Auteure : Julia Galindo
Editeur : Julia Galindo
Genre : Thriller, Sciences
Résumé :
Se réveiller
sans aucun souvenir dans une chambre d’hôpital et devoir compter sur un SDF
pour apprendre son identité, passe encore.
Être le cobaye d’une organisation secrète qui essaye de vous éliminer depuis
qu’elle ne peut plus vous contrôler, ça commence à faire.
Mais craquer pour un Don Juan qui vous rend nymphomane, nourrir une mégère
acariâtre, avoir un aveugle tyrannique sur le dos et devoir empêcher un savant
fou de poursuivre ses expériences de manipulation génétique. Là, c’est trop !
Il est temps de passer à l’action et d’arrêter de prendre ses rêves pour la
réalité…
Été 2018, Gaïa se réveille amnésique mais avec la capacité de ressentir les
émotions d’autrui. Au son des cigales, de la campagne orangeoise à la Costa
Brava, elle part à la chasse.
Ses souvenirs, le consortium transhumaniste qui les lui a volés, un trafiquant
sans scrupules aux velléités d’eugénisme, des papillons dans le ventre… Que
va-t-elle attraper dans ses filets ?
Avis :
Histoire de vie, récit d’espionnage, aventure rocambolesque, péripéties génétiques, fiction étonnante… ; avec Révalité, titre au jeu de mot original qui trouvera sa signification par la suite, le lecteur voyage à travers les genres, accompagné de personnages auxquels il ne peut que s’attacher, et vite. Leurs différentes personnalités possèdent chacune un côté bouleversant, étant donné leurs passés difficiles, voire douloureux, et leurs expériences souvent marquantes. Aucun des héros, principaux comme secondaires, n’a été gâté par la vie. L’auteure nous offre des portraits saisissants, à la force de caractère indéniable, qui perturbent, subjuguent ou questionnent. Charismatiques à souhait, ils constituent indéniablement la force du roman.
Les premières pages commencent dans l’action et le mystère. Le prologue, très énigmatique, apporte avec lui son lot d’interrogations. Les situations décrites sont bluffantes de réalisme, présentent des femmes fortes que l’on souhaiterait connaître davantage, et mettent en place un suspense prenant dès le départ. Des acronymes et des suites de lettres étranges amènent également des questionnements, que les prochaines pages du livre démystifieront. Se plonger dans l’univers incroyable de Révalité requiert un peu de patience. Et le jeu en vaut la chandelle.
Quand le récit débute, le lecteur découvre un personnage amnésique, une jeune femme Gaïa, qui sait très bien se battre, et dont les talents d’exfiltration ne sont plus à revendre. Le lecteur est aussi perdu qu’elle. D’où lui viennent ces capacités ? Pourquoi se retrouve-t-elle dans cet état ? On la découvre finalement en même temps qu’elle apprend à se connaître, pas à pas, dans le cadre d’une vie à la fois calme, notamment pour son travail, et mouvementée, car l’héroïne se fait traquer sans relâche.
Des journées qui ne sont pas si paisibles que cela, étant donné tous les préparatifs, travaux, entretiens et tâches que requiert la gestion d’une maison d’hôte comme Le Mas de Gaïa. Certains chapitres nous immergent complètement dans ce quotidien de gestionnaire, et la lecture est loin d’être ennuyeuse. La réalité des situations, la pertinence des dialogues et des descriptions, permettent au lecteur de se sentir aussi bien que s’il se trouvait chez lui. Le Mas devient progressivement sa nouvelle maison.
Ces chapitres permettent d’amener des moments de calme autour de passages plus rocambolesques. Le rythme, bien dosé, s’avère plutôt efficace. De plus, dans ces parties au Mas, on suit les personnages dans leur train-train journalier pour mieux s’y attacher encore, mieux les apprivoiser et capter leurs habitudes, même si l’élément le plus étonnant subsiste dans le choix d’une nouvelle couleur de rideaux, ou dans la confection d’un nouveau plat. Le ton de la narratrice aide également à apprécier toutes ces scénettes entre personnages. On ressent toute la tendresse et l’amour que l’héroïne éprouve pour ses camarades.
