avril 19, 2024

Possession et Exorcisme au Cinéma: Analyse et Top 5

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Parmi les thèmes récurrents du cinéma horrifique, la possession, et irrémédiablement lié, l’exorcisme, se posent comme des éléments essentiels et des sujets de prédilection pour certains réalisateurs. Il faut dire que la sauce a l’air de plutôt bien fonctionner puisque chaque année, on a droit à notre petit film d’exorcisme qui essaye par tous les moyens de se sortir d’un fatras de navets sans noms. D’ailleurs, les noms des films sont assez équivoques et fleurent déjà bon le nanar en puissance avec des titres comme Le Dernier Exorcisme, qui ne le sera pas puisque un deuxième a vu le jour, The Devil Inside ou encore le très récent Délivre-Nous du Mal qui pourrait très bien s’accommoder pour un film pornographique. Mais en même temps, il est difficile d’être très objectif envers ce genre de film puisque William Friedkin avait déjà posé les bases en 1973 avec L’Exorciste, et aujourd’hui encore, aucun film ne lui arrive à la cheville. Tournant toujours autour du côté impressionnant d’une possession, les scénaristes et réalisateurs n’ont pas compris qu’il fallait inclure un questionnement sur la foi mais aussi des personnages forts tout en distillant une horreur insidieuse. Aujourd’hui, on fait comme dans les magazines people, il faut des choses du choc, du frontal, parce que le public qui aime les films d’horreur est un peu concon. Eh bien non, mon bon monsieur, le public qui aime les films d’horreur n’est pas débile et si le cinéma horrifique a toujours du succès dans les salles (il suffit de voir les cartons de The Conjuring ou Insidious 2) c’est pour une bonne raison, c’est que les gens cherchent à avoir peur, qui est l’un des trois piliers émotionnels du cinéma (les deux autres étant le rire et la tristesse). Mais revenons à nos moutons et plus précisément à nos possédés. Pour bien comprendre ce phénomène, on va s’appuyer sur les suppositions réelles avec une première partie s’axant sur les différentes possessions possibles dans la vraie vie, puis sur les rites d’exorcisme que pratique l’Eglise de nos jours. Enfin, dans une troisième partie, nous évoquerons quelques cas dans le cinéma et nous terminerons avec un joli top 5.

  1. Les Différents Cas de Possession

C’est bien gentil de parler de possession, mais encore faut-il savoir exactement ce que c’est. En anthropologie, il s’agit tout simplement d’un moment où un corps est habité par une autre entité, qui peut-être démoniaque, mais aussi angélique ou humaine. Cette possession peut se passer de différentes manières, comme la lecture d’un livre maudit, d’une inscription ésotérique ou encore par le toucher. Bien évidemment, il n’y a pas grand-chose qui permette d’assurer à 100% la possession d’un corps et très souvent, on a plutôt affaire à des cas de maladies mentales comme la schizophrénie. Néanmoins, l’Eglise a mis au point des références permettant de voir si l’on se rapproche plus d’une possession. Pour cela, il faut que le sujet parle et comprenne une langue étrangère qu’il ne parlait pas au départ. Il faut aussi que le sujet ait des dons de voyances. Et enfin, il faut que le sujet développe une force surhumaine par rapport à son gabarit. A ce moment-là, on peut s’autoriser à parler de possession. Maintenant que l’on sait cela, rentrons un peu plus en détail sur les trois cas de possession.

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La Possession Maléfique

Il s’agit certainement de la possession la plus répandue. Tout du moins, c’est celle qui fait le plus parler d’elle. Comme son nom l’indique, il s’agit d’un esprit démoniaque qui prend possession d’un corps et dans la plupart des cas, celui d’une femme. Le but de cette entité est de faire le mal, et de toutes les façons possibles. Cela passe par les plus petits méfaits, comme les insultes, la moquerie, aux plus grands comme le meurtre. Cette possession présente plusieurs caractéristiques, outre les trois points vu précédemment. On aura une détérioration physique du sujet. La peau qui craquèle, une souplesse et une résistance à la douleur accrue et parfois des pouvoirs télékinésiques. Alors il faut savoir que tout cela semble romancé, et que ce cher William Friedkin a pris un malin plaisir à grossir ces points pour rendre son film plus effrayant (on parle bien entendu de L’Exorciste pour ceux qui ne suivent pas). C’est donc la possession la plus répandue au cinéma, puisqu’il s’agit de celle qui fait le plus peur et qui est profondément ancrée dans l’horreur et le mal.

