres. Encore une fois, le concept est séduisant, mais il s’applique à des portions distinctes et non à l’entièreté de la flore. À ce titre, l’exploration des zones forestières s’avère rapidement pénible tant elles se révèlent vastes. La durée de vie s’allonge artificiellement pour rallier un point au suivant ; au hasard la prochaine mission. Il existe bien des « raccourcis » ou des moyens plus efficaces pour gagner du temps, mais l’architecture générale a été mal pensée pour maintenir l’attention du joueur via une progression fluide.

En revanche, les affrontements sont loin d’être difficiles à maîtriser. Succès grandissant oblige, l’aspect prépondérant des combats, à savoir s’appuyer sur les contre-attaques et les failles dans les défenses adverses, a été simplifié à l’extrême pour aligner les cadavres au compteur. Il n’est pas rare de décimer toute une section sans sourciller. Avec un peu de patience, vous pourrez même transformer une place ou une rue en un véritable charnier ! Une pression des touches au bon moment et le tour est joué. Il existe d’anecdotiques subtilités, mais dans l’ensemble les joutes manquent cruellement de mordant en dépit de leur brutalité et de chorégraphies plus variées qu’à l’accoutumée.

L’intelligence artificielle n’a guère progressé depuis les premières heures de la saga et cela s’en ressent. Outre une populace qui commence à devenir transparente, les ennemis se montrent trop agressifs ou laxistes selon les situations. Ils pourront vous pourchasser sans relâche jusqu’à la prochaine frontière ou abandonner au premier angle d’une ruelle passée. Immersion également amoindrie par des enjeux qui tournent vite en rond. Les aventures d’Ezio s’étaient attachées à varier les missions pour mener le titre à son terme. Ici, l’on se contente d’aligner les assassinats et les espionnages bas de gamme.

Certes, il y a bien de somptueux moments, comme les batailles à grande échelle ou la marche vers l’échafaud de Connor. Ces séquences marquantes sont toutefois noyées dans un marasme général dont il sera difficile de s’extirper. L’on notera également, une customisation de l’équipement quasi inexistante et des quêtes secondaires à l’intérêt moindre. En ce qui concerne les batailles navales, ils ouvrent la voie au prochain opus sans faire d’étincelles (exception faite de la bataille de la baie de Chesapeake). La navigation réserve des surprises de taille comme redresser son navire à la verticale dans un passage étroit tandis que l’équipage demeure imperturbable et vaque à ses occupations ! Des bugs ponctuels qui font vraiment tache.

De fait, la durée de vie peut paraître équivalente aux précédents volets, mais n’en possède que les apparats. Une quinzaine d’heures pour l’aventure principale avec les trajets à rallonge qu’elle exige. Des bonus et des secrets à ne plus savoir qu’en faire qui possèdent peu d’intérêt, un multijoueur banal dont on se lasse vite, des anecdotes sur l’époque… Tout cela sent le réchauffé et l’on éprouve peu d’enthousiasme à demeurer en compagnie de Connor pour parcourir l’Amérique du XVIIIe siècle de fond en comble. Pour ceux qui s’interrogeraient sur le fil rouge concernant Desmond, on frôle une fois de plus l’usurpation avec des passages surfaits et avares en révélations. Frustrant.

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Si l’éternelle rivalité assassin/templier perdure, Assassin’s creed tend à se démocratiser pour un public peu exigeant tant au niveau de ses enjeux dramatiques que dans les fondements de son gameplay. Nanti d’un scénario chaotique et finalement peu surprenant, d’affrontements simplifiés au possible et de quelques modestes ajouts qui ne justifient pas l’entreprise, ce « troisième » opus est une déception. Nouvelles animations et chorégraphies de combats retravaillées s’unissent pour parfaire l’illusion. Malgré le contexte et l’époque, le potentiel initial demeure au point mort en se contentant du minimum syndical à offrir aux fans de la saga.

Note : 11/20

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Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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