Résumé :
Pandémies, allergies environnementales foudroyantes, dégénérescence cellulaire, stérilité… La nature a trouvé le moyen d’éliminer le parasite qui gangrène la planète depuis trop longtemps : l’homme. Au travers de ses rêves prémonitoires et apocalyptiques, Alexandra Rousseau, lycéenne, est le témoin involontaire et impuissant du sombre futur qui attend l’humanité. Elle sait qu’avant la fin de ce siècle les hommes feront face à leur extinction. Tous ? Peut-être pas… La découverte du mystérieux marqueur génétique 26 pourrait bien donner à cet effondrement de l’hégémonie sapiens un aspect inattendu.
Avis :
La planète se porte mal. La planète est malade. Tout le monde le sait, mais tout le monde s’en fout royalement. Pourtant, le problème vient d’une espèce parasite pour le moins envahissante qui, à la manière d’un cancer, se nourrit des cellules saines de son environnement et détruit tout sur son passage : l’homme. Mais la Terre n’est pas sans système immunitaire et celui-ci se réveille. Au cours du XXIe siècle, l’humanité subit une éradication massive. Ce thème n’est pas forcément novateur dans le domaine de la science-fiction ou tout autre thriller à vocation cataclysmique, a fortiori en ces temps d’incertitudes. Néanmoins, des auteurs talentueux sont partis de ce postulat afin de nous offrir une histoire immersive et développée comme il se doit. Est-ce le cas de Naturalis ?
L’on voit par l’entame que le rythme de l’intrigue sera soutenu. La construction du récit se révèle dynamique avec des chapitres très courts (121 pour 426 pages) et des séquences d’action parfaitement maîtrisées. Le style d’écriture, à la fois fluide et épuré, se montre d’une incroyable variété dans son architecture. Diversité qui se retrouve dans le changement de cadre temporel et spatial. Entre un environnement urbain et naturel, l’exploitation des lieux offre une atmosphère prenante et travaillée qui officie comme un véritable personnage à part entière. Constat étrange et néanmoins bienvenu : on a l’impression d’explorer une autre planète tout en reconnaissant certains repères.
À ce titre, l’auteur (qui n’en est pas à son coup d’essai) joue sur plusieurs tableaux. L’on qualifie Naturalis de thriller d’anticipation, ce qui n’est pas forcément faux, mais il s’agit plus vraisemblablement d’un récit de science-fiction. Le contexte, la trame narrative qui se déroule principalement à la fin du XXIe siècle (à l’aube de l’extinction de l’humanité), ainsi que certains éléments abordés nous font penser à cet état de fait. Notamment en ce qui concerne les voyages dans le temps ou la technologie qui occupe une place d’importance au sein de l’intrigue.
Il est vrai que les fréquents bons en avant ou en arrière peuvent freiner la progression. L’absence de repère clairement établi en début de chapitre exige de se resituer constamment. Toutefois, le résultat général ne se montre pas confus ou alambiqué dans ses aboutissants. Bien entendu, la question écologique est au cœur du roman en exposant les conséquences de l’activité humaine. L’on voit également des préoccupations sur l’intolérance et la discrimination. Les Naturalis (espèce parallèle à l’homo sapiens) sont considérés comme une menace à cause (ou grâce) à leur immunité dans un environnement naturel. L’enclavement, la traque, ainsi que leur élimination évoque une redite des pages les plus sombres de notre histoire.
Au niveau des protagonistes, la caractérisation se révèle assez soignée. Les Naturalis sont attachants et rappellent quelque part les Pans d’Autre-Monde (Maxime Chattam) avec leurs pouvoirs et leurs personnalités bien trempés. L’idée du développement de ces facultés nouvelles est bien trouvée, mais surtout bien exploitée sans en faire de trop ou la mettre au rebu. Même constat pour les antagonistes assez détestables et stupides (dans un certain sens). Pour ces derniers, ils disposent d’une présence et d’un capital antipathique assez importants en dépit de caractères assez conventionnels. En somme, une palette d’individus hétéroclites qui se complètent, s’opposent et s’affrontent dans un récit bien construit.
Au final, Naturalis est une sympathique surprise qui n’a pas usurpé de sa réputation. Dotée d’une belle richesse sous-jacente, d’un rythme vif et sans temps mort, sans oublier un univers immersif et soigné, cette histoire est à la croisée des chemins d’Avatar et de la saga Autre-Monde. Si certaines séquences évoquent le thriller ou la fantasy, on se retrouve clairement en présence d’une œuvre de science-fiction. L’on trouvera quelques écueils au niveau des retours dans le présent (ou le passé, c’est selon) et également dans le final. La conclusion, assez surprenante, se révèle un peu trop précipitée et inattendue. L’étonnement vient surtout de l’absence d’un véritable épilogue, même si l’on peut deviner ce qu’il pourrait advenir pour les survivants, peut-être pour une suite…
Note : 15/20
Par Dante