Adombrement

Derrière ce mot presque scientifique se cache en fait le contraire de la possession maléfique. Avec le terme « adombrement », on entend par là qu’un esprit angélique ou bienfaiteur a pris possession d’un corps afin de faire une action sainte. Bien évidemment, les culs bénis s’en donnent à cœur joie sur cette spéculation et ils ont même réussi à avoir des points de vue différents sur l’essence même de Jésus Christ. En effet, pour certains un esprit bienfaiteur ne peut pas venir sur Terre et il doit obligatoirement passer par un corps physique. En ce sens, Jésus serait l’hôte humain, le Christ, l’entité divine et Jésus Christ l’adombrement du Christ sur Jésus. Tout cela n’est pas bien compliqué à comprendre et si l’on est croyant, l’adombrement est une sorte de consécration. Hormis les films bibliques, il semble assez difficile d’exploiter cette notion au cinéma, surtout pour rendre le sujet assez prenant et fort. Et pourtant, si on utilise cette notion telle quelle, on peut trouver des films qui l’utilise, surement sans le savoir.

La Possession d’Objets

Enfin, dernier point sur les possessions, on ne peut pas passer à côté des objets possédés. Si la notion semble saugrenue, comment un objet inanimé peut-il prendre vie, force est de constater que cette notion a le mérite d’exister, du moins pour certaines personnes. Mais quand on y pense un plus intensément, tout ce qui touche aux maisons hantées, aux poupées qui font des trucs bizarres ou encore aux voitures qui rendent dingues, la possession d’objets semble non seulement plaire au cinéma, mais aussi dans la vie de tous les jours, notamment avec toutes les légendes urbaines sur des lieux supposés possédés.

  1. Comment Combattre la Possession : l’Exorcisme

Maintenant que l’on a vu les différents types de possession, il est intéressant de se plonger dans la manière de combattre cet état. L’exorcisme est toujours le point d’orgue des films traitant de la possession. On se souvient encore de la fameuse scène d’exorcisme dans L’Exorciste (William Friedkin, 1973) ou encore celle avec les mouches dans Amityville (Stuart Rosenberg, 1979) et bien la purification du prêtre japonais dans Paranormal Activity Tokyo Night (Toshikazu Nagae, 2010). Dans les faits, l’exorcisme est le dernier recours et il faut que la possession soit avérée. Lorsque la psychanalyse a émergé, le Vatican est devenu très frileux sur les supposés états de possession. Pour le coup, ils ont préféré amener les gens à se diriger vers des psychiatres afin de faire un point et de ne pas confondre schizophrénie et possession. Mais en plus de cela, les exorcismes, pour des cas de possession, car le baptême est considéré comme un exorcisme, acte prévoyant empêchant les vilains démons de prendre possession d’un corps, sont divisés en deux catégories. Le premier acte est un exorcisme dit mineur, fait de prières et le deuxième acte est un grand exorcisme, dont Friedkin a fait une retranscription assez fidèle dans son film. Néanmoins, ces exorcismes sont de plus en plus rares et l’Eglise a même revu ses textes de prière lors de ces célébrations. Bien entendu, le Grand Exorcisme est le préféré des réalisateurs d’épouvante et il demeure assez impressionnant puisque il est fait de prières liturgiques ainsi que d’aspersion d’eau bénite.

Il faut savoir aussi que l’exorcisme est un acte très vieux, puisqu’on en retrouve des traces en Mésopotamie, 2000 ans avant J.C et que cela est avéré 1000 ans avant J.C. De plus, on parle d’exorcisme dans toutes les religions mais avec des termes différents (Ruqiya dans le Coran ou encore le vaudou dans le chamanisme).

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Maintenant que l’on a fait un point rapide sur les différents cas de possession et sur l’exorcisme, venons-en à ce qui nous intéresse tous, les cas dans le cinéma d’horreur !

  1. La Possession Maléfique au Cinéma

Il s’agit bien entendu du cas le plus vu au cinéma. Il faut dire que c’est celui qui suscite le plus de peur et c’est aussi celui qui reste le plus impressionnant. Si le plus célèbre de films de possession est bien l’Exorciste avec une Linda Blair plus qu’effrayante, il existe bien d’autres films qui utilisent le procédé de la possession pour essayer de susciter la peur. Mas qu’est-ce qui fait vraiment peur dans ces situations ?

