mars 29, 2024

Inferno

inferno

De : Dario Argento

Avec Leigh McCloskey, Daria Nicolodi, Irene Miracle, Eleonora Giorgi

Année : 1980

Pays : Italie

Genre : Horreur

Résumé :

Une jeune femme qui vient d’aménager dans un luxueux immeuble new-yorkais apprend que l’architecte l’a conçu pour les trois divinités maléfiques qui gouvernent le monde.

Avis :

Quand on évoque le nom de Dario Argento, deux choses viennent en tête. Les puristes et les plus vieux d’entre nous diront que c’est un réalisateur de génie, faisant preuve d’une grande ingéniosité dans ses mises en scène et faisant dans le film d’horreur à l’ambiance oppressante. Les moins puristes, ou encore les plus jeunes, diront que c’est un vieil réalisateur qui n’a plus aucun talent et qui se fout totalement de la gueule du spectateur. Je pense qu’Argento, c’est un peu des deux. Véritable orfèvre de l’horreur et de l’angoisse dans les années 70 et 80, il est peu à peu tombé bien bas avec des œuvres mineures et sans intérêt depuis les années 2000. Mais ne faut-il pas garder le meilleur d’un réalisateur ? Wes Craven, inventeur de Freddy et de Ghostface a-t-il fait que des bons films ? Souvenez-vous de Cursed ou de Scream 3 ! Bref, si on veut voir du vrai Argento, il faut plonger dans les deux premiers films portant sur les Mères, et c’est Inferno qui passe à la casserole aujourd’hui.

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Arrête de regarder ma chatte, c’est gênant !

Le scénario du film ne se veut pas comme une suite du film Suspiria, bien qu’il y ait beaucoup de liens et que le tout soit lié par la présence des trois mères. Inferno présente une deuxième sorcière, avec une histoire différente, plus glauque que dans Suspiria et plus complexe. On va donc voir une jeune femme lisant un vieux manuscrit portant sur la légende des trois mères et elle va y croire. Vivant dans l’une des demeures supposées de la mère des ténèbres à New-York, elle va mener son enquête et elle va entrainer son frère qui va venir la chercher. L’enquête pour retrouver sa sœur va le mener vers une issue macabre et où l’horreur n’est pas là où on l’attend. C’est sur une piste différente, se refusant la comparaison entre la beauté de la danse et l’horreur d’une sorcière que Argento va former son Inferno. Se focalisant beaucoup plus sur l’historique de ces trois sorcières puissantes, il va tenter de créer un mythe, une légende autour d’un phénomène assez intéressant. Et c’est bien là le coup de maître d’Argento. Il propose une vision glaçante de l’être humain, de sa curiosité, mais aussi des pouvoirs de l’occulte. En présentant une histoire assez décousue mais très lisible, il va entrainer le spectateur vers une horreur indicible et profonde.

Refusant une simple succession de corps désarticulés dans un décor oscillant entre le gothique et le rococo, Argento va pousser l’horreur jusqu’aux jeux de lumière qui sont juste incroyables. En effet, avec un travail très important sur le violet et le bleu, le film baigne dans une ambiance malsaine où le choix des couleurs donne mal au cœur, et où l’on ne se sent jamais en sécurité. Profitant aussi de sa passion pour l’architecture, chose que l’on a déjà vue dans Suspiria et son école alambiquée, il va encore une fois montrer un hôtel à l’architecture complexe et à la décoration éclatante. Mais ce n’est pas seulement l’endroit ne lui-même qui demeure effrayant, car le sous-sol, mystérieux, avec ce point d’eau demeure lui aussi intriguant et très inquiétant, jusqu’à la scène d’introduction, sous l’eau, d’une maîtrise incroyable et mettant le spectateur directement dans l’ambiance. Bien entendu, les personnages sont eux aussi aux petits oignons, toujours bizarres, cachant certainement quelque chose et vraiment repoussants de prime abord. Ainsi, on ressent un profond malaise en regardant ce film, véritable ovni ésotérique qui pousse le spectateur dans se retranchements en matière d’horreur et de vision, intriguant toujours plus le spectateur, comme cette scène dans Central Park, avec les rats et le boucher.

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On est d’accord, ça c’est de la déco !

Mais Inferno, ce n’est pas seulement une ambiance délétère et ésotérique, c’est aussi des acteurs de très bonne facture. L’introduction le montre d’ailleurs assez bien, avec cette jeune femme, intriguée, qui va descendre dans les sous-sols de la bâtisse. Jouant son rôle avec une certaine tension, elle s’octroie directement l’affection du spectateur. Tout comme le vieux Kasadian, l’antiquaire qui fournit les livres, qui est exécrable dès le départ et auquel on n’accordera aucune patience. Mais le meilleur dans ce film n’est pas une femme, ce qui change de Suspiria, mais un acteur, Leigh McCloskey, qui livre une prestation sobre, où la folie prend peu à peu de l’espace et dans laquelle il se retrouve perdu. Il devient rapidement sympathique aux yeux du public, mais aussi hanté par la disparition de sa sœur. Il en ira de même avec Daria Nicolodi, incarnant la comtesse et qui est très agréable et qui joue son rôle assez fragile avec sobriété. Par contre, on sera décontenancé par les regards et les rictus des gens travaillant dans l’immeuble, laissant planer un certain malaise à chaque fois qu’on les voit à l’écran. Les acteurs demeurent très bons, n’en font pas des tonnes, et les personnages n’en sont que plus crédible.

Ce qui fait la réputation de Inferno, c’est la présence d’effet gore lors de scènes assez violentes. Et c’est une grande différence avec Suspiria (décidément, la comparaison semble inévitable) qui montrait quelques meurtres violents, dont le premier, mais surtout une ambiance pesante avec des effets plus angoissants que gore. Dans Inferno, on aura droit à une séance de décapitation avec une fenêtre, ou encore une expulsion des yeux hors de leur orbite ou bien quelques bons coups de couteau bien sentis dans la nuque. Si tout cela semble superflu, il faut dire que ça rajoute un effet angoissant et frappant. Alternant avec une angoisse pesante et poissante, Argento propose des scènes chocs pour montrer toute la violence de l’être humain et de la sorcière. Ainsi, le spectateur demeure interpellé par ces actes horribles et la frayeur n’est que plus grande. On pourra certainement imputer quelques passages un poil longuets, mais cela n’est rien par rapport au plaisir pris. Si quelques passages montrent tout de même les faiblesses du montage et de certains effets spéciaux (comme le chat qui saute dans le trou et qu’une main le rattrape, effet flagrant), on ressort plus ou moins bouleversé par Inferno, ne laissant pas le spectateur dans un état normal. Et n’est-ce pas là l’apanage des grands films ?

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Quel effet ! Les yeux m’en tombent !

Au final, Inferno demeure surement l’un des plus grands films de Dario Argento. Visuellement irréprochable, avec des jeux de lumière incroyables, le film est aussi une réflexion sur la mort et sur la force de la croyance. Plus sombre que Suspiria, il ressemble à une descente aux enfers, un peu comme La Divine Comédie de Dante. Un film comme on en fait plus aujourd’hui et qui mérite vraiment le détour.

Note : 17/20

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AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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