Dans Révalité, les descriptions sont de qualité, et sans doute même un peu trop poussées par endroit. Celles qui décrivent Le Mas sont incroyablement complètes, par exemple, comme celles des armes que l’on ne comprend pas véritablement, notamment lorsque l’on est novice dans le genre. Cela amène de gros pavés un peu lourds à lire, surtout au départ, lorsque l’on n’est peu habitués à se plonger dans une échelle de détails aux multiples barreaux. L’auteure réussit à se justifier par le biais de son propre personnage, et l’usage des descriptions consistantes vous apparaît alors comme une évidence. Gaïa n’aurait pu s’exprimer différemment.
L’usage des détails approfondis permet également de mieux comprendre certaines situations ou de mieux appréhender certains sentiments. Une fois habitué, le lecteur ne remarque plus la lourdeur ressentie au démarrage, et apprécie même que l’auteure fasse l’effort de donner à son univers une telle dimension réaliste. Pour certains dialogues, il aurait été préférable que les descriptions soient tout de même moins nombreuses, pour laisser davantage de place à l’action. Effectivement, l’auteure préfère que son héroïne nous résume les propos de certains de ses camarades plutôt que de les laisser discuter entre eux. Le dialogue, passé ainsi sous silence, se termine un peu trop vite.
La capacité que possède de Gaïa, celle de ressentir les émotions, est habilement représentée par l’auteure dans le texte, à l’aide de mot éparpillés, ici ou là. L’invention géniale permet d’appuyer sur les émois des personnages sans que cela ne dérange en aucun cas la lecture. On a vraiment la sensation de se retrouver dans l’esprit d’une empathe, aux capacités d’analyse exceptionnelles.
Le déroulement de l’histoire nous happe jusqu’à la fin, même si la course-poursuite des derniers chapitres traîne quelque peu en longueur. Les trafics génétiques, bien qu’appartenant à des sujets déjà visités et revus par des auteurs de dystopie ou de thrillers, restent suffisamment énigmatiques et horrifiques pour que l’on veuille s’y intéresser, et avoir le fin mot de l’histoire. Par ailleurs, les modifications génétiques concernant l’héroïne sont, quant à elles, plutôt originales, bien ficelées, et bien plus perturbantes. Le titre Révalité prend alors tout son sens. Brrr !
Les rebondissements s’enchaînent, jusqu’à une chute inattendue, donnée par les tous derniers mots, qui annonce une suite survitaminée. Les scènes d’action sont dynamiques, bien construites et captivantes. Gaïa, inévitablement douée pour le combat, permet la mise en place de passages énergiques, que l’on prend plaisir à suivre et à imaginer.
Bien plus qu’un récit d’action ou d’espionnage à la James Bond, avec des inventions géniales, Révalité décrit également de belles relations, et n’hésite pas à discuter de sujets d’actualité comme le polyamour, l’homosexualité ou la nymphomanie. Certains personnages changent de camp, de position, se reconstruisent, pardonnent ou se font pardonner, se transforment, et deviennent de meilleures versions d’eux-mêmes. L’humanité n’a jamais paru aussi belle et variée. De l’autre côté, le roman n’hésite pas à souligner des problèmes d’ordre éthique qui clivent encore au sein de notre propre société tel que le clonage, le transhumanisme, ou la médecine de confort.
Révalité étonne et fascine, par un rythme soutenu, des personnages frais et bien construits, des situations originales et une Gaïa attachante. Une lecture endiablée, qui se déroule dans le sud de la France, parmi des paysages qui rappelleront de beaux souvenirs à certains, ou qui en feront rêver d’autres.
Note : 17/20
Par Lildrille