A y regarder de plus près, il semblerait que le filon familial soit le plus exploité. Il faut dire que voir son enfant, comme dans La Malédiction (Richard Donner, 1976), ou l’un de ses parents, personne aimante, devenir quelqu’un d’effrayant et de détestable, n’a rien de bien joyeux. Ainsi, bon nombre de films essayent de mettre en avant un nouveau malaise et une certaine incompréhension, mettant mal à l’aise le spectateur. Si certains ont réussi leur coup, comme le récent Mister Babadook (Jennifer Kent, 2014) qui explore toutes les facettes du drame familial ou encore les trois films de James Wan avec Insidious et sa suite et The Conjuring, d’autres se sont carrément vautré dans la médiocrité, et c‘est malheureusement ceux-là que l’on voit le plus. The Devil Inside (William Brent Bell, 2012) et l’héroïne qui part à la recherche de sa mère possédée n’a rien de bien effrayant, la faute à des personnages imbuvables.

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Mais l’aspect familial n’est pas le seul ressort horrifique de la possession maléfique. Cela met aussi en avant une certaine destruction de la personne, devenant un monstre, autant intérieurement que physiquement. Cette transformation renvoie à des symptômes de maladies, de difformité et cela change le regard des gens, jusqu’à susciter du dégout. Il suffit de regarder la tronche de la petite dans l’Exorciste pour ressentir une certaine gêne. Cette transformation, on la retrouve par exemple dans Le Rite (Mikael Hafstrom, 2011) mais aussi dans The Devil Inside précédemment cité avec une femme qui se la joue contorsionniste. Mais la transformation la plus impressionnante réside dans Evil Dead et Evil Dead 2 (Sam Raimi, 1981 et 1987).

Enfin, le dernier point sur lequel la possession démoniaque peut susciter de la peur, c’est sur l’aspect épidémique de la possession. Délivre-Nous du Mal (Scott Derrickson, 2014) joue sur ce point-là, montrant une entité qui en dirige au moins deux autres. On ressent une perte de contrôle et une certaine impuissance à gérer cette multiplication de gens fêlés. Autre film traitant de ce sujet, c’est Le Témoin du Mal (Gregory Hoblit, 1998) où un serial killer s’insinue dans les personnes pour continuer à tuer. On ressent l’impuissance du héros à contrer ce tueur et on ressentira de la peur, ne sachant pas d’où va venir le danger.

Quoiqu’il en soit, on voit que même si le sujet prête à l’horreur, il n’est pas évident de faire peur avec cela. Pire, certains réalisateurs mettent tout dans la scène de l’exorcisme, sauf que c’est le seul moment qui ne devient pas effrayant, mais spectaculaire. Il faut savoir faire monter l’horreur, la pression, jusqu’au point d’orgue, pour ensuite ajouter un exorcisme puissant.

  1. La Possession d’Objets au Cinéma

Bien plus rare que les possessions maléfiques humaines, ces phénomènes restent assez intéressants, notamment dans leur façon de faire et dans la méthode pour susciter de l’horreur. Mais quand on pense un petit peu à la possession d’objets plus ou moins grands, on risque fort de faire l’amalgame entre maison hantée et donc film de fantômes et film de vraie possession. Bien entendu, comment faire la différence entre ces deux sous-genre lorsqu’il s’agit d’une baraque comme dans Amityville ? A titre personnel, on penche pour l’aspect possessif puisqu’à aucun moment on aura droit à du pur fantôme. On pourra aussi appuyer notre argumentaire ave la possession progressive du père de famille.

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Le principal intérêt de faire un film avec un objet possédé est de jouer sur l’obsession qu’apporte ce-dit objet. On va alors voir un personnage devenir l’ombre de lui-même, changer auprès de ses proches et devenir de plus en plus vindicatif. L’exemple le plus évident est Christine (John Carpenter, 1983) où l’on va voir un jeune homme tombé amoureux d’une bagnole qui semble possédée. Ce ressort horrifique se retrouve dans Amityville mais il joue aussi sur la famille et la perte d’un pilier central, le père. Cette perte de contrôle et surtout l’impression que l’on ne peut rien faire pour aider la personne qu’on aime peut susciter une certaine angoisse. Encore faut-il qu’il ait une grande empathie entre le personnage et le spectateur et cela n’est pas gagné avec tous les films.

