
De : Roman Polanski
Avec Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner, Grégory Gadebois
Année : 2019
Pays : Angleterre, Pologne, France
Genre : Drame, Historique, Thriller
Résumé :
Pendant les
12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un
véritable séisme dans le monde entier.
Dans cet immense scandale, le plus grand sans doute de la fin du XIXème siècle,
se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est
racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du
contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred
Dreyfus avaient été fabriquées.
A partir de cet instant et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de
cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.
Avis :
Au milieu des nombreuses accusations sexuelles dont il fait l’objet, Roman Polanski a eu le temps de tourner un nouveau film. J’accuse revient évidemment sur l’affaire Dreyfus qui déchira la France pendant douze années à la fin du XIXème siècle. Louis Garrel joue le rôle d’Alfred Dreyfus tandis que Jean Dujardin incarne le colonel Georges Picquart.

Une reconstitution historique convaincante
J’accuse est une piqûre de rappel plutôt bien présentée. Roman Polanski, dans un souci de reconstitution, revient sur cette histoire politique immémoriale. L’affaire Dreyfus a enflammé la France et demeure un des plus grands scandales politiques que notre nation ait connu. Une injustice qui est encore racontée dans les livres d’histoire. Roman Polanski revient sur ce scandale avec beaucoup d’assiduité. Il cherche à raconter l’Histoire telle qu’elle est réellement, sans esbroufe, avec un réalisme et une volonté mémorielle. J’accuse a comme but premier de garder en mémoire tout ce pan de l’histoire française.
Le cinéaste a l’idée de prendre un point de vue inattendu. Le protagoniste n’est pas Alfred Dreyfus mais bien le colonel Picquart, qui va se rendre compte de l’arnaque. Il choisit de prendre le point de vue de ce colonel plutôt que celui de la victime. Avec ce procédé, le spectateur est au plus près des arnaques administratives et politiques de l’armée. C’est un film qui raconte le réveil d’un personnage, le réveil d’une conscience, celui de Picquart. Via cette approche, J’accuse a un point de vue inédit dans le cinéma.
Jean Dujardin est excellent dans son personnage. En contre-emploi total, il est d’un sérieux inébranlable et d’une retenue nouvelle. C’est la première fois que l’acteur est autant dans la sobriété. Prudent et sage, Dujardin dévoile une nouvelle facette de son visage et porte le film sur ses solides épaules. Avec ce rôle, l’acteur se détache de ses personnages comiques ou charismatiques pour revenir à une essence plus simple.
Malheureusement, J’accuse est parfois trop mécanique pour totalement convaincre. Biopic classique presque à l’Américaine, composé de quelques flashbacks, J’accuse ne révolutionne pas le genre. Reconstitution historique simple, le long métrage est l’incarnation du biopic par excellence. A cause de ce petit manque de personnalité et d’un rythme parfois trop lent, les 2h12 de métrage se font parfois ressentir. Et puis Emmanuelle Seigner joue affreusement mal.

Finalement, J’accuse est un film intéressant pour sa vocation historique. Une piqûre de rappel utile, voire pédagogique pour les plus jeunes. Il n’empêche que J’accuse manque parfois d’âme et de rythme.
Note : 14/20
Par Aubin