avril 18, 2024

Hellboy

Hellboy-Les-germes-de-la-destruction-de-Mike-Mignola

Auteur : Mike Mignola

Editeur : Delcourt

Genre : Fantastique

Résumé :

Créature venue d’une autre dimension, Hellboy est apparu à la suite d’expériences menées par les nazis au cours de la Seconde Guerre mondiale. Devenu membre du Bureau de Recherche et de Défense sur le Paranormal (B.P.R.D.), il enquête dans le monde entier sur des événements surnaturels où sont impliquées des émanations «maléfiques »… Au cours de ses investigations, il croise et cherche à détruire toutes sortes de démons, esprits et autres golems, resurgis des âges les plus sombres de l’humanité.

Avis :

Parmi tous les auteurs de littérature et de neuvième art, il y en a un qui sort carrément du lot. Mike Mignola est un autodidacte qui ne brille pas forcément par la qualité de son dessin, mais qui a réussi à tirer son épingle du jeu en réalisant l’une des plus grandes sagas du comics indépendant des super-héros. En effet, avec Hellboy, l’auteur s’est écarté des habituels récits de Marvel et DC pour avoir les coudées franches sur une série exclusive et mettant en avant un héros pas comme les autres. Hellboy est donc un enfant des enfers, promis à un bel avenir de destruction. Adopté, il va devenir l’un des plus grands détectives du paranormal au monde, jusqu’à devenir plus humain que certains hommes. Pas de superpouvoirs donc, mais une endurance accrue et une sorte d’invulnérabilité. Mais au-delà du fait que Hellboy soit un personnage atypique, ce sera surtout l’univers ultra référentiel de Mignola qui va marquer.

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Terminé en 13 tomes mais annonçant une suite avec Hellboy en Enfer (qui donnera lieu à une autre chronique), la série brille par sa visite monumentale de tout le folklore mondial. Mike Mignola est un féru de lecture fantastique du XIXème siècle, mais il s’intéresse aussi aux contes et légendes urbaines de tous les pays. Encore une fois, cela lui permet de sortir du carcan habituel des gentils contre les méchants, usant des ficelles scénaristiques que l’on connait tous, pour fournir quelque chose d’inédit et de foncièrement intelligent. La saga s’articule autour d’un fil rouge, la volonté de quelques méchants de faire venir sur Terre le Ogdru Jahad, un dragon à sept têtes qui détruirait l’humanité, tout en inscrivant de temps à autre des histoires courtes où Hellboy tatane du fantôme, de la momie, du zombie ou encore de l’incantateur satanique.

Le seul reproche que l’on pourrait faire à cette saga, c’est que parfois, il est long d’attendre plusieurs tomes pour avoir la suite de l’histoire principale. A titre d’exemple, l’excellent tome 10, La Grande Battue, termine sur un joli cliffhanger mais il faudra attendre le dernier tome (soit le 13) pour avoir le fin mot de l’histoire. Entre temps, nous aurons droit à des histoires courtes, très souvent d’excellente qualité, mais qui cassent le rythme du récit principal. Bien évidemment, ce défaut reste mineur, mais parfois on ne peut s’empêcher d’y voir comme un petit aspect marketing histoire de remettre encore plus de sous dans la caisse.

Mais la plus grande force de cette série, c’est tout le folklore utilisé par Mignola. Entre l’Homme Tordu, légende américaine, le vampire de Prague, les dieux égyptiens et leurs temples, la légende arthurienne, on ne peut pas dire que l’auteur se fiche de la tronche du public. Mais la référence la plus importante revient à l’amour que porte l’auteur sur Lovecraft. Des créatures tentaculaires, une brume omniprésente, des maisons délabrées ou biscornues, on nage en plein cauchemar lovecraftien, et c’est résolument ce qui se fait de mieux en matière d’hommage. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la série s’est vue adapté en film pour un certain Guillermo Del Toro, lui aussi grand fan de Lovecraft. Toutes ces références sont parfaitement digérées et servent réellement le propos, incluant un Hellboy revanchard, qui en prend plein la couenne mais qui reste éminemment sympathique.

Car l’autre qualité de Hellboy, c’est son personnage principal. Il est cool, il sait quand il faut castagner, il picole un peu trop avec les esprits, mais sous son apparence monstrueuse, il reste un humain lambda avec ses défauts et ses faiblesses. Le plus intéressant, c’est sa filiation avec le roi Arthur. On pourrait se dire que c’est du grand n’importe quoi, mais l’écriture est tellement de qualité, que tout fonctionne sans aucun problème. Il faut noter que l’autre se sert de postulat véridique et historique, mais que parfois il invente des choses, qui tiennent aussi bien la route que les faits historiques. Hellboy est aussi une magnifique uchronie incluant en son début les Nazi et un certain Raspoutine.

Enfin, au niveau du dessin, cela peut en rebuter plus d’un. Il faut dire que Mignola possède un trait très caractéristique. Cela sied parfaitement à l’univers créé et on a du mal à voir quelqu’un d’autre en tant que dessinateur sur cette œuvre. Et pourtant, au bout d’un moment, Mignola laisse sa plume à Duncan Fegredo qui reprend le flambeau avec brio, son dessin étant très proche de l’auteur. Cela donnera lieu à des décors splendides ainsi que des bestioles tentaculaires abjectes. On regrettera par contre les dessins de certaines histoires courtes, qui sont ne collent pas forcément à l’ambiance voulue.

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Au final, Hellboy est l’une des séries comics indispensables. Ultra référentiel, drôle, dynamique, l’œuvre se donne le droit de revisiter des légendes de tout le folklore mondial dans une osmose parfaite. Doté d’une écriture magnifique ainsi que d’une ligne temporelle complexe, Mignola a créé plus qu’un héros, il a créé un univers bien à lui dans lequel il injecte toute sa bibliothèque mentale. Un vibrant hommage à Poe, Lovecraft et les autres.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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