  1. Adombrement au Cinéma

Voilà certainement le fait le plus difficilement identifiable au cinoche. Si on suit certains préceptes, on pourra inclure tous les films où Jésus fait une apparition et tient un rôle prépondérant. Le problème avec l’adombrement, c’est qu’il n’est pas fait pour faire peur et qu’il ne peut s’inscrire que dans des films fantastiques sans tirer vers des ressorts horrifiques intéressants. Ainsi, on pourra certainement noter le mauvais Légion (Scott Charles Stewart, 2009) puisque l’on va voir les anges se réincarner dans des personnes humaines. C’est marrant de voir que le film s’octroie le droit de faire aussi de la possession démoniaque avec de anges sans que cela ne dérange personne.

Quoiqu’il en soit, l’adombrement est un phénomène assez bon et il peut s’inclure dans certains films dramatiques, mais il reste assez obscur dans le cinéma, car le phénomène semble peu intéressant. Et c’est assez paradoxal de voir un effet lumineux rester dans l’ombre.

Difficile de citer tous les films traitant de la possession et de l’exorcisme tant il y en a et tant il y a de bons films comme de gros navets imbuvables. Mais il faut reconnaître qu’un film qui fait peur est un film qui renvoie des à des sentiments, à choses qui touchent le réel et la possession est vraisemblablement l’un des phénomènes les plus ancrés dans la réalité, avec nos chers psychopathes. Mais, parce qu’il y a un mais, il faut aussi voir ce qui est très agaçant dans ce genre de film, c’est la propension qu’ont les réalisateurs à assurer que Dieu existe, puisque visiblement si le Mal est présent, il doit forcément avoir du bien et donc Dieu. Laissez les gens croire ce qu’ils veulent et ouvrez de nouvelles perspectives comme l’a fait Friedkin.

Top 5

N°5 Insidious, James Wan, 2010

Alors que le film de possession connait des heures sombres à cause de sorties complètement à la masse, James Wan, réalisateur de génie, propose une nouvelle vision de la possession. Cette fois-ci, les possessions sont plus sournoises, et les exorcismes sont bien plus étranges. Le film est une vraie réussite, notamment grâce à une ambiance pesante et une maîtrise parfaite de la tension. Un véritable rollercoaster qui renouvelle de manière salvatrice les films de possession et d’horreur.

N°4 The Conjuring, James Wan, 2013

Continuant sur sa belle lancée, le réalisateur poursuit son œuvre et son exploration de la possession avec une histoire tirée de faits réels. Dans The Conjuring, la possession est progressive et d’une maison hantée et possédée, on tombera sur une possession maléfique simple mais terriblement efficace. Le lien familial est évidemment mis en avant et le final dantesque en fera frémir plus d’un. Le film d’horreur de l’année dernière.

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N°3 Christine, John Carpenter, 1983

En 1983, Big John essayait d’adapter un roman de Stephen King et c’est une réelle réussite. Christine présente une magnifique voiture possédée qui rend accro un jeune homme qui devient de plus en plus dangereux pour son entourage. D’une rare maîtrise, le film n’a pas pris une ride et demeure toujours aussi puissant et envoutant. D’ailleurs, parmi les objets possédés, c’est l’un des rares à tenir la route.

N°2 Evil Dead, Sam Raimi, 1981

Comment ne pas citer le premier film de Sam Raimi, qui est un putain de film de fin d’étude. Doté d’une réalisation incroyable, bourrée d’idées de mise en scène, le film est une révolution et on ne verra plus jamais le même genre de film. Ici, la possession joue le rôle de destruction de la personne, de son physique, jouant ainsi sur une horreur frontale mais qui instaure une angoisse à cause d’une ambiance délétère incroyable. Un grand film.

N°1 L’Exorciste, William Friedkin, 1973

Référence parmi les références, L’Exorciste semble indétrônable et demeure encore à ce jour le meilleur film de possession. Oscillant entre le drame et l’horreur, le film reste mythique grâce à une Linda Blair réellement possédée par son rôle et une horreur frontale à glacer le sang. Jouant sur plusieurs tableaux horrifiques comme la destruction physique de la personne, mais aussi le lien familial ou encore la perte d’un être cher, le film se hisse facilement au-dessus des autres films car il reste toujours efficace et d’actualité. Un monument.

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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