décembre 9, 2024

Soprano – Cosmopolitanie – Le Rap Pour les Enfants

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Avis :

Le milieu du rap est un véritable vivier de talents qui est devenu un en très peu de temps une entreprise visant plus à faire du profit que de faire de la vraie musique. Et dans le domaine du pognon, l’art n’a plus trop sa place. La chose se vérifie aisément avec la pléiade de nouveaux rappeurs qui sortent chaque jour et les radios qui ont fait de ce genre leur principale source de bénéfice. Et comme tout genre artistique, il faut gratter la surface pour trouver des choses intéressantes, sauf lorsque les producteurs ont un éclair de lucidité. A titre d’exemple, 1995 et Nekfeu sont d’excellentes surprises. A l’aube des années 2000, Soprano commence à se faire un nom dans le groupe Psy 4 de la Rime. Loin du chant lyrique, le rappeur affichait un flow intéressant, tout en gardant son accent si caractéristique de Marseille. Le premier album solo fut un succès, aussi bien dans la cité phocéenne que dans la France entière. Phénomène éphémère sur du rap positif ou poète qui vise à rester, Soprano choisit l’entre-deux livrant des messages toujours positifs sur un mélange de culture, tout en restant sur des paroles basiques, bien loin de la poésie d’un slam. Et visiblement, cela fonctionne vu le succès phénoménal du rappeur à chaque sortie d’album. Pris d’une curiosité insatiable, il fallait voir ce qu’avait dans le ventre le dernier né, Cosmopolitanie, sorti il y a déjà plus d’un an, mais toujours d’actualité aujourd’hui.

Et à l’écoute, c’est la douche froide. Si l’on veut croire que Soprano est un rappeur, il ne faut certainement pas commencer par cet album. Si le début est presque enchanteur avec Préface qui offre vraiment un flow agréable avec des paroles engagées et toujours positives, le reste de l’album est une catastrophe au niveau de l’instrumentalisation. Il n’y a pas un seul titre qui possède un réel instrument de musique. Tout, absolument tout est à base de boîte à rythme et d’électro dégueulasse que même David Guetta renierait. De ce fait, rien ne sort de ce conglomérat de sonorités puisées çà et là et pire que tout, l’ensemble sonne comme une publicité géante pour une musique qui n’a pas de fond et cherche simplement à complaire le jeune garçon et les personnes qui ne cherchent rien d’autre dans la musique qu’un rythme entrainant ou une ballade lénifiante. Cosmo en est l’exemple le plus parfait, s’armant d’une électro qui pourrait passer en boîte et qui ne peut que plaire aux personnes non mélomanes. Et ce n’est pas tout, puisque le rappeur essaye de brasser des styles différents, comme le disco avec Fresh Prince, qui essaye de faire comme IAM et son Je Danse le Mia, sans jamais y arriver à leur cheville.

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Mais finalement, le plus choquant dans cet album reste son côté commercial et très éloigné du rap. Soprano chante plus qu’il ne rappe, essayant vainement de monter dans les tours, mais il est loin de son pseudonyme. Sans avoir une mauvaise voix, il ne peut trop pousser ou partir dans envolées lyriques. De ce fait, il a trouvé une alternative, l’autotune. Procédé qui module la voix pour donner un semblant de trémolo, c’est ici une catastrophe qui est utilisée à tire larigot sans aucun recul. Il suffit d’écouter le refrain de Justice ou encore de Luna, chanson en hommage à son dernière fille. Alors tout n’est pas mauvais dans le skeud, notamment dans les paroles, qui restent globalement plutôt intéressantes et livrent un message positif. A 180° de Booba ou Kaaris et Gradur, les mongols du rap, Soprano essaye de faire entendre des messages de paix et de tolérance aux jeunes qui l’écoutent. Alors certes, il n’aura jamais le prix Goncourt, surtout que la plupart des paroles sont assez lénifiantes, mais il vaut mieux que les jeunes écoutent ça que des titres agressifs et appelant la violence pour réussir. D’ailleurs, le titre Kalash & Roses est assez édifiant là-dessus, malgré le fait que cette arme semble être le fantasme des rappeurs. Bon, faut dire que AK-47 est moins agréable à l’oreille et moins percutant.

Au final, Cosmopolitanie, le dernier album de Soprano, n’est pas le meilleur album de rap que l’on peut trouver dans les bacs. Malgré un succès important, les néophytes du rap seront déçus par le peu de parties rappées et des textes un peu trop mou du genou, voulant faire de la thune plutôt que de la poésie. Il en résulte un disque commercial, peut-être pas si désagréable que ça pour certains, mais qui convient parfaitement à ceux qui écoutent la radio et n’apportent que peu d’importance à la musique.

  1. Préface
  2. Cosmo
  3. Ils Nous Connaissent Pas
  4. Clown
  5. Fresh Prince feat Uncle Phil
  6. Hello
  7. Justice
  8. Le pain
  9. Danse ce Soir/Midnightlude
  10. Kalash & Roses
  11. Ti Amo
  12. Même pas un Peu
  13. Mme Smith feat Kayna Samet
  14. Luna
  15. Mélancolie

Note: 05/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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